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Avignon Off : l’esprit de La Boëtie sur un plateau

par Véronique Giraud
François Clavier incarne magnifiquement l'esprit du Discours de la servitude volontaire de La Boëtie. © Pidz
François Clavier incarne magnifiquement l'esprit du Discours de la servitude volontaire de La Boëtie. © Pidz
Arts vivants Théâtre Publié le 15/07/2016
Dans son "Discours de la servitude volontaire", le jeune La Boëtie exhorte le peuple à ne pas être asservi, ne pas avoir peur, ne pas nier sa liberté. Stéphane Verrue a adapté ce texte pour le théâtre, demandant au comédien François Clavier d'incarner la magnifique intelligence.

Les lycéens ayant préparé l’oral du Bac Français connaissent le Discours de la servitude volontaire qu’Étienne de La Boëte (1530 - 1563) a écrit à 18 ans. Stéphane Verrue a voulu porter sur la scène théâtrale le texte philosophique du jeune juriste. Pour mener à bien ce projet, il a fait appel au talent du comédien François Clavier qui lui prête sa voix posée et sa haute stature. Vêtu d’un long manteau beige, l’acteur est assis sur un tabouret et lit à haute voix un livre qu’il tient dans ses mains tandis que les spectateurs s’installent. Près de lui, plusieurs livres sont éparpillés sur la scène, plus loin un sac à dos. Un décor d’ascète.

Dire et incarner. Puis vient le texte, démonstration d’une belle vigueur critique et d’une grande clarté. Traduit en français moderne par Stéphanie Auffret. François Clavier le récite sans emphase. Pour évoquer le tyran, dont il veut défendre au peuple de s’asservir, La Boëtie se réfère aux anciens, le grec Homère qui fait parler Ulysse et le romain Cicéron qui définit le concept même de la tyrannie dans le De Republica. A chacune de ces citations littéraires ou historiques, le comédien se précipite sur les livres, en cherche un, le trouve, l'ouvre, cherche la page et lit. Puis il laisse le livre, marche lentement sur la scène, se retourne, fait face à l’assemblée, s’arrête, s’assoit, prend un autre livre, se lève, reprend sa marche, s’approche du public en regardant au loin ou monte les gradins pour se faire entendre de plus haut. La gageure du théâtre est de déterminer le jeu approprié à un texte si riche et profond, dit pendant une heure et dix minutes. La distanciation s’impose pour porter le sens au plus haut, le jeu aussi pour que ne pas risquer de lasser l’auditoire. Mais François Clavier captive et La Boëtie passionne.

 

Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boëtie. Traduction en français moderne Séverine Auffret (Editions Fayard, 1995). Adaptation et mise en scène : Stéphane Verrue. Avec : François Clavier. Espace Roseau Teinturiers, 45 rue des Teinturiers, Avignon, du 7 au 30 juillet, 18h05.

 

 

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