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« Love, Ren Hang », l’héritage artistique d’une jeunesse chinoise

par Véronique Giraud
« LOVE, REN HANG » est la première exposition en France de l’œuvre de l'artiste chinois. Elle est organisée à la Maison Européenne de la Photographie du 6 mars au 26 mai 2019.
« LOVE, REN HANG » est la première exposition en France de l’œuvre de l'artiste chinois. Elle est organisée à la Maison Européenne de la Photographie du 6 mars au 26 mai 2019.
Arts visuels Photographie Publié le 11/05/2019
L’exposition « LOVE, REN HANG » présente pour la première fois en France l’œuvre d’un des artistes chinois les plus influents de sa génération. Ren Hang n'est plus mais il laisse une œuvre unique, à découvrir à la Maison Européenne de la Photographie jusqu'au 26 mai.

Il avait 29 ans quand il s’est donné la mort en 2017. Dans la Chine du XXIe siècle, où il lui était refusé de montrer ses photographies au public, où les galeries qui voulaient l’exposer étaient sanctionnées de fermeture. Ren Hang en a souffert mais, malgré les appels de l’Europe et des États-Unis qui voyaient en lui un grand artiste, où une grande carrière de photographe de mode l’attendait, il voulait rester dans ce pays, son pays. C’est là, avec ses amis et les jeunes gens qu'il sollicitait sur le net, dans son modeste appartement et dans la nature d’un parc, qu’il a réalisé ses plus belles photographies.

Ce sont ces images, 150 d’entre elles, que la Maison Européenne de la Photographie a la belle idée d’exposer à Paris. Il eut été encore plus dramatique qu’elles aient été privées plus longtemps du public français. Ren Hang n’est plus là pour s’en réjouir mais ses photos parlent pour lui. De son immense talent, de son plaisir de magnifier les corps de filles et de garçons, de les interroger du bout de son Nikon. Les corps nus de jeunes gens se sont offerts au photographe, avec l’intuition de son talent, avec fierté, et avec l’excitation de son audace, dans un pays où la nudité, le jeu des corps est un tabou. Ce tabou, l'artiste homosexuel le ressentait comme une incompréhension, et renversait le jugement en considérant tabou la négation des autorités à l’égard de son art qu'elles condamnaient en le jugeant pornographique. Il inventait sans cesse des poses, autant d’enchevêtrements de corps et de visages, de corps ou de visages que le végétal et l’animal, salamandre, oiseaux, papillons, serpents, soulignent, barrent, enlacent. Le rouge vif des rouges à lèvres et des vernis à ongles ponctue la blancheur des corps et des visages, dessinant une lecture de l’image à eux seuls. Il avait inventé son vocabulaire iconographique et, dans les pages des magazines de mode, exposées elles aussi, il est reconnaissable dans les poses des mannequins et stars qu’il shootait.

Au milieu des images de Ren Hang, un petit film est projeté. Il s’agit du reportage d’un jeune journaliste qui suit le photographe dans ses prises de vue et l’interroge sur sa démarche artistique, sur la façon dont il perçoit la censure. Un témoignage précieux qui rend encore plus vibrante la beauté des corps enchevêtrés.

L'exposition sera terminée mais cet été, pour le Festival d'Avignon, le russe Kirill Serebrennikov présentera une création que Ren Hang lui a inspirée. Comme un hommage théâtral à un photographe de grand talent, le spectacle Ouside sera présenté à Vedène, l'autre scène du  grand Avignon, du 16 au 23 juillet.

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