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Sonia Leplat : « la pratique amateur doit sortir de l’anonymat »

par Véronique Giraud
Sonia Leplat, directrice de la Maison des Pratiques de l'Amateur. @Guillaume Borgnet
Sonia Leplat, directrice de la Maison des Pratiques de l'Amateur. @Guillaume Borgnet
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 10/02/2020
Se frotter à l'univers artistique, créer un spectacle en se mêlant à un groupe d'inconnus, c'est une mini école de la vie. La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs, MPAA, a été créée pour encourager le désir de faire collectif et que l'amateur sorte de l'anonymat. Sonia Leplat, qui dirige les cinq MPAA parisiennes, en parle.

Comment définir le projet MPAA ?

Les MPAA sont aux arts vivants ce que les ateliers beaux-arts et Paris Ateliers sont aux arts visuels. Des tas de gens se regroupent de manière informelle pour créer ensemble. Ces troupes amateures de théâtre, de danse, de musique, les cinq MPAA sont là pour les accueillir, mettent à profit des lieux (20 salles) à des horaires adaptés, des moyens en commun, des échanges entre compagnies. C'est du bon sens.

 

Quelle est la mission des équipes ?

C’est accompagner les projets amateurs d'où ils sont jusqu’où ils veulent aller. Parfois c’est un long chemin, d’autres fois ce sont de toutes petites choses. Les amateurs accueillis chez nous se sentent en confiance, ils sont juste eux, n’ont pas besoin de prouver par la performance. Pour nos équipes, il s’agit d’encourager la pratique amateur, développer ses outils (salles de répétition, accompagnement), la frotter à l’univers d’un artiste, la faire reconnaître comme un élément d’épanouissement personnel et d’une alternative à la réalisation d’un projet commun.

 

La MPAA est un grand projet social…

Complètement. Les gens qui viennent nous voir veulent un échange avec d’autres, de la créativité, proposer leur regard sur une œuvre, sur une esthétique. Dans la pratique amateur, on retrouve les mêmes exigences artistiques, mais elles s’attachent à des objectifs que chacun se fixe. Avec 38 permanents et les artistes que l’on choisit, comme le fait un CDN. Une quarantaine d’artistes sont accueillis chaque année. Le but est de faire découvrir l’esthétique d’un artiste à travers sa rencontre, et surtout par la pratique. Ce sont toujours des rendez-vous participatifs, simples d’accès, pour des personnes venues passer une soirée différente, un vendredi soir ou un week-end, seules ou en famille.

 

Être amateur n’est pas un gage d’excellence en France…

Le mot a été galvaudé. Quand il s’agit d’un savoir, il est très valorisant : amateur de vin, d’art, de belles voitures, sportif amateur. À l’inverse, dans la pratique artistique, qu’on soit peintre amateur, comédien amateur, le mot est dévalorisant. En France, le comédien amateur est aussi déprécié parce que le statut de la profession est très protégé. Au-delà de l’intermittent, les pratiques n’existent pas. On parle encore du hip hop comme d’une culture alternative, or c’est la première musique écoutée par les Français aujourd’hui.

 

Qui sont les artistes qui viennent travailler dans une MPAA ?

Les artistes avec lesquels nous collaborons sont convaincus de l’intérêt de travailler avec des gens, sans se demander s’ils sont amateurs ou professionnels. Une fois à la MPAA, une fois un groupe constitué, ils sont conscients que le spectacle ne va pas tourner, qu’il n’y a pas de production, que les gens ne sont pas payés. Mais une fois au plateau, ils travaillent ensemble tout simplement, parce qu’ils sont déjà très engagés dans cette mouvance. Il y en a de plus en plus et c’est tant mieux. »

 

Les MPAA ont également pour mission créer un site de ressources de la pratique amateur. À quoi va-t-il servir ?

Nous avons constaté qu’en France les acteurs culturels ont besoin d’échanger sur ce qui se fait en pratique amateur, sur les outils de repérage et de lien avec les professionnels. En bref, ils veulent savoir comment faire pour mettre à disposition de la pratique amateur des lieux autres que privés et chers, ou des conservatoires ouverts selon les disponibilités des enseignants et des élèves. Beaucoup de communes s’interrogent.

La pratique amateur n’est pas reconnue alors qu’elle est beaucoup plus présente que la pratique de spectateur. Dans une ville comme Angers, on recense 250 compagnies amateurs de théâtre.

 

 

 

 

 

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