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Mot de passe oublié ?Les cousines Wasowska ont concentré leur travail sur la migration polonaise vers l’Amérique du Sud, ayant elle-mêmes de la famille en Argentine. La Polonaise Katarzyna Wasowska et sa cousine, qui vit à Paris, ont travaillé main dans la main à ce projet : « On ne sépare pas nos travaux. Parfois, l’une de nous dit : Je veux faire cette photo, l’une va la mettre en place, l’autre prendre la photo… c’est très difficile de différencier » explique Katarzyna Wasowska, seule à présenter la série exposés au Centquatre. Pour elle, la motivation s’est imposée avec la crise migratoire de 2015. « Ce n’est pas vraiment arrivé en Pologne. Il s’agissait plus d’une propagande, nous n’avons même pas accueillis de réfugiés » raconte-t-elle. « L'immigration est la plus grande partie de notre histoire, je me suis demandé comment il était possible que nous ayons une attitude si négative envers les migrations. J’ai alors commencé à enquêter. »
Des communautés recluses. Dans son enquête, la jeune femme découvre qu’environ 2 millions de descendants polonais vivent aujourd’hui au Brésil. « Ils ont beaucoup de communautés dans les villages. Ils y apprennent le polonais s’ils ne le connaissent pas, mais il existe encore des gens qui ne parlent que polonais et pas brésilien. » Ces communautés vivent recluses, très isolées. La photographe s'étonne : « Nous avons beaucoup souffert en Pologne avec l’occupation, les hivers si froids… Je pensais qu’en Amérique les Polonais seraient plus ouverts, plus avenants. »
Pour certaines photos, les cousines ont tenté de reproduire la vie des migrants à leur arrivée en Amérique du Sud, telle qu’elle leur était contée par les descendants. Elles ont appris qu’il y avait à l’époque d'énormes terriers de fourmis et que les familles polonaises, ne sachant que faire, se sont mises à prier devant. « Nous avons exposé dans un festival à Lodz. C’était intéressant parce que les gens connaissent l’histoire, le contexte, et beaucoup ne sont pas d’accord avec la politique d’immigration polonaise, commente-t-elle. Avec ces photos, ils se sont rendu compte que l’histoire leur était assez inconnue, ils ont trouvé ça surprenant. »
Les jeunes photographes ont voulu reproduire, par la scénographie de leurs images, les décorations des maisons polonaises. Les photos sont accrochées au mur, et penchées vers le public : « On a voulu donner ce côté maison. Cette façon d’accrocher est très Europe de l’Est » explique Katarzyna. « Chez eux, les gens ont un mur de photos, du plafond jusqu’à leur niveau, et on a découvert qu’ils le faisaient également au Brésil. » La ressemblance entre les deux cultures est bien plus proche que ne le pensaient les photographes, c’est en partie ce qu’elles voulaient montrer dans leur exposition. « On a ce stéréotype de ces personnes exotiques, et en fait on réalise qu’elles sont tout à fait comme nous. »
Le projet le plus récent de Katarzyna Wasowska se concentre sur les croyances paranormales des individus polonais, dans un pays si religieux. « C’était très surprenant. Tout le monde avait quelque chose à dire sur le sujet, malgré le catholicisme, dit-elle, « parce que d’un côté, c’est tabou si on en parle près d’une église, mais quand j’allais chez les gens, ils parlaient très amicalement. »