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Mot de passe oublié ?Ça fait longtemps que vous n’avez pas vu un spectacle de cirque ? Alors attachez votre ceinture. Le cirque contemporain s’invente depuis seulement trente ans mais ça se voit. Ou plutôt ça se ressent. Cet art du sans limites et de la suspension, qui excelle dans le déséquilibre, sait tenir le spectateur en éveil. Va-t-il tomber ? Va-t-il se recevoir ? Et fait résonner une petite musique intérieure : des heures de répétition, qui font alterner le sentiment d'échec et le dépassement de soi, pour atteindre une partition savamment chronométrée. Chaque geste est nécessaire, chaque déséquilibre est maîtrisé, chaque seconde a une incidence. Mais où est-on ? Où, ailleurs qu’au cirque, a-t-on un tel souci de l’autre, celui que l’on porte, celui qui se projette dans ses bras, celui qui tombe, celui qui marche sur un fil, se suspend à un anneau, se maintient sur une tête ou une hanche ? Est-on capable de mesurer en une heure de spectacle des mois d’ouvrage ?
L'apprentissage de la virtuosité. Quel bonheur de voir ces (presque) enfants accomplir des prodiges. Non pas parce que leurs parents leur ont appris mais parce qu’ils ont su très tôt que leur corps était différent, que leur énergie était exceptionnelle et que l’apprentissage du cirque, dans un centre de loisir ou dans une école, leur a donné le goût du défi de soi. Puis ils sont entrés dans un pôle cirque, ou ont pris l’option cirque au lycée et n’ont plus quitté leur vélo, leurs quilles, leur barre, leur tapis de sol, leur corde.
CIRCA, panorama du cirque d'auteur. Et le cirque actuel, comme en témoigne le festival CIRCA, diffuseur de spectacles produits dans l'année, éclate en mille facettes. Dans Zooo, il s’essaie à une comédie musicale et animale, virtuose et déjantée. Avec L’absolu, Boris Gibé ose une écriture plus conceptuelle, plus noire aussi. Entre les mains du théâtre, il donne Dans ton cœur. Avec Abaque, le cirque retrouve l'ingéniosité de Méliès et l'esthétique silencieuse de Chaplin. Dans Babel, Glöm, le main à main fait s'accrocher des corps très singuliers. Chacun cherche sa marque. Et la nouvelle génération revitalise les standards formels du spectacle comme ceux spécifiques au cirque. Avec un rapport incessant aux limites, à la prise de risque. "On se fait mal et on y retourne", résume Marc Fouilland, qui dirige CIRCA depuis vingt ans.