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Années 80, décennie charnière pour le cinéma français

par Pierre Magnetto
Anne Marrast, programmatrice au Forum des images. DR
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Anne Marrast, programmatrice au Forum des images. DR .
France années 80 - Le cinéma français soigne son look
France années 80 - Le cinéma français soigne son look
Cinéma Film Publié le 29/01/2019
Le Forum des images propose jusqu’au 28 février une rétrospective sur le cinéma français des années 80. Une décennie charnière entre une génération de réalisateurs issus de la nouvelle vague et désormais érigés en maîtres du 7e art et des petits nouveaux, Beineix, Carax, Besson… dont le travail porteur de nouveautés parfois controversées sera qualifié par la critique de l’époque de « cinéma du look ».

« Bouillonnante », « foisonnante », c’est ainsi qu’Anne Marrast qualifie la production cinématographique française des années 80. Programmatrice au Forum des images à Paris, elle a piloté l’organisation de France années 80 - Le cinéma français soigne son look, une rétrospective présentée jusqu’au 28 février. Une soixantaine de films pour une programmation très éclectique, illustrant une sorte de passation de pouvoir entre les « anciens » réalisateurs, ceux de la nouvelle vague toujours très prolixes, et « les jeunes trublions » qui émergent alors avec une esthétique nouvelle, bousculant les codes en s’inspirant des univers de la publicité et du vidéo-clip, eux aussi en pleine effervescence à cette époque. Si le Forum a choisi cette thématique, c’est d’abord « parce que cette décennie a le vent en poupe aujourd’hui, dans le domaine musical, dans l’habillement, dans les séries avec notamment Strangers things dont le succès montre que les gens prennent un grand plaisir à se retrouver dans les années d’avant, quand il y avait encore des cabines téléphoniques et que les téléphones portables n’existaient pas. S’il y a vraiment un retour de ces années-là, pourquoi ne pas s’y plonger nous aussi ? ».

Du père Noël est une ordure au Grand bleu en passant par Le dernier métro. L’éclectisme repose tout autant sur la diversité des réalisateurs dont les oeuvres sont projetées, que sur les genres cinématographiques abordés : la comédie, la comédie musicale, le polar, le drame, la science fiction, le western… Le défi n’était peut-être pas facile à relever. Comment faire cohabiter deux génération de réalisateurs ? Claude Chabrol réalise Le masque ; François Truffaut et Jacques Demy raflent chacun une dizaine de Césars avec Le dernier métro et Une chambre en ville. Mais les « petits nouveaux » de l’époque font aussi leur apparition : Luc Besson, Jean-Jacques Beineix, Leos Carax...  Etudier leurs premiers films, voir comment leur style a évolué, c’est une des pistes de ce programme. « Dans ses deux premiers films Carax propose des univers très différents. Le premier, Boy meets a girl est en noir et blanc, très influencé par la nouvelle vague tandis que Mauvais sang est beaucoup plus ancré dans son époque avec une recherche picturale beaucoup plus mature. Dans La lune dans le caniveau, Jean-Jacques Beineix se réfère explicitement au réalisme poétique et à Quai des brumes sorti à la fin des années 30, alors qu’il change complétement de registre avec 37°2 le matin. Cela montre aussi comment les époques peuvent se répondre. »

Le cinéma du look. Au contact de ces jeunes réalisateurs et de leurs films, la critique parle alors de cinéma du look, considérant qu’ils font « un cinéma très soucieux d’esthétisme, avec des styles visuels peu communs pour l’époque, une esthétique davantage inspirée par la publicité que par le cinéma. Par exemple Etienne Chatilliez qui obtient en 1988 quatre Césars avec La vie est un long fleuve tranquille, était auparavant réalisateur de films publicitaires », rappelle la programmatrice. Aujourd’hui, le terme de cinéma du look est passé dans le langage courant, mais, souligne-t-elle, « il avait une connotation assez critique à l’époque, avec une dimension superficielle que nous avons aussi cherché à questionner en réunissant ces films. Certains films estampillés cinéma du look sont devenus culte, d’autres n’ont pas tenu la rampe, et font un peu rire avec des tenues vestimentaires et des coiffures improbables tels les cheveux peroxydés de Christophe Lambert dans Subway. » Et c’est sans doute ici que cette programmation fait sens. Les années 80 vues comme une décennie charnière entre des réalisateurs poursuivant leur trajectoire de maîtres incontestés du 7e art et une nouvelle génération explorant tous azimuts de nouveaux territoires du son, de la musique et de l‘image.

 

Les cours du Forum : durant la rétrospective, le Forum des images propose tous les vendredi à 18h30 des cours ouverts au public en entrée libre  : 1er février Le cinéma français en crise, 8 février Culture clip et cinéma : cette mauvaise réputation, 15 février L’être et le néon (plein feux sur les actrices et acteurs ayant émergé dans les années 80), 22 février Le cinéma français en tous genres.

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