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Africa2020, une saison particulière en France

par Véronique Giraud
Africa2020, la saison du continent Afrique, est reprogrammée de décembre 2020 à juin 2021.
Africa2020, la saison du continent Afrique, est reprogrammée de décembre 2020 à juin 2021.
Hors-Champs Société Publié le 04/11/2020
Initialement prévue de juin à décembre, la Saison Africa2020 débutera en décembre, crise sanitaire oblige. Pas d’événementiel, c’est l’esprit d’entreprise, d’innovation, de la science et de l’art qui aidera à « comprendre le monde d’un point de vue africain ». La femme et la jeunesse sont au centre de cette saison du panafricanisme.

Six mois seront sans doute trop courts pour « comprendre le monde d’un point de vue africain ». C'est pourtant l'objectif que s’est fixé N’Goné Fall en prenant le commissariat général de la Saison Africa2020. Avec la lourde tâche de donner sa dimension contemporaine à l’entité Afrique, prenant à revers les préjugés induits par la méconnaissance de ce continent de 54 pays. Tout est symbole et c’est à la Cité des sciences et de l’industrie que le projet est présenté à la presse ce 4 novembre. N’Goné Fall est entourée, en présentiel ou virtuellement, de plusieurs personnalités africaines des mondes de la science, de l’entrepreneuriat et de la culture, trois pans de la société qui rassemblent « ceux qui font bouger l’Afrique » et incarnent cette saison. Bruno Maquart, le Pdt d’Universcience et hôte de la cérémonie, salue d’ailleurs l’initiative « d’inclure la science au sein de la grande famille de la culture ». Une transversalité qui va rarement de soi.

La commissaire générale explique d’emblée que le programme n'est pas celui d'une saison culturelle, qu’il « n’y aura pas d’événementiel pour divertir la population française ». Africa2020 a été conçue comme une plateforme collaborative dans laquelle « c’est l’Afrique qui se raconte ». Et précise : « c’est une invitation à regarder la construction de l’Afrique portée par la société civile ». Avec plus de 200 rendez-vous dans l’Hexagone et Outre-Mer, la saison promet d’être dense.

 

Une programmation pluridisciplinaire, expositions, films, musique, sera diffusée dans une quinzaine de QG temporaires où les visiteurs pourront s'attarder pour échanger. Au QG de Roubaix, le collectif Ghanéen Exit Frame, accueilli par la Condition publique, entremêlera art contemporain, musique et danse pour un projet né dans et avec le territoire. La musique, programmée dans les QG, a elle aussi une place à part entière dans la saison. « Nous allons montrer l’éventail des musiques en Afrique, leur grande diversité. Pas celle stéréotypée, simplifiée qu’on écoute en France. Nous ferons écouter la musique de l’Afrique anglophone » se réjouit la rappeuse et percussionniste Muthoni Drummer Queen, également fondatrice du festival Africa Nouveau au Kenya.

Trois temps forts marquent la saison : un focus science, qui se déroulera à Paris avec la Cité des Sciences, et à Toulouse à travers un hub science. Un focus innovation et technologie, qui se répandra dans Paris, Marseille, Laval, Lyon, Bordeaux. Et un troisième focus, celui des femmes. « Elles représentent 50% de la population d’Afrique, rappelle N’Goné Fall, il est important qu’on ne les oublie pas ». Quelque 22 projets, menés chacun par une professionnelle, réunissent l'expression des femmes en art, en sciences, et en entrepreneuriat.

L’éducation et la jeunesse est le pendant du focus femmes. Pour l’exprimer, un programme de mentorats a été monté, en partenariat avec l’UNESCO et l’Agence de développement. Le but est de montrer aux jeunes Africains comment ils peuvent être impliqués depuis le continent. Le vœu de N’Goné Fall est que « tous les enfants africains apprennent la même histoire, celle que j’ai moi-même apprise ». La tâche est ample, mais N’Goné Fall veut l’inscrire dans Africa2020 grâce à l’UNESCO, qui a permis que 8 volumes de l’histoire générale de l’Afrique soient écrits. « J’ai décidé d’offrir ce savoir à la France, et un accord sera signé entre la France et l’UNESCO ». Une série de projets pédagogiques seront à l’œuvre dans le volet éducation de la saison, à l’instar de celui qui a fait collaborer l’école supérieure de la photo d’Arles avec le Market Photo Workshop, une école de Johannesburg qui s’est donné pour mission d’enseigner les images qui étaient mises à la marge par l’Apartheid. L’éducation à l’image est une nécessité et la saison donnera l’opportunité d’un échange d’expériences.

 

Pour que l'art africain ne se résume pas à des masques. L’Éducation nationale est elle aussi un partenaire actif d’Africa2020, à travers des outils pédagogiques développés pour les enseignants de CM2 et de maternelle. « Pour que l’art africain ne se résume plus à des masques » commente XXX, conseiller pédagogique. Des dessinateurs de presse africains, la Ligue de l’Enseignement. Au programme du lycée Saint-Exupéry, ce sera la construction d’un simulateur de vol. Ce dernier, démontable, fera le voyage vers un lycée d’Afrique. Le défi est immense de faire une saison d’un continent si grand, que composent 54 pays. « Panafricaine et pluridisciplinaire, cette saison casse toutes les barrières physiques et mentales, intégrant les réseaux culturels, économiques, spirituels, avec une question sous-jacente : Qu’avons-nous en commun ? C’est sans doute ce que développera le philosophe XXXX, lors de sa conférence sur le panafricanisme.

Pour penser cette saison, N’Goné Fall s’est entourée de « quatre cerveaux ». C’est ainsi qu’elle présente Falakule Oshun, Rifky, Edjabe, et Ntombela. Ensemble, ils ont planché sur les dénominateurs communs de tous les pays d’Afrique. Et abouti à quatre thèmes empreints de poésie, qui expriment l’essence même du continent : Oralité, Economie, Système de désobéissance. 11 experts éclaireront de réalités d’Afrique chacun des thèmes. Comme en témoigne Mohamed Zoghlani, consultant en industrie créative. « La jeunesse est la richesse de l’Afrique. Elle est connectée et est en train de repenser le monde, de se donner une image positive », dit-il en préambule. Évoquant sa création de superhéros africains, de jeux vidéo permettant d’échapper aux stéréotypes habituels, on comprend que la jeunesse africaine est en train de se réapproprier son identité, en développant une nouvelle économie. « Le succès du film Black Panthers a montré le chemin d’une culture bankable, d’un afrofuturisme, d’un renversement de la narration. » Le géant Netflix ne s’y est pas trompé en produisant des séries avec superhéros et superhéroïnes noir.es. Pour Mohamed Zoghlani, « il faut former les jeunes ». « Même en temps de pandémie de Covid, ce secteur est créateur d’emplois. » insiste N’Goné Fall avant de lancer un appel aux gouvernements africains pour qu’ils prennent la mesure de l’enjeu. Marraine de la saison, Angelique Kidjo témoigne elle aussi de l’importance des femmes d’Afrique. « C’est difficile de faire comprendre l’Afrique. L’oralité avec laquelle nous avons grandis, je l’ai transcrite dans mon travail. Je suis conteuse de l’histoire des femmes africaines. » Engagée avec l’UNICEF et sa propre fondation, elle insiste « il faut que les femmes participent. Les mettre au centre, c’est la solution ».

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