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A Bratislava, les portraits de Jindrich Streit racontent la Tchécoslovaquie

par Véronique Giraud
Arts visuels Photographie Publié le 29/08/2018
Les années qui ont suivi le communisme en Tchécoslovaquie auraient pu s'effacer sous les discours et les réécritures. C'était sans compter avec la quête obstinée du photographe Jindrich Streit qui a parcouru les pays dans les années 70 pour saisir le quotidien des populations et l'ironie d'une histoire parfois tragique. Une exposition de quelques-uns de ses clichés était à voir à Bratislava, capitale de la Slovaquie depuis 1993.

L’été à Bratislava, la place Hviezdoslavo (Hviezdoslavovo námestie) est un lieu de rendez-vous privilégié des habitants et des touristes. S’étirant longuement dans le prolongement du Théâtre National de Slovaquie, elle est appréciée pour sa fontaine et son long bassin à l’eau turquoise, pour ses espaces verts et ses allées bordées d’arbres offrant leur ombre bienfaisante, pour ses terrasses de cafés et de restaurants installés au rez-de-chaussée de beaux immeubles emblématiques de l’Art nouveau.

En cet été 2018, son centre pavé est en grande partie occupé par une exposition de photographies en plein air. En suspens, les grands tirages en noir et blanc de Jindrich Streit attirent l’attention des passants. C'est que l'auteur de ces clichés est très connu en Europe centrale. Considéré davantage comme un chroniqueur que comme un reporter, Jindrich Streit a photographié dans les années 70 de manière systématique la région de Bruntàl, un des témoignages les plus personnels, les profonds du visage de la Tchécoslovaquie et du quotidien tchécoslovaque sous le communisme. Rares sont ceux qui ont pu saisir la vie des villages sous la collectivisation, dans ce monde des Sudètes où les habitants d’origine ont été remplacés par des familles venues des quatre coins du pays, comme la sienne que les autorités communistes y ont envoyé dans le cadre du « repeuplement ». Avec autant d’humanité chaleureuse envers ces déracinés que d’ironie face aux mises en scène historiques, Jindrich Streit a collecté mille et un morceaux d’une histoire, chaque photo étant aussi un symbole et une métaphore.

 

Biographie : Jindrich Streit est né Né en 1946 à Vsetin en Moravie. En 1956, sa famille est contrainte de partir vivre dans un village des montagnes Jeseniky. Il complète ses études en éducation par une formation en art visuel à l'université Palacky d'Olomouc dont il sort diplômé. En 1967, il enseigne puis dirige une école primaire. Il enseigne par la suite  la photographie et dirigé deux galeries, à Sovinec puis à Bruntàl. De 1974 à 1977, il étudie à l'université de photographie d'art de Brno. Dans les premières années, sa photographie documente essentiellement et abondamment la vie rurale, avec un focus sur la communauté gypsy. Dès 1967, il a sa première exposition personnelle. Depuis 1981, il collabore avec les artistes d'avant-garde de Prague, Brno, Bratislava et d'autres centres culturels de la République tchèque. En 1982? il est le seul photographe à participer à une exposition non officielle d'art alternatif, qui eut lieu dans le stade de Prague. Ses clichés ont suscité l'intérêt de la police secrète et il sera condamné à 10 mois de prison, sentence transformée en deux ans d'emprisonnement. À sa sortie, il fut interdit d'enseigner. Il travailla dans une librairie, mais à sa fermeture il fut obligé d'accepter un emploi dans l'agriculture, sans abandonner complètement ses activités artistiques. Lors de la révolution de velours de 1989, il fut réhabilité et obtient plusieurs postes d'enseignant en photographie dans des universités. Depuis 1992, il travaille à des projets documentaires dans toute l'Europe, au Brésil, Japon, Chine, Russie. Et en République tchèque.

 

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