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« Les misérables » de Ladj Ly : un vrai cri d’alarme

par Véronique Giraud
Avec
Avec "Les misérables", Ladj Ly met la lumière sur une réalité qui dérange et qui ne parvient pas à franchir la ligne du recevable par la société française. DR
Cinéma Film Publié le 10/01/2020
Avec "Les Misérables", Ladj Ly s'est engouffré sans masque dans l'univers du grand écran. Chaque mot, chaque action, résonnent dans la société d'aujourd'hui. Celle, complexe, qui s'écrit lentement mais dont le cinéma fait avancer les erreurs.

Avec son film Les misérables, Ladj Ly est entré dans le sillage des cinéastes de talent qui ont posé sur grand écran des vérités discutées, disputées, qui, en dépit de faits avérés et d'études consciencieuses, ne parviennent pas à franchir la ligne du recevable par la société. Son sujet n’est ni le trafic sanitaire du marché de la cigarette, ni celui de la perversion du système judiciaire ou social, ni les conséquences du racisme, mais le face à face entre la jeune génération de policiers et les adolescents d'une cité de Montfermeil.

Pour ce premier long-métrage, il n’est pas question pour Ladj Ly de porter un drapeau, ni de généraliser le quotidien de la cité. Il s’inscrit avec force dans celle où il a vécu, la cité des Bosquets de Montfermeil, dont il est familier du quotidien et des codes. La fiction, comme les comédiens, joue bien son rôle. Elle provoquent la sensibilité jusqu'à nous obliger à imaginer ce réel qui nous dérange.

 

"La révolution viendra de la banlieue". Les situations décrites sont connues du domaine public, entre faits divers, bavures policières et expressions prises sur le vif. Pourtant dédaignées par la majorité de la population comme un fait mineur, circonscrit, ne pouvant déborder de la cité. Mais pas pour Ladj Ly : “Ça fait 20 ans qu’on veut que les choses bougent. La révolution viendra de la banlieue, j’en suis convaincu. 2005 c’était juste un petit aperçu. La prochaine génération sera plus violente, on a créé des monstres. Les petits, ils nous font peur, même à nous. Ce film est un vrai cri d’alarme.

La force cinématographique réside précisément dans l’invention d’un scénario capable de maintenir l’image au plus près de la réalité tout en construisant un récit haletant, peuplé de personnages dessinés à l’encre de la vie. Ni bons ni méchants, juste une immense mésentente, une grande confusion (qui s'observe partout ailleurs aujourd'hui), dans laquelle s’ajustent sans cesse des valeurs de la République, de l’autorité, de l’amitié, de la peur, de la soumission, de la révolte. Toutes ces valeurs, revisitées dans la salle noire pendant 1h50, ont saisi les jurys des festivals. Cette année à Cannes, le film était en Compétition Officielle du festival international, qui l'a récompensé du Prix du Jury, ex-æquo avec Bacurau des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles. Il a également reçu le Grand Prix du jury de Positif.

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