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Cécile Provôt : « CircusNext défend la recherche d’une démarche singulière »

par Véronique Giraud
Cécile Provôt, directrcie de la plateforme européenne  CircusNext qui promeut et accompagne l'artiste de cirque en tant qu'auteur, et encourage le développement de nouvelles écritures contemporaines circassiennes. © Milan Szypura
Cécile Provôt, directrcie de la plateforme européenne CircusNext qui promeut et accompagne l'artiste de cirque en tant qu'auteur, et encourage le développement de nouvelles écritures contemporaines circassiennes. © Milan Szypura
Arts vivants Cirque Publié le 17/10/2018
Donner une définition du cirque contemporain est une gageure. À l’instar de tous les arts vivants, la discipline artistique est en pleine mutation. Indéniablement un signe de bonne santé, comme en témoigne la plateforme CircusNext Europe, qui porte à l’échelle européenne le modèle du cirque d’auteur. Échange avec Cécile Provôt, sa directrice.

Comment est né CircusNext ?

En 2011, l’association Jeunes Talents cirque Europe, créée à l'occasion de l'Année du cirque en 2002, a décidé d’adopter un nom plus anglophone pour développer le projet d’une plateforme européenne d’auteurs de cirque. Je suis arrivée en 2012 à la direction de l’association dont le projet était déjà soutenu par plusieurs fonds européens et une myriade de partenaires engagés officiellement à ses côtés. Le projet évolue et, aux côtés de nos partenaires, les professionnels (lieux de production, de création, festivals) sont invités pour leur regard bienveillant à l’égard de travaux émergents, non aboutis, et leur capacité à imaginer les accompagner par la suite. Ensuite, l'accompagnement de CircusNext se concrétise désormais par l’accueil en résidence de chaque artiste lauréat.

 

Quelle est la définition du cirque pour CircusNext ?

Nous nous sommes amusés avec neuf partenaires européens à répondre par écrit à la question. C’était intéressant parce que personne n’a eu la même définition. Là où nous nous retrouvons c’est dans la notion d’auteur, un peu comme ça l’est pour le cinéma. Ce que nous défendons c’est la recherche d’une démarche et d’une écriture singulières, d’une grammaire circassienne nouvelle. C’est vraiment le pari du jury de CircusNext.

 

Le cirque fait sa mue dans différents pays du monde…

La France reste pionnière dans la reconnaissance du cirque contemporain en tant que discipline artistique à part entière, et à travers la formation. Il existe trois écoles supérieures en France. Elle est pionnière aussi dans la notion d’auteur de cirque, dans les labels. Elle mène une vraie politique culturelle, qui n’existe pas partout. Il y a encore des pays où le cirque se résume au cirque traditionnel. Même si cela évolue, dans l’imaginaire collectif, le cirque c’est « les éléphants, les paillettes ». Même en France. Peu de gens ont conscience de ce qu’est devenu le cirque. Et dans beaucoup de pays c’est encore plus dur pour les auteurs d’en vivre, et même de créer.

 

Que sont devenus les lauréats CircusNext depuis 17 ans ?

Nous avons des traces fortes. Avec des compagnies comme Baro D'Evel et Ludor Citrick, lauréats 2002. Il y a aussi la compagnie Un loup pour l’homme - Alexandre Frey fait d'ailleurs partie du conseil d’administration de CircusNext -, Les Choses de rien, Subliminati Corporation, Sandrine Juglair… Nous avons tenté de créer un sentiment de communauté, d’appartenance. Et faire la sélection des lauréats tous ensemble pendant une semaine crée des liens.

 

Le cirque comme art contemporain est-il une pratique solitaire ?

Le cirque est tout sauf un art solitaire. Il y a de nombreux collectifs de co-auteurs. En cirque, les auteurs sont généralement interprètes eux-mêmes, ils restent touche à tout, dans l’esprit du cirque traditionnel : un artiste sait par exemple monter son agrès, et la communauté d’esprit, d’entraide persiste.

 

Les créations semblent assez noires…

Cela dépend des promotions, cette année un peu en effet. En 2013-2014, c’était très sombre, avec beaucoup de lenteur du geste, de répétition. En 2015-2016, beaucoup moins. Cela dépend des temps, des modes aussi.

 

Comment agit le comité de sélection ?

Cette année, quelque chose de nouveau a été entrepris car sur le projet plateforme nous sommes beaucoup plus nombreux, avec une vingtaine de partenaires européens. La présélection se fait sur dossier, elle mobilise un représentant de chaque partenaire et un jury de personnalités extérieures, des artistes essentiellement. Ils délibèrent ensemble avec l’anglais comme langue de travail. Les partenaires déterminent les shortlistés qui ensuite présentent une petite maquette de leur création devant le seul jury de personnalités artistiques. C’est ce jury qui sélectionne les six lauréats que CircusNext présente au Théâtre de la Cité Internationale.

 

Et CircusNext ?

Ce qui est particulier au projet CircusNext, c’est que, nous qui pilotons ce projet, nous ne sommes pas dans un rapport marchand. Certes nous présentons les lauréats mais nous ne les choisissons pas, nous ne faisons pas partie du jury, et nous nous engageons à tous les accompagner de manière équitable. Nous ne sommes pas là pour les vendre à un lieu, je garde donc une liberté de parole vis-à-vis d’un directeur de salle, je peux émettre des critiques. Pour ce qui concerne les artistes, nous les accompagnons, nous les invitons en résidence, nous les mettons en connexion avec nos partenaires européens et avec notre réseau, qui est très important, tout est pris en charge. Mais c’est à eux seuls de défendre leur création.

 

Quels sont les retours des artistes ?

Être lauréat a changé leur vie. C’est un tremplin énorme. Ça peut être aussi très casse gueule. Le jury est assez attentif à ça. Quand on doit présenter un travail au TCI devant une centaine de professionnels, on essaye de ne pas y envoyer des gens qui ne sont pas prêts, ce serait les desservir.

 

Combien de candidatures recevez-vous ?

Cela fluctue selon les années entre 110 et 150 candidatures. Elles viennent de pays de plus en plus nombreux. Avec notre réseau européen, nous avons de bons relais dans les treize pays partenaires. Cela donne une plus grande diversité même si la France reste prédominante. La Belgique aussi. Mais cette année, nous avons une belle diversité dans les nationalités et les pays d’accueil des résidences.

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