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« Journal d’un disparu » : Janàcek au répertoire du Muziektheater Transparant

par Véronique Giraud
Une scène du
Une scène du "Journal d'un disparu ", opéra de chambre de Leos Janàcek mis en scène par Ivo Van Hove, avec la collaboration musicale d'Anneliese Van Parys. DR
Arts vivants Opéra Publié le 14/10/2019
Du "Journal d'un disparu ", opéra composé par un Leos Janàcek dévoré par un amour impossible, le metteur en scène Ivo Van Hove et la jeune compositrice Anneliese Van Parys font naître une théâtralité musicale ambitieuse.

En 1917, Leos Janàcek est amoureux. Le compositeur tchèque est célèbre, marié, et Kamila est de 37 ans sa cadette. Il écrit toutefois à cette dernière des lettres passionnées, ce jusqu’à sa mort en 1928. Sans retour. Nourri de cet élan passionné, Janàcek compose en dialecte morave un cycle de chants pour piano et voix. L'œuvre sera créée au Palais Reduta à Brno le 18 avril 1921 sous le titre Journal d’un disparu. Cette suite de courts poèmes décrit l’amour d’un jeune fermier pour une gitane, un amour impossible, en tout cas réprouvé par la société de l’Europe du début du XXe siècle.

Aussi à l’aise au théâtre qu’à l’opéra qui, en France, font généralement scènes à part, le metteur en scène belge Ivo van Hove s’est inspiré autant de l'opéra de chambre que de la longue correspondance passionnée de janàcek pour entreprendre une version contemporaine du Journal d’un disparu. Du livret, au naturalisme désuet, pointe la souffrance du secret de l’amour interdit, mais aussi l’animalité de « la noire tzigane » Zefka, que la bonne société a coutume de fuir ou de chasser. À ce cœur brisé, il ne reste que l’exil. Pour maîtriser son destin, et retrouver Zefka, l'amoureux doit quitter famille, village, pays natal.

 

Un processus singulier. Le Journal d'un disparu est produit par le Muziektheater Transparant, basé à Amsterdam. La structure s’inspire de l’actualité artistique et sociale pour générer un dialogue intensif avec des artistes issus de diverses disciplines. Et, dans cette optique, soutient des musiciens contemporains et aide au développement de leur travail. Des collaborations se font avec des artistes comme Wim Henderickx, Annelies Van Parys, Luigi De Angelis et Claron McFadden, des partenariats aussi dont un tout récent avec le Beijing Music Festival (BMF) pour The Diary of One Who Disappeared (Journal d'un disparu) et La Voix Humaine. C'est la jeune compositrice belge Anneliese Van Parys (1975-) que Ivo van Hove a sollicitée pour envelopper de plusieurs intermèdes l'œuvre de Janàcek. La partition est jouée au piano, instrument et interprète font partie du spectacle.

Avec Ivo Van Hove, le jeune paysan devient photographe de renom, et la gitane aimée, sa collaboratrice. Au livret, dont le naturalisme rural est bien désuet, le metteur en scène oppose un jeu d'une sobre urbanité, servie par les voix de la mezzo-soprano Marie Hamard, très à l’aise sur scène, du ténor Andrew Dickinson, du comédien Hugo Koolschijn, et d’un chœur s’échappant du décor. L’œuvre qu’Ivo Van Hove nous donne à voir et à entendre a la puissance de l’instant. S’y mêlent et s’enlacent passé, présent et avenir, opéra et lettres intimes, piano et voix, théâtralité et incarnation. L’œuvre devient quasi abstraite, exhumant douceur et tristesse d'une musicalité enveloppante.

 

Journal d'un disparu. Musique Leos Janàcek et Annelies Van Parys. Mise en scène Ivo Van Hove. Création en mars 2017 à Bruxelles. Depuis, l'opéra a été programmé dans plusieurs villes de Belgique, au Luxembourg, en France, en Italie, à Brno, à Pékin, à Brooklyn, à Londres. Deux représentations ont eu lieu au Théâtre des Salins de Martigues, les 12 et 13 octobre 2019.

 

 

 

 

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