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Mot de passe oublié ?On savait le géant américain de la distribution en ligne Amazon dans le collimateur des autorités, d’ONG environnementales et de syndicats pour défaut de protection de ses salariés face à la pandémie du Covid-19, mais c’est sur un tout autre registre que le groupe vient de se faire épingler en France. Aujourd’hui, le tribunal de Nanterre a condamné l’e-commerçant à ne livrer désormais plus que des produits de première nécessité, à savoir produits alimentaires, de santé et d’hygiène. Le distributeur dispose de 24 heures pour mettre en œuvre cette décision judiciaire.
Les risques sanitaires dans les entrepôts. De plus, en réponse aux plaintes déposées notamment par les Amis de la terre et l’Union syndicale Sud Solidaires ainsi que par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) d'Île de France, le tribunal enjoint Amazon de procéder à une évaluation des risques sanitaires encourus par les personnels dans ses entrepôts. À défaut de se conformer à ces décisions de justice, le groupe devra verser une astreinte fixée à 1 million d’euros par jour. Plusieurs de ses employés ont été contaminés et certains hospitalisés ces dernières semaines. Selon les magistrats, Amazon a "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés" et devra donc restreindre ses activités de distribution à ce qui est autorisé pour tous les autres commerçants en France.
Livres et produits culturels exclus de la vente en ligne. Parmi les objets désormais exclus de la vente en ligne figurent bien sûr les produits à caractère culturel : livres, DVD, jeux vidéos… mais aussi matériels électroniques, vêtements, cosmétique... Et tout ce qui ne relève pas des produits dits « essentiels ». Depuis le début de la crise sanitaire, le secteur de la distribution de biens culturels, et notamment les libraires, tente de s'organiser pour faire face au géant de la vente en ligne alors que leur commerce n’étant pas considéré comme « essentiel », ils ont dû fermé leurs portes. Certains se sont mis à la vente en ligne, comme ce réseau de 14 libraires de Paris réunis sur le site librest.com. A noter aussi que dans le contexte actuel, la plupart des maisons d’éditions ont suspendu leurs parutions, la période ne s’avérant pas très propice au lancement de nouveaux titres sur le marché du livre.
Une aide d’urgence pour la culture. Déjà en difficulté, le réseau de libraires indépendants a tout à craindre de cette crise qui pourrait sonner le glas de nombre de librairies en France. Le 19 mars dernier, le ministre de l’économie Bruno Le Maire avait manifesté son souhait de venir en aide aux libraires en classant le livre au rang de produit de première nécessité, promesse sans lendemain. Quelques jours plus tôt, le ministre de la culture Franck Riester avait annoncé une « aide d’urgence » de 22 millions d’euros pour plusieurs secteurs culturels, dont 5 millions d’euros pour le livre. Cela suffira-t-il à maintenir les libraires à flot ?
Un réseau de 3 300 libraires en danger. Le vendredi 10 avril, le président du Syndicat de la librairie française Xavier Moni a appelé de ses vœux la création d’un fonds commun d’aide à la librairie, car même dans la perspective d’une réouverture après la période de déconfinement, il y a peu de chances pour que les 3 300 libraires que compte l’Hexagone retrouvent en fin d’année le chiffre d’affaires perdu pendant la crise. Xavier Moni redoute une vague de faillites, pas sûr que la limitation faite à Amazon ce jour survienne à temps pour sauver les meubles. D’autant que rien n’empêcherait sur le plan juridique, des livraisons en France depuis les plateformes d’Amazon dans des pays voisins. Reste enfin que pendant que les librairies gardent leurs rideaux baissés, d’autres acteurs continuent eux aussi de vendre des livres, les enseignes de la grande distribution généraliste en rayon, ou encore les chaines de distribution de produits culturels qui, privées de leurs points de vente, commercialisent massivement en ligne.