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« Viaje », tendre rupture entre une mère et une fille

par Pierre Magnetto
Anna Castillo dans le rôle de Leonor. ©DR
Anna Castillo dans le rôle de Leonor. ©DR
Lola Dueñas dans le rôle d’Estrella. ©DR
Lola Dueñas dans le rôle d’Estrella. ©DR
Un presque huis clos sur le canapé de la salle à manger.©DR
Un presque huis clos sur le canapé de la salle à manger.©DR
Cinéma Film Publié le 02/10/2019
La réalisatrice espagnole Celia Rico Clavellino signe un premier long métrage intime et tendre, racontant l'inéluctable départ du domicile familial d'une jeune femme vivant seule avec sa mère. Un histoire entre amour filial et maternel et sentiment de culpabilité.

Avec Viaje en el cuarto de una madre (Voyage dans la chambre d’une mère) la réalisatrice espagnole Celia Rico Clavellino signe un premier long métrage intime et tendre. Ce presque huis clos entre une mère interprétée par Lola Dueñas (prix d’interprétation féminine à Cannes en 2006 pour Volver de Pedro Almodovar) et sa fille incarnée par Anna Castillo (Goya de la révélation féminine en 2016 pour L’olivier de Iciar Bolleinet), raconte une histoire ordinaire. Cette histoire, c’est celle de Leonor, jeune femme qui cherche à quitter le domicile familial pour vivre sa vie, sans oser le dire à sa mère par crainte de la blesser. Les deux femmes vivent en tête-à-tête, à l’étroit dans leur modeste appartement, sans le père que l’on devine mort depuis peu. Couturière, Estrella qui fait des travaux à domicile dégote une place pour sa fille dans l’atelier où elle travaillait autrefois. Leonor prend son petit boulot sans beaucoup d’entrain et sans vraiment savoir non plus ce qu’elle veut faire, avant de dévoiler son projet à sa mère, partir à Londres en tant que jeune fille au pair pour apprendre l’anglais.

S’arracher du cocon familial. « Cette histoire m’a été inspirée par une sensation physique, éprouvée quand j’étais plus jeune. Je me souviens encore du moment où je me suis arrachée du cocon familial et à la douce chaleur de la table brasero de mes parents », raconte la réalisatrice. « Elle me tenait chaud, à moins qu’elle ne me retenait prisonnière. » C’est exactement la sensation quasiment palpable que l’on ressent à visionner ce film. Des plans fixes, des dialogues économes en paroles qui laissent la place aux blancs, une lumière souvent clair-obscur car presque tout se passe à l’intérieur, sur le canapé de la salle à manger ou à la table de la cuisine, donnent une grande profondeur à ce récit lent, mais qui vise juste.

Une séparation redoutée mais consentie. Ce film, c’est l’histoire d’une séparation redoutée, mais consentie par amour filial et maternel parce que c’est dans l’ordre des choses. Parce qu’appelée à rester seule la mère sait bien qu’il ne peut en être autrement ; parce qu’aux prises avec un conflit intérieur la fille sait bien elle aussi que c’est inéluctable. « Lorsque les enfants prennent effectivement leur envol, ils laissent un vide dans la maison que personne n’est sûr de pouvoir vraiment combler. Je voulais investir cet espace pour explorer une relation longue distance entre une mère et sa fille », explique Celia Rico Clavellino. C’est cela aussi Viaje en el cuarto de una madre, un bouleversement sans heurt dans une famille monoparentale unie par une profonde tendresse qui seule rend supportable l’inévitable rupture.

 

Viaje en el cuarto de une madre (Celia Rico Clavellino 2019), sortie en salle le 2 octobre.

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