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Chatbots : le visage humain du numérique

par Pierre Magnetto
Les chatbots de Davi, un condensé d’intelligence artificielle et d’informatique affectif issu de 15 années de recherche et développement© Davi
Les chatbots de Davi, un condensé d’intelligence artificielle et d’informatique affectif issu de 15 années de recherche et développement© Davi
Hors-Champs Insolite Publié le 08/02/2018
Les agents conversationnels animés sont de plus en plus présents sur le web. Capables de tenir une conversation, ils comprennent les énoncés en langage naturel. Analysant l’humeur de leurs locuteurs ils leur répondent avec une gestuelle et des expressions à visage humain.

« Bonjour, je vous trouve belle. » Léa ne rougit pas mais elle esquisse un sourire et remercie son interlocuteur pour ce compliment. En revanche, si quelqu’un la rudoie, Léa sait poliment le remettre à sa place, « je vous prie de surveiller votre langage ». Mais Léa n’est pas un être humain. Léa est un chatbot, un agent conversationnel animé ; en d’autres termes, un programme informatique présent à l’écran sous la forme d’un personnage animé, capable de tenir une conversation vocale avec un interlocuteur humain, de comprendre son humeur, et d’adapter son comportement en conséquence, gestuelle et expression du visage à l’appui.

De l’informatique affectif pour humaniser le numérique Ce chatbot est le résultat de 15 années de recherche et développement menée par Davi les humaniseurs, société éditrice de logiciels. Davi, pour Digital agent vocal interface, a pour ambition, comme l’explique son président et fondateur Pascal Arbault, « de transformer la relation entre l’homme et la machine informatique, en relation humaine. Le milieu informatique exclut, les gens se sentent parfois perdus, il faut que l’utilisateur soit au centre, pas la machine ». L’agent conversationnel de Davi nécessite à la fois de l’intelligence artificielle (IA) et ce que l’entrepreneur appelle « de l’informatique affectif » qui permet de comprendre et simuler les émotions. Son fonctionnement repose sur Retorik, la technologie développée par l’entreprise. « Pour faire simple, le programme transforme le langage naturel en code informatique via un transcodeur, et la réponse générée en langage informatique est à son tour transformée en langage humain ».

Un dictionnaire auto-apprenant Les premiers agents conversationnels de Davi se « contentaient » de lire un texte, d’apporter des réponses à des questions préétablies comme dans les FAQ. Mais au fur et à mesure qu’avançaient ses recherches, l’entreprise a donné plus de fluidité aux propos de ses chatbots, affiné leur gestuelle. « Ils sont dotés d’un dictionnaire auto-apprenant permettant une meilleure compréhension des demandes de leurs utilisateurs. » Davi travaille en collaboration avec le Limsi de l’université Paris Sud. Ce laboratoire de recherche en informatique pluridisciplinaire, rassemble des chercheurs et enseignants-chercheurs relevant des sciences de l'ingénieur et la plupart des sciences de l'information ainsi que des sciences du vivant et des sciences humaines et sociales. Les deux structures ont créé un Groupement d’intérêt scientifique (GIS), un contrat permettant notamment d’établir des partenariats entre la recherche publique et des entreprises privées autour d’un objet précis, les chatbots en l’occurrence. En France, de nombreuses startups travaillent sur le même sujet, mais les chatbots ne sont pas a priori des logiciels ludiques. De plus en plus d’entreprises les installent sur leur site internet, dans les domaines de la relation client, du tourisme, du voyage, etc,

La peur de l’intelligence artificielle  Si les chatbots s'appuient sur l'intelligence artificielle pour prendre des formes humaines, ils n’en demeurent pas moins des logiciels informatiques. A celles et ceux à qui le terme même d’intelligence artificielle fait peur, Pascal Arbault tient un discours rassurant. « Pour fonctionner l’IA a besoin de données, c’est l’humain qui les lui fournit. On n’en est pas au point où la machine se reproduirait toute seule, fixerait ses propres objectifs, se régénèrerait elle-même. Si nos chatbots décryptent les émotions, ils ne font que les simuler, ils ne les ressentent pas. Si vous faite de l’humour au second degré avec un chatbot, il ne vous comprend pas ». Amitié, amour, haine, joie, bonheur ou malheur, l’IA n'en fait jamais l'expérience. « Que l'intelligence artificielle puisse être plus forte qu'un être humain dans un domaine tel que la physique ou la chimie ne signifie pas qu'elle soit capable de conscience ou de sensibilité, sinon nous aurions été physiquement dominés par les tracteurs depuis longtemps », écrivait il y a peu dans une tribune au journal Les échos, Hadj Khelil, PDG de Big Mama (éditeur de logiciels algorithmiques) et enseignant de Big Data à Sciences po Paris, avec une pointe d’humour, mais pas sûr que Léa ne le comprenne.

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