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L’art culinaire s’invite au musée

par Véronique Giraud
L'exposition CookBook invite les artistes et les chefs cuisiniers à revisiter leur médium. Du au à La Panacée, centre contemporain de Montpellier. DR
L'exposition CookBook invite les artistes et les chefs cuisiniers à revisiter leur médium. Du au à La Panacée, centre contemporain de Montpellier. DR
Style de vie Gastronomie Publié le 10/04/2019
La gastronomie, déjà reconnue comme patrimoine culturel par l'UNESCO, s'invite au musée. Depuis l'initiative du Palais des Beaux-Arts de Lille avec le chef Alain Passard, les rencontres se multiplient dans un dialogue gourmand.

Lille a donné le ton en invitant en 2017 le cuisinier « légumier » Alain Passard à dialoguer avec les œuvres de son Palais des Beaux-Arts nouvellement restauré. La proposition du chef triplement étoilé du restaurant l’Arpège à Paris fut généreuse, dévoilant ses propres créations plastiques que lui inspirent l'invention de ses recettes, au côté de celles d’artistes qu’il avait choisis. En Normandie aussi, les chefs investissent les musées en y installant leur piano pour cuisiner devant le public des mets inspirés par les œuvres exposées. Les Beaux-Arts culinaires, initiative de la plateforme Flying Chef, a mobilisé en 2018 cinquante chefs dans neuf musées normands.

 

Gastronomie et beaux-arts. En 2019, la Métropole Marseille Provence a choisi de porter haut les couleurs de la gastronomie de ce territoire de la Méditerranée. De mars et décembre, ateliers, rencontres et événements répandront les parfums d'une nouvelle génération de cuisiniers bien décidés à défendre leur patrimoine en exprimant leur créativité. Parrain de la manifestation MPG2019, Gérald Passedat a acquis sa renommée d'excellence au Petit Nice pour lequel il a obtenu trois étoiles et est à la tête de deux autres établissements installés au sein même du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) depuis son ouverture. Emboîtant le pas au chef marseillais, le musée de la Fondation Regards de Provence accueille, le temps de MPG2019, deux expositions d’envergure qui traitent précisément de la cuisine, du repas, du cuisinier, du restaurant, comme sources d’inspiration des artistes des XIXe, XXe et XXIe siècle. Deux expositions qu'Yves Pinard aurait sans doute apprécié. Lui qui avait terminé sa longue carrière comme premier chef du restaurant Le Grand Louvre installé en 1989 sous la pyramide de Pei et qui a su exprimer sa passion pour l’histoire, a collaboré à plusieurs ouvrages, dont Cuisine et peinture au musée du Louvre (2004) et Cuisine et peinture au musée d’Orsay (2007), coécrits avec Séverine Quoniam. De leurs échanges au musée, l’historienne de l’art et le cuisinier ont respectivement produit les commentaires et anecdotes entourant de nombreuses œuvres et des dizaines de recettes inspirées de tableaux.

 

L’art culinaire a son musée. Le musée a été aménagé en 1966 à Villeneuve-Loubet dans la maison natale d’Auguste Escoffier (1846-1935), sur l'initiative d'un de ses anciens commis de cuisine, Joseph Donon. Considéré comme le père de la cuisine moderne, Auguste Escoffier a formé plus de deux mille cuisiniers et, avec César Ritz, qui dirigea les plus grands hôtels du XIXe siècle, il créa les bases de l’hôtellerie de luxe. Les dix salles de la maison conservent les souvenirs et objets personnels du maître, des objets et ustensiles de l’époque, une collection de plus de 3000 menus, et une importante bibliothèque d’ouvrages traitant de la gastronomie. Dans une salle dédiée à l’art du pâtissier, le visiteur déguste avec les yeux des sculptures en sucre, pastillage et chocolat aux effluves gourmandes. En 2011, une exposition intitulée La cerise sur le gâteau a été réalisée au musée avec le concours de l’association des pâtissiers de restaurants de la Côte d’Azur. Elle a permis d’y admirer des pièces en chocolat et des pâtisseries qui, spécialement traitées, ont pu résister aux six mois de l’exposition.

 

Les chefs prennent l’entrée des artistes. Une nouvelle génération de cuisiniers a conquis le grand public depuis les plateaux télévisés jusqu’aux librairies et autres shows culinaires. La cuisine du restaurant s’est théâtralisée et quand, en 2007, la Documenta de Kassel a invité le chef catalan Ferran Adrià, pape de la cuisine moléculaire, parmi les artistes les plus influents du moment, un nouveau pas a été franchi. La cuisine portée au rang d’art contemporain ? Mais que montrer d’un art qui, sitôt créé, disparaît sous la langue du gourmet ? Le défi vient d’être relevé par Nicolas Bourriaud avec l’exposition CookBook.19 programmée jusqu'au 12 mai à à La Panacée de Montpellier dont il est le directeur. Invitant à la fois des artistes et des chefs cuisiniers, le commissaire d'exposition et critique d'art a demandé aux premiers de traduire le goût ou le parfum de mets, et aux seconds de trouver un moyen d’exprimer physiquement l’esprit de leurs plats.

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