espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > « La Réunification des deux Corées », retour de Singapour

« La Réunification des deux Corées », retour de Singapour

par Véronique Giraud
Le metteur en scène Jacques Vincey a adapté
Le metteur en scène Jacques Vincey a adapté "La Réunification des deux Corées", pièce que Joel Pommerat a créée en 2012. Le directeur du CDN de Tours l'a transposée à Singapour, avec les magnifiques comédiens du TheatreWorks, et dans une traduction en anglais assurée par Marc Goldberg. © Christophe Raynaud de Lage
La scène du mariage de
La scène du mariage de "La réunification des deux Corées", transposée avec les comédiens de Singapour. © Christophe Raynaud de Lage
L'une des scènes de
L'une des scènes de "La réunification des deux Corées", adaptée par Jacques Vincey, actuellement sur la scène du théâtre Olympia de Tours. © Christophe Raynaud de Lage
Arts vivants Théâtre Publié le 23/11/2018
"La réunification des deux Corées" de Joël Pommerat parle d'amour en vingt tableaux  Rien à voir avec la Corée, bien sûr. Le metteur en scène Jacques Vincey la monte dans son théâtre de Tours avec les comédiens de Singapour avec qui il l'a créée en anglais. Une heureuse redécouverte !

Vingt petites histoires d’amour. Pas de décor, juste des lumières et du son pour parler de l’amour. Enfin, de son absence, des vains stratagèmes pour le raviver, de la part de soi livrée à l’autre, de ses faux semblants, de ses vraies souffrances, entre mensonge et non dit… Autant de moments de crispation traduits par des dialogues de sourds, ou de malentendants, tour à tour désopilants et dramatiques, pour dire l’immensité que l’humanité nomme amour. Ces mots, qui composent La Réunification des deux Corées, Joël Pommerat les a forgés d’abord en lui, puis avec les comédiens de sa compagnie Louis Brouillard. Jacques Vincey les a repris pour les faire voyager à Singapour.

Avec lui, la pièce a fait un long voyage. À travers les langues, du français à l’anglais avec la traduction sur mesure de Marc Goldberg. À travers les cultures, de France à l'île de Singapour. Et d’un système théâtral à un autre, du privé au public. Sur la scène du théâtre Olympia, CDN de Tours, les neuf comédiens jouent sur une estrade surélevée, semblable à un ring, puis reviennent s'habiller et s'assoir à l'arrière, devenant alors spectateurs. Leurs visages et leurs corps invitent aussi au va et vient du voyage. On ne peut en effet s’empêcher d’imaginer, à travers leurs traits représentatifs de la mixité asiatique de la population de Singapour, comment sont reçus ailleurs ces mots pour dire l’amour, ces scènes évoquant l’immense malaise des sociétés à l’égard d'un sujet commun à toute l’humanité. C’est sans aucun doute un magnifique hommage rendu à la puissance d’une dramaturgie et à la capacité du théâtre à traverser les frontières, toutes les frontières et pourquoi pas à réunir les deux Corées.

 

La pièce avait été initialement choisie par le directeur du CDN de Tours pour répondre à la proposition de l’Institut Français d’animer un workshop avec les acteurs de la compagnie Theaterworks. Le metteur en scène explique son choix « parce que Joël Pommerat est un auteur contemporain majeur, parce que le texte traite du sujet le plus universel, l’amour ». Fort de son expérience, rare, Jacques Vincey a décidé de créer la pièce et l’a présentée sur l’une des scènes privées de Singapour après trois mois d'un travail complexe avec comédiens, costumière, scénographe et musicien. Dans ce petit pays, peuplé de seulement 7 millions d’habitants mais très cosmopolite, la langue de Pommerat a résonné différemment. Traduite en anglais, la langue commune aux Malais, Chinois, Indiens qui composent Singapour, elle a été interdite aux moins de 16 ans par les autorités. Très connue à Singapour où elle joue autant dans les théâtres qu’à la télévision et au cinéma, Zelda est très étonnée du silence poli du public français. Loin des rires tonitruants et autres manifestations bruyantes coutumiers à Singapour, le public de Tours regarde et écoute avec attention le jeu des comédiens. Mais quand le spectacle est fini, les salves d’applaudissements et les sifflements admiratifs rompent le silence.

C’est la première fois qu’une pièce de Pommerat est adaptée à l’étranger. Lui qui dit avoir souffert de la sacralisation des textes classiques a facilement donné son accord à Jacques Vincey. Elle fait son apparition en France au théâtre Olympia, CDN de Tours, où elle est jouée du 19 au 24 novembre, puis occupera la scène de la MC93 de Bobigny pour trois représentations, du 28 novembre au 1er décembre.

Partager sur
Fermer