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« Berliner Mauer : vestiges  » : une farce qui finit bien

par Véronique Giraud
Premier volet d'une trilogie amoureuse sur l'Europe,
Premier volet d'une trilogie amoureuse sur l'Europe, "Berliner Mauer : Vestiges" a été conçu et mis en scène en 2013 par le Birgit Ensemble. En tournée en 2019, le spectacle a été accueilli les 10 et 11 octobre au théâtre Jean-Claude Carrière à Montpellier. © Denis Manin
Arts vivants Théâtre Publié le 13/10/2019
Julie Bertin et Jade Herbulot, fondatrices de la compagnie Birgit Ensemble, reprennent le premier volet de leur tétralogie "Europe, mon amour" consacré au mur de Berlin. Une farce surprenante jusque dans sa conception.

Le théâtre peut tout faire. Même proclamer l’amour d’Europe, si mal vu en ces temps de nostalgies nationalistes. C’est ce qu’on fait Julie Bertin et Jade Herbulot, les actrices et metteures en scène de la compagnie Birgit Ensemble. Dès leur sortie du conservatoire de Paris, elles se sont lancées dans l’écriture et la production d’une tétralogie théâtrale osant ce titre Europe, mon amour. Le premier volet en 2013 s’attachait à l’historique du mur de Berlin, suivi en 2015 par Pour un prélude. Puis le Festival d’Avignon commanda pour son édition de 2017 les Memories of Sarajevo et Dans les ruines d’Athènes qui poursuivaient par la guerre des Balkans et la crise financière grecque l’évocation de l’Europe dans ses drames plus que dans ses réussites.

Le premier volet Berliner Mauer : vestiges est repris en 2019. Il était représenté les 10 et 11 octobre au théâtre Jean-Claude Carrière du Domaine d’O de Montpellier et tourne actuellement en France. Ce premier volet est en fait un devoir de fin d’études. « Au Conservatoire, où nous étions élèves, nous nous sommes entendues pour faire quelque chose à deux pour monter un atelier en troisième année. Nous avons d’abord pensé à la chute du mur de Berlin et, à travers nos recherches, nous nous sommes rendu compte que c’était l’idée d’Europe qui nous intéressait. Dès les premières répétitions de Berliner Mauer : Vestiges, nous nous sommes dit qu’il fallait continuer, aller dans d’autres villes, traiter des années 90. Créer un cycle » nous confiait Jade Hébertot.

 

Collages et facéties. L’histoire tragique prend ici la forme d’une farce dans une présentation plateau assez inédite. Les spectateurs sont d’abord dirigés vers des gradins érigés à droite ou à gauche d’une scène qu’ils surplombent. Ils ne le savent pas, mais ils viennent de franchir le mur, les uns se retrouvant à l’Est, les autres à l’Ouest. Ils vont voir deux spectacles différents avec deux groupes de comédiens différents, sitôt que le premier mouvement de cette pièce, qui en compte trois, s’achève en 1961 avec la construction du mur. Les spectateurs ne peuvent pas choisir, pas plus que n’ont pu choisir les habitants de Berlin.

L’histoire racontée est faite de collage de textes et d’images, du discours de Kennedy avec sa belle faute d’allemand (Ich bin ein Berliner au lieu de Ich bin Berliner) aux diatribes du dramaturge Heiner Müller. Une réunion improbable du bureau du parti communiste avec un Honecker atteint de sénilité, des tentatives de passer le mur, la folie du rock comme signe de rébellion sont autant de matériaux qui rendent risibles cette période singulière. Et bien sûr, les omniprésents médias avides de spectaculaires, de primeurs, « d’être là ». La farce est tragique bien sûr, mais elle finit heureusement. D’une manière un peu attendue avec les Suites pour violoncelle de Bach que Rostropovitch est venu joué en 1989 devant le mur, à Check Point Charlie.

 

Berliner Mauer : Vestiges de Julie Bertin et Jade Herbulot. Compagnie Birgit Ensemble. Avec Salomé Ayache, Julie Bertin, Lou Chauvain, Louise Coldefy, Émilien Diard-Detœuf, Pierre Duprat, Anna Fournier, Kevin Garnichat, Jade Herbulot, Lazare Herson-Macarel, Timothée Lepeltier, Morgane Nairaud, Loïc Riewer, Hélène Rencurel, Marie Sambourg et le violoncelle de Rachel Colombe.

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