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Chicago et Hey ! Nouveaux artistes outsiders à la Halle Saint Pierre

par Véronique Giraud
Inspiré par une vision divine l'incitant à diriger sa colère contre le racisme omniprésent en Amérique, porté par sa souffrance post-traumatique née de son expérience du combat en tant que marine pendant la guerre au Vietnam, Dr Charles Smith (1940-) a développé une œuvre monumentale de centaines de sculptures, fondée sur les expériences des Africains-Américains. ©Giraud/NAJA
Inspiré par une vision divine l'incitant à diriger sa colère contre le racisme omniprésent en Amérique, porté par sa souffrance post-traumatique née de son expérience du combat en tant que marine pendant la guerre au Vietnam, Dr Charles Smith (1940-) a développé une œuvre monumentale de centaines de sculptures, fondée sur les expériences des Africains-Américains. ©Giraud/NAJA
Émigré italien, Aldobrando Piacenza (1888-1976) construit sa vie entre son Italie natale et les États-Unis où il finit par acquérir un restaurant et où, dans le jardin de sa maison, il construit des modèles réduits de sa maison, de l'église et du campanile de ,Sant'Annapelago, son village natal. À sa retraite, il se consacre à son art et à la poésie. Plusieurs expositions lui sont consacrées à partir des années 70. ©Giraud/NAJA
Émigré italien, Aldobrando Piacenza (1888-1976) construit sa vie entre son Italie natale et les États-Unis où il finit par acquérir un restaurant et où, dans le jardin de sa maison, il construit des modèles réduits de sa maison, de l'église et du campanile de ,Sant'Annapelago, son village natal. À sa retraite, il se consacre à son art et à la poésie. Plusieurs expositions lui sont consacrées à partir des années 70. ©Giraud/NAJA
De gauche à droite, House of Blazes (vers 1970), Coin de rue (1975), peintures sur panneau de Nicholas Greeley (1894-1985) .
De gauche à droite, House of Blazes (vers 1970), Coin de rue (1975), peintures sur panneau de Nicholas Greeley (1894-1985) .
Henry Darger a quatre ans lorsque sa mère meurt en mettant au monde sa petite sœur. Confiée à une autre famille, il ne la connaîtra jamais. Dans le foyer où son père l'envoie, règnent violence et brimades, puis il est placé dans une institution pour handicapés mentaux. Il s'enfuit à 17 ans, s'installe à Chicago, sa ville natale, et travaille comme plongeur et nettoyeur dans les hôpitaux de la ville. À sa mort, son logeur découvre un ouvrage colossal d'aquarelles qui empruntent à la bande dessinée et à la littérature enfantine. Et qui fait l'objet de nombreuses expositions, malgré son auteur. ©Giraud/NAJA
Henry Darger a quatre ans lorsque sa mère meurt en mettant au monde sa petite sœur. Confiée à une autre famille, il ne la connaîtra jamais. Dans le foyer où son père l'envoie, règnent violence et brimades, puis il est placé dans une institution pour handicapés mentaux. Il s'enfuit à 17 ans, s'installe à Chicago, sa ville natale, et travaille comme plongeur et nettoyeur dans les hôpitaux de la ville. À sa mort, son logeur découvre un ouvrage colossal d'aquarelles qui empruntent à la bande dessinée et à la littérature enfantine. Et qui fait l'objet de nombreuses expositions, malgré son auteur. ©Giraud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 06/04/2019
La Halle Saint-Pierre ouvre pour la quatrième fois sa verrière à Hey !, la revue dédiée à l’outsider pop, et, après le Japon, éclaire un pan nouveau de l’art brut, celui des États-Unis, à travers dix artistes dont les travaux ont fait le voyage depuis le musée Intuit de Chicago.

La Halle Saint Pierre se veut lieu d’exploration de l’art brut, de l’art outsider. Après la découverte d’auteurs nippons, elle invite à un premier regard sur une dizaine d’auteurs américains parmi ceux que le musée INTUIT de Chicago œuvre à montrer depuis sa fondation en 1991. Comme le rappelle Martine Lusardy, qui dirige la Halle, « De toutes les grandes villes d’Amérique, Chicago est celle qui fait le plus la preuve de son indépendance artistique. Déjà dans les années 1940, alors que New York était tourné vers l’Expressionisme abstrait, les milieux artistiques de Chicago s’orientaient non seulement vers l’Expressionisme allemand et le Surréalisme mais également vers l’art primitif et l’art brut, auquel ils avaient été initiés par les écrits de Prinzhorn et de Dubuffet ». Depuis, les valeurs esthétiques de l’art outsider se sont imposées aux collectionneurs, marchands et conservateurs de la ville. L’exposition de la Halle Saint-Pierre, organisée par le musée INTUIT, premier centre d’art intuitif et outsider aux États-Unis, met à l'honneur dix artistes.

L’un d’eux est déjà bien connu des amateurs d’art brut en France. Henry Darger, natif de Chicago, a fait l’objet d’une grande rétrospective au musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2015 et est présenté par plusieurs galeries en France. Si le mystère de sa vie est quelque peu éclairé par son récit autobiographique « Histoire de ma vie », ses milliers de dessins n’ont cessé de surprendre, d’effrayer même. Inconnus, les autres artistes de l’exposition témoignent de leur obsession de la manipulation des matériaux, du dessin et de la peinture. Si ces dessins, ces objets fascinent c’est moins pour leur virtuosité ou leur curiosité que pour leur expression d’une intense part d’humanité que la société occidentale s’attache le plus souvent à maintenir dans l’ombre. À la Halle Saint-Pierre, c’est en soulevant un rideau à lamelles que le visiteur pénètre dans l’antre noire réservée aux productions d’art brut. Cette obscurité sied à ces œuvres qui laissent échapper des fragrances indomptables, celles que Martine Lusardy s’acharne à nous montrer, sous toutes ses formes, dans toutes ses cultures, laissant à chaque fois le spectateur désemparé, troublé.

 

C’est la quatrième collaboration de la Halle avec le duo Anne & Julien, les fondateurs de la revue Hey ! en 2010. Rien d’étonnant que ceux qui défendent la pop culture et un art outsider soient ici les bienvenus. Eux non plus n’en ont pas fini de nous faire faire le tour de leurs découvertes. Celles que l’on peut voir jusqu’au XXX sont pour la plupart une première présentation en France d’artistes parfois autodidactes, parfois très formés à l’art, qui expriment par le dessin, par la sculpture l’infiniment petit, un monde grouillant de formes, de figures, d’animaux fantastiques, de fascinantes chimères. Ils ne se connaissant pas, ne forment pas une école, mais l’œil d’Anne & Julien les fait se rassembler en une famille obsédante, souvent obsédée par la mort, par la transformation du vivant, par l’enfance. Tous ont en commun d’échapper à la norme, de construire avec la monstruosité. Et ont le talent de la faire aimer.

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