espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > « Marche et démarche » au MAD, cachez ce pied que je ne saurais voir

« Marche et démarche » au MAD, cachez ce pied que je ne saurais voir

par Véronique Giraud
Zaha Hadid (1950-2016) et Rem D. Koolhaas (né en 1974) pour United Nude. Paire de chaussures pour femme
Zaha Hadid (1950-2016) et Rem D. Koolhaas (né en 1974) pour United Nude. Paire de chaussures pour femme "Nova shoe", 2013 Los Angeles. ©Rivaud/NAJA
Neta Soreq (née en 1988), collection
Neta Soreq (née en 1988), collection "Energetic Pass Shoes", 2015 Jerusalem. Impression 3D. Cette créatrice s'apuie sur la circulation des flux énergétiques afin de permettre à la femme de se déplacer de la meilleure manière possible. Ces chaussures rebondissantes lui donnent la possibilité de jouer avec les mouvements naturels du pieds tout en absorbant les chocs. ©Rivaud/NAJA
Pour déclencher le rire, la chaussure devient un accessoire permettant d'obtenir la démarche inoubliable de Charlie Chaplin ou celle acrobatique des clowns de rue ou des cirques. ©Rivaud/NAJA
Pour déclencher le rire, la chaussure devient un accessoire permettant d'obtenir la démarche inoubliable de Charlie Chaplin ou celle acrobatique des clowns de rue ou des cirques. ©Rivaud/NAJA
Moulage d'un pied bandé en Chine. La coutume des pieds bandés a été pratiquée en Chine pendant plus de mille ans, du Xe au XXe siècle. Son origine remonterait à la fin des Tang, quand l’empereur demanda à sa jeune concubine de se bander les pieds pour exécuter la traditionnelle danse du lotus et ainsi accroître son désir. ©Rivaud/NAJA
Moulage d'un pied bandé en Chine. La coutume des pieds bandés a été pratiquée en Chine pendant plus de mille ans, du Xe au XXe siècle. Son origine remonterait à la fin des Tang, quand l’empereur demanda à sa jeune concubine de se bander les pieds pour exécuter la traditionnelle danse du lotus et ainsi accroître son désir. ©Rivaud/NAJA
Corine Borgnet (née en 1964),
Corine Borgnet (née en 1964), "Vanity Shoes : pied de poule", 2017 Paris. ©Rivaud/NAJA
L'exposition Marche et démarche du Musée des arts décoratifs explore la chaussure à travers le temps et les cultures. ©Rivaud/NAJA
L'exposition Marche et démarche du Musée des arts décoratifs explore la chaussure à travers le temps et les cultures. ©Rivaud/NAJA
Utilisée comme objet fétiche, la chaussure est conçue pour renforcer le désir et le fantasme.©Rivaud/NAJA
Utilisée comme objet fétiche, la chaussure est conçue pour renforcer le désir et le fantasme.©Rivaud/NAJA
Style de vie Mode Publié le 15/01/2020
Les expositions thématiques du musée des arts décoratifs ne survolent pas le sujet, elles l’explorent en profondeur. L’art de la chaussure n’échappe pas à cette ambition et l’exposition « Marche et démarche » conte l'histoire d'un accessoire quotidien et nécessaire, devenu objet de mode et de bien des fantasmes.

Les centaines de chaussures habilement scénographiées par l’architecte designer Éric Benqué occupent entièrement le deuxième étage du musée des arts décoratifs et fourmillent d’histoires. Les unes les autres racontent un objet initialement conçu en tissu par l’artisan du Moyen-Âge qui, au gré des époques, des cultures et du statut social, s’est métamorphosé en s’efforçant de concilier esthétique et pratique, forme et fonction. Au fil des salles, se dessine une géographie de la chaussure. De la babouche dont on apprend que l’extrémité fine et recourbée a été imaginée pour limiter la pénétration du sable des déserts d'Orient à la sandale du Pakistan ajourée pour éviter l’échauffement de la voûte plantaire, ou encore les bottines chinoises du début du XXe siècle surélevées pour marcher dans la boue. Le cartel accompagnant chaque modèle précise le pays d’origine et l’usage qui en est fait, faisant surgir des paysages et des époques lointaines où marcheurs et marcheuses imprimaient de leurs pas la roche des montagnes d’Asie, le sable des déserts d’Arabie, les salles des cabarets du Japon ou, dans les années 70 en France, les podiums de la mode. La plupart font série, certains modèles sont des cas particuliers à l’instar de la chaussure de fakir bardée d'épines métalliques.

 

Les boucles des chaussures d’homme du XVIIIe, véritables bijoux, témoignent de la préciosité de l’apparat du gentilhomme ou de l’homme des cours d’Occident. Les ornements, la forme même de la chaussure sont objets de curiosité aujourd'hui encore, comme cette paire fabriquée par l'artiste Corrine Borgnet avec des os de volailles, ou cette autre en vinyle laqué conçue par les architectes Zaha Hadid et Rem D. Koolhas, ou encore les chaussures rebondissantes de Neta Soreq résultant d'une impression 3D. Autant de modèles forçant l’admiration et l'imagination, sans toujours susciter l’envie de les porter.

Pour les modèles les plus surprenants, le récit illustré du MAD s'écrit en « chapitres » à part entière. Qu’il s’agisse des pieds bandés des petites filles imposés par le code chinois, des longues chaussures de clown, des chaussons de danse ou encore des modèles destinés à alimenter le fétichisme et le fantasme sexuel. Autant de terminaisons étranges du pied capables d'engendrer une souffrance extrême, ou une sensualité suggestive au nom d'un "idéal féminin".

Marche et démarche est la troisième grande exposition de l’institution parisienne organisée autour du rapport entre le corps et la mode. Lui ont précédé La mécanique des dessous (2013) et Tenue correcte exigée (2017). Avec près de 500 œuvres, chaussures, peintures, photographies, objets d’art, films et publicités, issues de collections publiques et privées françaises et étrangères, l'exposition propose une lecture insolite d’une pièce vestimentaire tantôt anodine tantôt extraordinaire.

 

Marche et démarche - Une histoire de la chaussure. Une exposition du musée des arts décoratifs, du 7 novembre au 23 février 2020.

Partager sur
Fermer