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Cafés, bars, restos, on remet ça !

par Pierre Magnetto
L’annonce de la réouverture des restaurants et des bistrots à compter du 2 juin était certes très attendue, mais les restrictions qui l’accompagnent ne rassurent pas vraiment tant elles réduisent la capacité d’accueil des établissements. ©Treviers_NAJA
L’annonce de la réouverture des restaurants et des bistrots à compter du 2 juin était certes très attendue, mais les restrictions qui l’accompagnent ne rassurent pas vraiment tant elles réduisent la capacité d’accueil des établissements. ©Treviers_NAJA
Style de vie Gastronomie Publié le 31/05/2020
C’est avec un certain soulagement que la filière des cafés, bars et restaurants a accueilli l’annonce de la réouverture de ses établissements à partir du 2 juin. Avec soulagement mais non sans inquiétude quant à la faculté d’un grand nombre d’entre eux de se relever après deux mois et demi d’inactivité.

Cela aurait pu être une explosion de joie chez les professionnels, mais ce n’est pas tout à fait le cas. L’annonce de la réouverture des restaurants et des bistrots à compter du 2 juin était certes très attendue, mais les restrictions qui l’accompagnent ne rassurent pas vraiment tant elles réduisent la capacité d’accueil des établissements. Si le secteur de la restauration redémarre, ce n’est pas sur des chapeaux de roues. Les tablées ne peuvent excéder 10 personnes, la distance minimale entre chaque table est fixée à un mètre, les consommations au bar sont interdites debout, le consommateur doit s'assoir sur un tabouret distancié d’un mètre d'un autre siège. Le personnel assurant le service doit porter un masque en salle et en cuisine, son port est obligatoire pour les clients au cours de leurs déplacements en salle. Pour les départements d’Île-de-France, encore classés en zone orange après le dévoilement de la dernière carte du déconfinement le jeudi 28 mai, les conditions sont encore plus drastiques. Les restaurateurs pourront accueillir leurs clients uniquement en terrasse, dans le respect des distances de sécurité. Il en sera ainsi pour au moins trois semaines a précisé Édouard Philippe après quoi, selon l’évolution de l’épidémie, de nouvelles mesures seront annoncées.

 

Des mesures nécessaires pesant sur la rentabilité. Après près de trois mois de fermeture et malgré les diverses aides mises en place pour le secteur (renforcement du fonds de solidarité, prolongement du chômage partiel), la situation de la plupart des restaurants est très difficile. Nombre de trésoreries sont à sec. Et même si le gouvernement réfléchit au lancement d’un fonds d’investissement pour aider les entreprises à repartir du bon pied, les conditions nécessaires à la réouverture vont peser sur la rentabilité de l’activité, notamment en raison de la réduction du nombre de couverts et du surcoût généré par la mise en œuvre du protocole sanitaire. Certains établissements seront inévitablement plus impactés que d’autres, notamment ceux dont les salles sont déjà exigües et qui ne possèdent pas de terrasse. A Paris, la maire Anne Hidalgo a fait savoir que les restaurateurs pourraient élargir la leur au-delà des limites réglementaires, et qu’ils pourront installer leurs tables sur les emplacements réservés au stationnement des véhicules en bordure de trottoir.

 

Les professionnels ne font pas la fine bouche. Pas d’explosion de joie donc, mais personne ne fait pas la fine bouche non plus. « C’est un grand soulagement pour nos professionnels (…), le secteur sort enfin la tête de l’eau », déclarait le 29 mai, dans une tribune parue dans la revue spécialisée Néo-restauration Roland Huéguy, président de l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie. « Cette réouverture quasi générale le 2 juin va permettre de redémarrer une activité économique et tenter de limiter la « casse économique » et la « casse sociale » », assurait-il. Car de la casse, il y en aura sûrement. Le collectif de restaurateurs, d’hôteliers, de bars, de brasseries, de discothèques… RestoEnsemble, constitué mi-mars, estime d’après une consultation faite auprès de professionnels de la filière que « 30% des établissements risquent de ne pas rouvrir ». « Tout le monde est concerné, de la crêperie au 3 étoiles », estime Philippe Etchebest, chef étoilé de La Table d’Hôtes à Bordeaux et membre du collectif. Bref, la réouverture des restaurants c’est bien, mais encore faut-il trouver des restaurants qui tiennent debout.

 

La clef, le retour du consommateur. Pour cela toutes les aides publiques ne suffiront pas, et la grande question est de savoir si les consommateurs sont prêts à retourner au restaurant. Une chose est sûre, sans le retour des clients, sans la confiance retrouvée, point de salut pour les restaurateurs. Plusieurs sondages émanant de sites spécialisés laissent entendre que plus de 80% des Français attendent la réouverture des cafés bars et restaurants avec impatience. Ils se disent pressés d’y retourner, mais ils se montreront très regardants sur la sécurité sanitaire. Nul ne saurait s’en étonner.

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