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covid-19, les libraires à livre ouvert

par Véronique Giraud
En raison du confinement lié à l'épidémie du covid-19, les librairies sont fermées depuis le 14 Mars en France. ©TreviersNAJA
En raison du confinement lié à l'épidémie du covid-19, les librairies sont fermées depuis le 14 Mars en France. ©TreviersNAJA
Livre Librairie Publié le 26/03/2020
Les librairies sont fermées depuis le 14 mars en France. Bien que déclarée « commerce de première nécessité » par le ministre de l’économie, la librairie s’attend à des lendemains difficiles, voire dramatiques.

Fallait-il laisser ouvertes les librairies comme l’a exprimé le ministre de l’économie et des finances en les qualifiant de « commerce de première nécessité » ? Le Syndicat de la librairie française (SLF) pense que « le coût économique pour notre profession sera considérable et nous avons tous hâte de rouvrir et de retrouver les lecteurs mais, aujourd'hui, la priorité sanitaire prime sur tout autre enjeu, y compris financier ». De grandes librairies comme Le Furet du Nord, Mollat à Bordeaux, Coiffard à Nantes, Sauramps à Montpellier, refusent de faire se côtoyer dans leurs magasins des personnes qui, forcément, feuilletteraient le même produit et peineraient à garder les distances dans des rayons étroits.

Cela n’arrange pas la situation de petits libraires déjà en position économique critique, surtout dans les petites et moyennes communes. Nombre d’entre eux ne sont pas sûrs de rouvrir après la crise. Bien que soutenus par le « Lisez » du président Macron, ils espèrent que l’exception culturelle française pourra les sauver.

 

La concurrence de la vente en ligne. Le livre est en effet une exception économique, un des très rares produits à prix unique imposé depuis la décision de Jack Lang en 1981. Un prix unique qui a convaincu de nombreux États de l’Union européenne pour sauver ce produit culturel singulier face à la concurrence des grandes surfaces hier, des plateformes de vente en ligne aujourd’hui.

Cette concurrence est le danger numéro un pointé par Wilfrid Séjeau, président d’Initiales (une cinquantaine de librairies en France et en Belgique) : « Nous pensons bien sûr que les librairies sont des lieux essentiels pour la culture, le partage et le vivre-ensemble, mais nous ne sommes pas dupes : l'enjeu, aujourd'hui, c'est bien de demander à Amazon, FNAC (sic) et aux hypermarchés de se cantonner aux ventes de produits alimentaires ».

Amazon est le premier visé, il pourrait être demain le principal diffuseur du livre en France. Wilfrid Séjeau s’inquiète que le géant américain « profite de cette crise pour gonfler ses gains ».

 

Amazon en première ligne. A-t-il été entendu ? Le groupe de Jeff Bezos a assuré le 19 mars : « Amazon est victime de sa position de leader dans le e-commerce. En attendant de pouvoir assumer de fortes hausses de volumes, le groupe a décidé de déclasser plusieurs produits, dont le livre, dans ses livraisons prioritaires ». Un « déclassement » qui ne supprime pas complètement la vente et ne tiendra pas plus longtemps que le confinement. La part de marché du livre français tenue par Amazon n’est pas connue exactement, faute de publications des résultats par l’entreprise californienne, mais les experts de Kantar l’estiment à 50%. Un livre sur deux acheté en France.

Le gouvernement a mis en place un Fonds de solidarité pour les petites entreprises qui, en plus du chômage partiel et du report de paiement des charges, permet de recevoir jusqu’à 1 500 euros d’aide pour le mois de mars, somme que les Régions peuvent abonder jusqu’à 2 000 euros. De son côté, le ministère de la Culture a annoncé un plan d’urgence, doté d’une première enveloppe de 5 millions d’euros à destination des libraires, éditeurs et auteurs. Il en faudra plus pour sauver la librairie. Et sans doute un sursaut des lecteurs pour soutenir ce commerce traditionnel.

 

Rester en lien, rester en ligne. Pour les petits libraires, la fermeture est une menace économique mais aussi un crève-cœur. Aussi multiplient-ils les initiatives sur leurs sites, leurs réseaux sociaux. À Bergerac, au moment de fermer leur Colline aux livres, Baptiste et Caroline ont déposé sur le pas de la porte quatre cartons de livres qui n’ont pas vocation à être vendus. Ils proposent aussi sur leur page Facebook Lecture de confinement, deux rendez-vous quotidiens en direct. À Laval, M’Lire propose sur son site internet plus de 4000 livres numériques gratuits. À Mulhouse, 47°Nord invite les auteurs à poster de courtes vidéos de soutien. Durance, à Nantes, et Le Passage, à Alençon partagent leur bibliothèque en ligne. Paroles, à Saint-Mandé, lance un défi écriture aux lecteurs. Pour la réouverture à venir, La Forge, à Marcq-en-Baroeul, imagine une bourse aux livres et Garin, à Chambéry, propose 40 coups de cœur pour la quarantaine.

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