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Habituelle inflation de rentrée sur les étals des librairies

par Élisabeth Pan
Souci d’étalage pour les libraires français qui doivent faire un choix drastique. © Tréviers/NAJA
Souci d’étalage pour les libraires français qui doivent faire un choix drastique. © Tréviers/NAJA
Livre Roman Publié le 02/09/2019
Les 524 nouveaux romans de cette rentrée littéraire posent question au moment où les auteurs se constituent en ligue de défense.

Une fois de plus la rentrée littéraire s’annonce avec une pléthore de publications. Pour les seuls romans, 524 nouveaux titres seront à l’étalage dès le mois de septembre, ce qui représente un millier de titres par an. La surproduction a toutefois atteint ses limites et même régressé. Depuis l’année record 2007, avec ses 727 romans, les nouveautés se stabilisent en-dessous de 600 ouvrages (567 en 2018, 581 en 2017).

Cette profusion interroge pourtant tous les acteurs du livre, des libraires qui n’ont pas la place d’exposer les nouveautés aux lecteurs qui ne savent plus que choisir. Mais les auteurs et les éditeurs aussi qui, dans cette concurrence effrénée, ont vu en deux décennies d’inflation éditoriale, la vente moyenne par titre diminuer d’un tiers dans un marché en léger recul (moins 5,7% en valeur en 2018 par rapport à l’année précédente selon le Syndicat national de l’édition).

 

Une Ligue des auteurs. Conséquence évidente, la majorité des auteurs gagne moins que le Smic. Ce qui les a conduit à créer en septembre 2018 une Ligue des auteurs professionnels, qui défend à la fois leurs contrats et leur retraite. Ce regroupement d’auteurs et d’éditeurs est fort aujourd’hui de plus de 1500 adhérents. Ils entendent « sauvegarder leur métier et améliorer les conditions de création de tous les auteurs » et travaillent, en lien avec le ministère de la Culture, sur un statut des auteurs.

Paradoxalement, cette surproduction s’accompagne d’une montée en puissance formidable des best-sellers, ces ouvrages signés Marc Lévy, Guillaume Musso ou Elena Ferrante et Ken Follet dépassent allègrement les 100 000 exemplaires vendus quand la moyenne se situe autour de 1 500 exemplaires, entre 500 et 800 exemplaires pour un premier roman. Ces derniers occupent par 82 titres cette rentrée, à parité presque égale entre auteur et auteure, confirmant la politique de découverte constamment suivie par les éditeurs.

 

Les avantages d’une offre opulente. La multiplicité de l’offre n’a cependant pas que des inconvénients. Les habitudes de lecture des Français, sondés début 2019 par Ipsos pour le Centre national du livre, montrent une « consommation » importante d’ouvrages très divers, mais en majorité des romans. La moitié des lecteurs lisent de manière quotidienne et dix-sept livres sont lus en moyenne par an par un lecteur alors que les lectrices sont les plus importantes, et notamment les grandes lectrices (34% des lectrices ont lu vingt livres au moins dans l’année).

Autre avantage à cette offre pléthorique de romans : la France est un des rares pays où les éditeurs proposent un tel choix de romans étrangers traduits. Il y en avait 216 à la rentrée 2018. Ils sont 188 en cette rentrée, plusieurs sont signés de grands noms de la littérature, Joyce Carol Oates, Jonathan Coe au cœur de l’actualité avec Le cœur de l’Angleterre, Auôur Ava Olafsdottir et sa Miss Islande, Paolo Giordano (Dévorer le ciel), Siri Hustvedt (Souvenirs de l’avenir) Juli Zeh (Nouvel an). Et Chris Kraus qui signe La fabrique des salauds chez Belfond, un roman sur les couloirs sombres de l’Allemagne.

 

Des romans français. Attendu après trois années sans publication, Jean-Paul Dubois signe Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, aux éditions de l’Olivier. Parmi les auteurs et auteures français réputés, citons encore Rouge impératrice de Léonora Miano (Grasset), Une partie de badminton d’Olivier Adam, La clé USB, le nouveau Jean-Philippe Toussaint, Une histoire de France de Joffrine Donnadieu (Gallimard), Une joie féroce de Sorj Chalandon (Grasset), Civilizations de Laurent Binet (Grasset), Journal d’un amour perdu d’Éric-Emmanuel Schmitt, Amazonia de Patrick Deville (Seuil). Et, parmi les nombreuses parutions annoncées, on remarque le nouveau roman du prix Nobel de littérature Patrick Modiano, Encre invisible, le 3 octobre.

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