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Aix-lyrique : Un festival exceptionnel pour ses 70 ans

par Jacques Mucchielli
"Steven Stones" premier opéra du compositeur tchèque Ondrej Adamek commandé par le festival d'Aix © Vincent Pontet
Le festival Aix lyrique ouvre sa 70e édition mercredi 4 juillet 2018 avec
Le festival Aix lyrique ouvre sa 70e édition mercredi 4 juillet 2018 avec "Ariane à Naxos" de Richard Strauss dans une mise en scène de la Britannique Katie Mitchell. DR
Arts vivants Opéra Publié le 02/07/2018
Année exceptionnelle pour la soixante-dixième édition du festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence qui voit la passation de pouvoir entre Bernard Foccroulle et Pierre Audi. Six opéras, dont deux créations et trois nouvelles productions, sont à l'affiche entre le 4 et le 24 juillet, avec des concerts autour du vingtième anniversaire de l’Académie du festival.

Voilà donc la soixante-dixième édition d’un des plus anciens et des plus prestigieux festivals en France. C’est en 1948 en effet que Gabriel Dussurget, qui travaille à Paris dans le monde de l’art lyrique, fonde le festival d’art lyrique à Aix-en-Provence en lui assignant une note mozartienne première et le parrainage d’une comtesse, Lily Pastré, qui marquera quelques temps sa destinée élitiste. La programmation est la dernière qu’assumera Bernard Foccroulle, directeur général depuis 2007. Il laisse la place à Pierre Audi qui dirigeait auparavant l’opéra d’Amsterdam, dont ce 70e festival sera également le premier, du 4 au 24 juillet.

Une place de choix après les années de gestion appréciée et de créations heureuses de Bernard Foccroulle. La question de la gestion est en effet loin d’être négligeable pour réaliser des productions de plus en plus gourmandes en budget. Le festival d’Aix, qui aujourd’hui s’autofinance aux deux tiers, entre vente des billets, sponsoring et coproductions avec d’autres scènes européennes, réussit ainsi à afficher six œuvres lyriques, dont deux créations, et trois nouvelles productions. Mais bien sûr, festival oblige, la question de la création reste première et l’on sait qu’il faut quelques années pour monter une production riche et novatrice d’un opéra si l’on veut respecter l’œuvre dans son ensemble, direction musicale, art lyrique, jeu d’acteurs, décors et dramaturgie et obtenir la coopération des meilleurs talents dans chaque domaine.

 

Ariane à Naxos  en ouverture. C’est ce à quoi prétendent, avec la légitimité d’une renommée que seul Salzbourg en Autriche peut concurrencer, les créations du festival d’Aix. Cette 70e édition mise sur Richard Strauss pour l’ouverture au théâtre de l’Archevêché avec Ariane à Naxos. Autour de la première guerre mondiale, et malgré la concurrence de Stephan Zweig, l’écrivain Hugo von Hofmannsthal restait le favori du public viennois pour la création d’opéra. Il signe le livret. La mise en scène a été confiée à Katie Mitchell qui, depuis plusieurs années, satisfait les spectateurs par une connaissance intelligente des interpénétrations de la musique et du livret qui se résolvent évidemment dans le jeu des acteurs et les décors. Mais c’est là sa première création donnée au Théâtre de l’Archevêché avec la complicité de Marc Albrecht, habitué de l’opéra d’Amsterdam. Pour la première fois, il dirigera l’Orchestre de Paris. Lise Davidsen tiendra le rôle principal, elle qui, comme Sabine Devieilhe, Jonathan Abernethy, et cinq autres artistes de la distribution, est issue de l’Académie du Festival d’Aix. Eric Cutler, Angela Brower er Huw Montague Rendall assureront également le succès attendu de cette production.

 

Prokofiev et Purcell. Plus contemporains puisqu’il fut créé en 1954 à Paris en version concert, un an après la disparition de son auteur le compositeur russe Sergueï Prokofiev, L’ange de feu est la seconde nouveauté de ce festival. Prokofiev ne vit donc jamais sur scène cet opéra, probablement écrit entre 1926 et 1927, dont il tint à rédiger lui-même le livret d’après le roman de Valery Brioussov dans une Russie devenue Union soviétique et vivant les prémices du Stalinisme. L’opéra a été rarement donné, et c’est un défi pour le metteur en scène polonais Mariusz Trelinski pour sa première venue au festival. Il pourra compter sur un habitué de l’œuvre de Prokofiev pour la direction musicale de l’Orchestre de Paris, le chef Kazushi Ôno, et sur les voix, pour cette partition réputée difficile, de la soprano lettone Ausrine Stundyté et du baryton américain Scott Hendricks.

Troisième des nouvelles productions, Didon et Énée d’Henry Purcell (1659-1695). Dirigé par le chef tchèque Vaclav Luks, l’Ensemble Pygmalion assurera la partition baroque chantée par la soprano sud-africaine Kelebogile Peral Besong qui fera ses débuts dans le rôle titre, entourée d’une pléiade de jeunes artistes. De cet opéra, le prologue a été perdu. Le metteur en scène Vincent Huguet a donc eu l’idée d’en confier une nouvelle rédaction à l’écrivaine Maylis de Kerangal.

 

Seven Stones, création mondiale. Le festival s’est fait un devoir de commander chaque année une œuvre à un compositeur qui la donne, le plus souvent, dans le cadre intime du petit théâtre à l’italienne du Jeu de Paume. L’heureux élu est cette année le compositeur tchèque Andrej Adamek, né en 1979, dont c’est ainsi le premier opéra. Fruit d’un long travail, puisque la commande signée en 2012 a fait l’objet de multiples ateliers au festival d’Aix avec le librettiste Sjon, le metteur en scène et chorégraphe Éric Oberdorff et les quatre solistes (Anne-Emmanuelle Davy, Shigeko Hata, Nicola Simeha et Landy Andriamboavonjy), cet opéra a capella réunit également un chœur de douze chanteurs. Opéra a capella, mais la scénographie du spectacle est annoncée comme « constituée d’objets et d’éléments capables au gré de l’action de se transformer en véritables instruments de musique. L’instrumentation comprend ainsi des pierres, une scie musicale, une contrebasse, de nombreuses percussions, des guitares, des verres en cristal, des bouteilles et d’autres instruments inhabituels ou conçus pour l’occasion ».  Création mondiale, Seven Stones doit son intrigue à l’écrivain islandais Sjon, complice de la chanteuse Björk, qui a choisi une œuvre en sept tableaux déroulant une histoire différente dans sept lieux différents.

Autre création de cette 70e édition exceptionnelle, un opéra en plein air, donné en une seule représentation le 8 juillet sur le Cours Mirabeau, Orfeo & Majnun des compositeurs Moneim Adwam Howard Moody, et Dick van der Harst.

 

La Flûte enchantée, version 2014. Dernier des six opéras, La Flûte enchantée de Mozart assurera la présence du compositeur autrichien dans un festival fondé sous l’égide de son œuvre. Pas de nouvelle production, mais la reprise par la metteuse en scène Josie Daxter de la création faite en 2014 par son confrère Simon McBurney. Avec le chef Raphaël Pichon, Stanislas de Barbeyrac, Mari Eriksmoen, Kathryn Lewek et Thomas Oliemans sont à l’affiche.

Présents à Aix, les orchestres qui interprètent les opéras donnent également des concerts symphoniques. Sous la direction du chef Kazushi Ôno, l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée se produira ainsi le 22 juillet notamment sur des œuvres de Ravel et Debussy disparu il y a cent ans, mais c’est surtout les vingt ans de l’Académie du Festival qui marquera l’année. « Créée en 1998 pour accompagner la formation de jeunes solistes et instrumentistes au début de leur carrière internationale, elle s'est ouverte au fil des années à de nombreux répertoires, accordant une place toujours plus importante à la musique contemporaine et aux créations interculturelles, et accueille désormais aussi bien de jeunes créateurs de toutes les disciplines que des musiciens d'orchestre » prévient le festival qui offrent de nombreux concerts autour des personnalités de l’Académie.

 

Festival international d’art lyrique d'Aix-en-Provence. Du 4 au 24 juillet.

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