espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Portrait > Le Théâtre des Treize vents, prêt à « Repartir »

Le Théâtre des Treize vents, prêt à « Repartir »

par Véronique Giraud
Olivier Saccomano et Nathalie Garraud, les nouveaux directeurs du Théâtre des treize vents, CDN de Montpellier. DR
Olivier Saccomano et Nathalie Garraud, les nouveaux directeurs du Théâtre des treize vents, CDN de Montpellier. DR
Arts vivants Théâtre Publié le 29/09/2018
Le Théâtre des Treize vents, centre dramatique national de Montpellier, a retrouvé son nom avec l'arrivée du duo Nathalie Garraud et Olivier Saccomano. La metteure en scène et l'auteur affichent un programme ambitieux et collaboratif pour la saison 2018-2019.

La page est tournée pour le Centre dramatique national  (CDN) de Montpellier. HtH (Humain trop Humain) reprend le nom originel de Théâtre des Treize vents. « Pour nous, Humain trop Humain était un geste d’écriture de Rodrigo Garcia quand il dirigeait le centre dramatique national, on pense qu’il lui appartient. Il est difficile de s’y associer, ce n’est pas notre écriture. Notre geste d’écriture est dans ce qu’on va faire et dans ce qu’on écrit, mais ne porte pas sur le nom du théâtre » s’expriment de concert Nathalie Garraud et Olivier Saccomano lors de la présentation de leur première saison à la tête du lieu. La metteure en scène et l’auteur travaillent ensemble depuis longtemps. Originaires du nord, ils ont créé en 2006 leur troupe itinérante Zieu, basée à Fère-en-Tardenois (Aisne).

Sédentarisé à Montpellier, le duo n’abandonne pas pour autant ses fondamentaux : la troupe et l’itinérance. Quatre des comédiens fidèles au long cours ont accepté de suivre pour quatre ans, pour jouer bien sûr mais surtout contribuer quotidiennement à faire vivre le lieu en tissant un lien fort du théâtre avec la population, les écoles et les artistes de la région. Le projet porté par l’équipe pour le CDN comporte deux pans indissociables : le programme, visible et partageable immédiatement entre artistes et public et ce que l’équipe a appelé « la fabrique » (résidences d’artistes, ateliers dans les établissements scolaires), construit en souterrain et articulé entre le territoire et les artistes invités venus d’ailleurs.

 

Allers retours entre artistes et public. Le programme est une succession de rendez-vous mensuels, avec comme point d'orgue l'invitation d’une équipe d’artistes. L'invitation prend ici une dimension particulière puisque chaque artiste vient non seulement présenter une œuvre mais s'engage également à conduire des activités et des rencontres à l’intérieur du théâtre et à l’extérieur. Ils sont six artistes associés, certains sont des camarades de longue date de la troupe, Emma Dante, qui viendra de Palerme et le collectif Zoukak de Beyrouth. L’auteur et acteur Dieudonné Niangouna viendra lui en novembre. Sont également associés la compagnie montpelliéraine Marie Lamachère, la chorégraphe Mylène Benoît, et le chercheur et enseignant Olivier Neveux, auteur de l’ouvrage « Politiques du spectateur ».

Un samedi par mois, le public est invité à passer une journée au théâtre. « Au cours de la journée Qui vive, on propose aux artistes invités et aux artistes qui travaillent dans le lieu, en résidence ou en studio libre, de travailler ensemble à un impromptu proposant aux spectateurs une sorte de traversée avec eux entre différentes formes. De la projection d’un film, à la présentation d’œuvres du FRAC dans le théâtre, une lecture d’un texte inédit, une proposition en réaction à l’actualité, ou une petite forme d’un autre artiste » développe Nathalie Garraud. Après un séminaire du chercheur Olivier Neveux, la journée s'étendra de 17h à 1h du matin, avec un repas partagé et un concert. Un autre rendez-vous régulier est celui de Poésie ! Chaque mois, un poète sera invité à venir lire un ou plusieurs de ses textes, en présence d’un performeur, et dans différents lieux de la ville : la maison de la poésie, le centre d’art La Panacée, la salle de boxe Jacques Brel, des maisons pour tous. Edith Azam ouvrira le cycle Poésie ! le octobre pour une scène ouverte à la maison pour tous Frédéric Chopin.

 

« Repartir » en octobre. A chaque saison, il y aura deux pièces itinérantes, l’une tout public et tout terrain, l’autre pour les établissements scolaires. Cette année, les deux pièces seront des reprises de la troupe. Les scolaires verront Ceux qui grondent, adaptation d’un texte d’Enzo Norman et mise en scène par Nathalie Garraud. La pièce t"out terrain" rappellera aux habitués du Festival d’Avignon que le duo Garraud/Saccomano avait été choisi en 2014 pour inaugurer la « décentralisation des trois kilomètres », prônée par Olivier Py pour Avignon. Quand on leur a confié la tâche d’imaginer un spectacle qui serait joué dans différents quartiers de la cité papale, Shakespeare s’est imposé avec son Othello. Réécrite par Olivier Saccomano, la pièce a été conçue pour être itinérante et pour être jouée avec trois acteurs et un « cercle de spectateurs ». Othello, variation pour trois acteurs repartira donc en ouverture de cette première saison, cette fois en destination des maisons pour tous et autres associations de Montpellier et ses alentours. Une façon pour la troupe de se présenter à la population, d’exprimer son envie d’aller à la rencontre du public autant que de le faire venir au théâtre de Grammont.

Cette pièce est l’unique traversée d’un texte classique du duo d'auteur et metteure en scène. « Elle est inscrite dans un cycle de recherche qui s’appelait Spectres de l’Europe, dont l’enjeu pour nous était l’écriture d’une pièce originale qui s’appelle Soudain la nuit, créée au Festival d’Avignon, explique Nathalie. Othello était une pièce d’étude, une manière d’arracher à la tradition quelque chose qui pouvait être encore actif ». Et Oliver Saccomano d'expliquer le choix de l’œuvre de Shakespeare : « Très connue pour être une pièce sur la jalousie, Shakespeare avait décidé de la placer à Venise qui, à son époque, était le symbole de la ville du marché, la plus grande puissance marchande d’Europe grâce à ses importations du poivre et de la soie depuis l’Inde, et, non pas une monarchie mais une République. Avec l’art du commerce, vient aussi un art de gouverner par l’opinion. C’est une chose très intéressante parce que les gens comme les marchandises peuvent être portés au sommet puis dévalués, et la pièce est une vaste démonstration sur le pouvoir de quelqu’un de discréditer une personne aux yeux de quelqu’un. Autre intérêt de la pièce c’est qu’Othello est un arabe à Venise. C’est un général à qui Venise confie la défense de ses intérêts contre Chypre, mais il est aussi l’étranger ».

 

 

 

Partager sur
Fermer