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Avec Simon Delétang, le Théâtre du Peuple s’offre la consolation

par Véronique Giraud
Simon Deletang interprete le texte de Stig Dagerman avec les musiciens Michaëla Chariau et David Mignonneau, du groupe Fergessen. ©Jean-Louis-Fernandez.jpg
Simon Deletang interprete le texte de Stig Dagerman avec les musiciens Michaëla Chariau et David Mignonneau, du groupe Fergessen. ©Jean-Louis-Fernandez.jpg
Arts vivants Théâtre Publié le 09/09/2020
"Notre besoin de consolation est impossible à rassasier". C'est avec le texte de l'écrivain suédois Stig Dagerman que le Théâtre du Peuple de Bussang rouvre, après des mois de silence liés à la pandémie. Sur scène, Simon Delétang et deux musiciens ravivent la devise du lieu, "Par l'art pour l'humanité".

Quand Simon Delétang a pris la relève à la tête du Théâtre du Peuple, lieu hors norme, bâtisse rustique plantée au milieu du parc naturel des Vosges à Bussang, ce fut pour s’aventurer sur le chemin singulier tracé par Maurice Pottecher. Épousant l'utopie du fondateur, qui a marqué le théâtre de la devise « Par l’art pour l’humanité », le comédien et metteur en scène a parcouru à pied les routes montagneuses et s’est arrêté dans les villages pour porter la poésie de Georg Büchner avec Lenz. Et il s'est entouré d'une équipe, réduite mais active, dont la polyvalence assure tous les rouages d'un lieu où se jouent des spectacles, où des auteurs restent en résidence, où se vit un festival.

 

En ce début septembre 2020, après avoir traversé l’épreuve inédite des annulations, en particulier de la création qui devait faire l’été à Bussang, Simon Delétang retrouve sa stature de comédien pour faire vivre le phrasé poignant de Stig Dagerman. Sur scène, avec les musiciens Michaëla Chariau et David Mignonneau, du groupe Fergessen, les mots de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier emplissent d’une énergie, vibrante, électrique, victorieuse du désespoir, une salle aux bancs vides. Et la cinquantaine de spectateurs, assis sur les sièges disposés exceptionnellement sur le plateau, se tient tout près des artistes.

 

Pour la réouverture du théâtre, du 29 août au 6 septembre, et pour six représentations, l’entrée s'est faite par la forêt et par la porte arrière de la scène qui, en temps habituel, s’ouvre sur la nature pour le plus grand ravissement du public.

La reprise était très attendue, et le Théâtre du Peuple est l’un des tous premiers à ouvrir ses portes. La magie opère à nouveau avec un spectacle intime, dense, pour faire entendre Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, un texte de Stig Dagerman qui traverse tous les paradoxes de la vie et de la pensée, tous les désespoirs aussi. Simon Delétang l’a lu il y a des années, et il lui est revenu comme une évidence dans la perspective de rouvrir le Théâtre du Peuple. « C’est un texte qui pour moi donne envie de vivre, qui donne de la force pour croire en son libre-arbitre. Quelles que soient les contraintes qu’on nous impose dans la société, il faut trouver son chemin à soi pour être heureux ». Alors qu’il lui fallait trouver un spectacle de remplacement, c’est vers l'auteur suédois qu’il s’est tourné, « Dans cette période qu’on traverse, il y a quelque chose de l’ordre d’une force à trouver. En le disant, le comédien passe par tous les chemins intérieurs, mais je sais que ça finit sur la lumière ». Pour l'adapter à la scène, la musique s'imposait et c'est avec les musiciens du groupe Fergessen qu'elle fut composée. Le spectacle s’achève avec leur interprétation d'une de leurs chansons, Ça devrait nous rendre heureux, qui semble avoir été écrite pour le spectacle.

 

Plus que jamais nécessaire. Il y a dans le théâtre du Peuple, malgré ses 120 ans, une forte résonance avec nos interrogations du moment. Comme souvent au théâtre, toutes les questions que se posent la société y sont abordées. Mais à Bussang, de par sa situation enclavée au milieu de la forêt des Vosges, elles prennent vie d'une manière forte et singulière tant ce théâtre inscrit le besoin de se rassembler, de renouer avec la nature, le besoin de simplicité aussi. En cette période où le constat pour la planète est désastreux, où les hommes se sont éloignés les uns des autres pour s’engouffrer dans une course folle et destructrice, le projet de Maurice Pottecher paraît plus que jamais nécessaire. Et consolateur.

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