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Le premier dessin, de plus en plus ancien

par Véronique Giraud
Certaines fresques observées dans plusieurs grottes de Bornéo, ici des mains, sont recouvertes d’une calcite qui serait âgée de 40 000 à 52 000 ans, ce qui en ferait les œuvres les plus anciennes jamais datées. DR
Certaines fresques observées dans plusieurs grottes de Bornéo, ici des mains, sont recouvertes d’une calcite qui serait âgée de 40 000 à 52 000 ans, ce qui en ferait les œuvres les plus anciennes jamais datées. DR
Cette peinture rupestre représentant un animal a été découverte en 1994 dans une grotte située à l'est de l'île de Bornéo. Elle daterait de plus de 40 000 ans avant notre ère. DR
Cette peinture rupestre représentant un animal a été découverte en 1994 dans une grotte située à l'est de l'île de Bornéo. Elle daterait de plus de 40 000 ans avant notre ère. DR
Hors-Champs Société Publié le 09/11/2018
L’équipe de Maxime Aubert, paléontologue québécois, et expert en biochimie et archéologie, a découvert à l’est de l’île de Bornéo, en Indonésie, des peintures rupestres qui dateraient d’au moins 40 000 ans, peut-être même de 52 000 ans. La méthode de datation uranium-thorium leur donne le statut d’œuvres rupestres les plus anciennes qu’on ait observé.

Alors que l’art préhistorique nippon (époque Jômon) expose actuellement à la Maison du Japon ses chefs d’œuvre de -11 000 à -400 ans, une découverte vient une fois encore bouleverser l’idée de l’antériorité du dessin de l’homme. Il s’agit d’une peinture rupestre représentant un animal, peut-être un bœuf sauvage de l’Asie du Sud-Est aujourd’hui disparu, et d’empreintes de mains. Ces représentations figuratives ont été mises au jour en 1994 (six mois avant la découverte de la grotte Chauvet en France), dans les cavernes de l'est de l’île de Bornéo, une région hostile, hérissée de pitons rocheux qu’il faut franchir et vierge de rivières navigables. Les fresques sont l’objet de l’étude de datation dirigée par le paléontologue, enseignant à l'Université Griffiths en Australie. L’étude que Maxime Aubert a publiée le 7 novembre dans la revue Nature, repousse l'art rupestre en Océanie à plus de 40 000 ans, longtemps avant l’art rupestre de France ou d’Espagne. Les fresques trouvées dans la grotte Chauvet remonteraient à 35 000 ans, celles de la grotte espagnole du Castillo à 40 000 ans.

Pour établir cette datation, l’équipe de cet expert en biochimie et archéologie a utilisé une technique qui consiste à mesurer, lorsque cela est possible, les taux d’uranium et de thorium qui se désintègrent dans des croûtes de calcite (un composé chimique, également appelé carbonate de calcium, qui est déposé par les infiltrations d’eau) accumulées au-dessus des peintures rupestres.

En 2014, l'équipe du paléontologue québécois avait retrouvé dans l'île des Célèbes (Sulawesi) des mains imprimées voilà 39 000 ans, ainsi que des dessins d'animaux datant de 35 400 ans, contemporains des gravures rupestres de la première phase d’occupation de la grotte Chauvet.

À Bornéo, ont été aussi mis au jour des dessins de mains superposées avec des signes distinctifs et des liens les reliant, évoquant un arbre généalogique. D'autres dessins plus récents, datant au plus tard de 8000 ans avant Jésus-Christ, semblent aussi témoigner de l'évolution de l'art préhistorique de la région. Cette évolution est similaire à celle de l'art rupestre européen, ce qui signifie qu'une même évolution artistique serait survenue aux deux extrêmes de l'Eurasie. « Il est extraordinaire de penser que l'art rupestre a évolué de manière similaire aux deux extrémités de l'Eurasie », confie Maxime Aubert à La Presse depuis Jakarta, où il poursuit ses fouilles.

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