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Circulation(s) 2021 : Ex Materia, le nucléaire à fleur de peau

par Élisabeth Pan
Ex Materia ©Eleonora Strano
Ex Materia ©Eleonora Strano
Ex Materia ©Eleonora Strano
Ex Materia ©Eleonora Strano
Arts visuels Photographie Publié le 11/04/2021
Avec de nombreux prix à son actif, Eleonora Strano a exposé ses œuvres en France comme à l’étranger. Mais c’est du village de son enfance, au Sud-Est de la France, que la photographe dresse un portrait inquiétant avec Ex Materia.

Se questionnant sur le passé, Eleonora Strano est retournée dans les Alpes-Maritimes où elle a grandi. « Le nuage de Tchernobyl est tombé où je suis née » commente l’artiste. « J’y suis retournée avec des questions : Est-ce qu’il est encore là ou pas ? Est-ce qu’on peut le voir ? ». Préférant le GFX (objectif Fujifilm) et les filtres à la post-production, la photographe a cherché à faire ressortir les contrastes, une manière pour elle de représenter cette menace invisible. « Les contrastes sont forts, les noirs assez charbonnés et ça renforce les blancs. Grâce à un petit filtre qu’on met sur l’objectif. Ça difracte un peu la lumière » explique-t-elle. « L’idée c’est que la radioactivité sur les images GFX apparait souvent en taches blanches, j’ai donc voulu jouer sur du noir et du blanc. »

Au bord de la rivière, des gens se baignent. Leur peau est couverte des éclaboussures d’eau, transformées en paillettes. Ce symbolisme représente pour la photographe les dégâts que le nuage a laissés derrière lui, invisibles à l’œil nu mais présents. « Le nuage est tombé, donc il y a sûrement des impacts, mais on ne saura jamais vraiment. » En effet, comparer le taux de radioactivité serait peu concluant, l’Europe ne connait pas d’endroit où il n’y en aurait pas. La photographe confie cependant qu’il y a eu beaucoup de cas de cancer. « Ce n’est pas un hasard, à mon avis. »

En photographiant les gens dans leur quotidien, qu’il s’agisse d’un homme observant le problème d’une source d’eau ou de jeunes majorettes défilant pour le 15 août, Eleonora Strano donne au public l’impression d’infiltrer leur intimité. Les personnes sur les photos de la série Ex Materia semblent vivre dans l’insouciance tandis que l’observateur voit la catastrophe qui les entoure.

Cette menace constante contraste avec l’atmosphère poétique de la nature. « C’est ce que j’aime bien, les animaux, les humains, les minéraux et les végétaux qui sont comme une partie de la même chose, qui sont en harmonie… comme un ballet, en fait. » Cette danse organique transmet une énergie positive, qui semble dépasser celle de la radioactivité. Les émotions dont chaque être est chargé transcendent à-travers les photos, communiquant une force invisible malgré le danger. « C’est une grande zone de biodiversité, elle contraste avec la menace du nucléaire qui peut tout détruire en une seconde. » poursuit l'artiste. « Il y a une atmosphère qui plane, un peu de tension. »

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