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Comédien par l’alternance ? Direction Asnières au Studio ESCA

par Véronique Giraud
Roméo et Juliette se donnent rendez-vous chaque jour au Studio ESCA d’Asnières. Ils ont la fougue de la jeunesse et, au son de musiques des années 80, déambulent et dansent parmi leurs amis et leurs ennemis. ©Miliana Bidault
Roméo et Juliette se donnent rendez-vous chaque jour au Studio ESCA d’Asnières. Ils ont la fougue de la jeunesse et, au son de musiques des années 80, déambulent et dansent parmi leurs amis et leurs ennemis. ©Miliana Bidault
Le metteur en scène et codirecteur Paul Desveaux, ici entre Juliette et Roméo. ©Miliana Bidault
Le metteur en scène et codirecteur Paul Desveaux, ici entre Juliette et Roméo. ©Miliana Bidault
Arts vivants Théâtre Publié le 08/02/2021
Il faut désormais la nommer Studio ESCA. Dirigée désormais par Tatiana Breidi et Paul Desveaux, l'unique école de théâtre par l'alternance forme au collectif tout en révélant l'apprenti comédien dans sa singularité.

Roméo et Juliette se donnent rendez-vous chaque jour au Studio ESCA d’Asnières. Ils ont la fougue de la jeunesse et, au son de musiques des années 80, déambulent et dansent parmi leurs amis et leurs ennemis. Cet élan si précieux, cette belle envie de jouer, le metteur en scène Paul Desveaux s’efforce de la préserver tout en y mettant les intentions nécessaires au bon ordre inhérent à tout spectacle. L’ensemble est joyeux. C’est qu’au Studio ESCA, on prend depuis toujours très au sérieux l’envie de jouer, que ce soit Molière ou Shakespeare. Les élèves sont peu nombreux, mais chacun, dans sa singularité, est accompagné sur le chemin de la profession de comédien. La compagnie est installée à Asnières depuis bientôt 25 ans, et aujourd’hui ses fondateurs passent la main à Tatiana Breidi et à Paul Desveaux.

Avant tout ici, on joue collectif. Pour les rôles de Roméo et Juliette, comme pour tous les pièces travaillées dans le cursus, les années se mélangent. Roméo est en première année au Studio, Juliette en deuxième, et les trois années dialoguent sur scène avec des comédiens confirmés, des amis que Paul Desveaux a conviés pour jouer avec eux. Céline Bodis joue Lady Capulet, Fabrice Pierre le père Capulet, et Frère Laurent est joué par Hervé van der Meulen, co-fondateur de la compagnie Studio. L’entraide, de rigueur, est perceptible dans les échanges et les regards entre apprentis. « Notre principe directeur c’est le collectif, nous formons des comédiennes et des comédiens de troupe qui en ont conscience, insiste Tatiana. Pour nous c’est très important. »

 

Le théâtre par l'alternance. « Depuis sa création, la compagnie Studio a toujours eu à cœur sa mission de formation, rappelle Tatiana. En 2006 Hervé van der Meulen a créé le CFA (centre de formation par l’apprentissage) de comédien, le seul de France. En 2014, ce CFA est devenu une des douze écoles supérieures d’art dramatique du territoire national, et l’école est restée la seule en France à former au théâtre par l’alternance. » Les apprentis comédiens sont 44 aujourd’hui. Leur formation dure trois ans, avec la particularité d’impulser l’apprentissage comme une pratique projetant vers l’avenir, tout en travaillant en parallèle. Chacun a cours de 10h à 14h, le reste du temps est dévolu à l’alternance c’est-à-dire aux répétitions et le soir au travail sur des productions de compagnies émergentes, essentiellement en Ile de France. Que ce soit dans un théâtre privé, un théâtre d’entreprise, un CDN. En dehors du Studio qui les emploie et les met à disposition d’autres employeurs à travers des conventions partenariales, chacun a en moyenne sept employeurs pendant son cursus.

 

Porteur de projet. Laetitia Guédon, Paul Desveaux, Océane Mozas, Christine Letailleur figurent parmi les intervenants. Ces porteurs de projet créent des liens avec les apprentis par le biais du travail et de la formation. Autant de passerelles vers la professionnalisation. « Cela renforce notre pensée de croisement, d'accompagnement concret, poursuit Tatiana. Ils passent des auditions, on les forme à se présenter, on les aide à négocier leurs contrats. On déploie aussi une grande activité de porteur de projet. Il faut qu’ils soient à l’initiative, on ne forme plus des comédiens qui attendent près de leur téléphone que le désir des autres déclenche leur carrière ». « Ils doivent être moteurs de leur histoire », résume Paul Desveaux. Studio ESCA revendique une pédagogie très pointue et un accompagnement spécifique à chaque apprenti. Cette année, son concours d’entrée a été tenté par 1 000 candidats pour 15 places. « Ce n’est pas une formation globale, explique le co-directeur. Comme les groupes se reconstituent à chaque fois en fonction des contrats de chacun, les 1ère, 2e et 3e années sont toujours mélangées. Il y a une sorte de cooptation, d’accompagnement du groupe. Dès la formation, c’est un processus qu’il faut arriver à mettre en place. »

 

Une tradition d'humanisme. Hervé van der Meulen voulait un ancien pour lui succéder et perpétuer la tradition d’humanisme que porte l’école. Une nouvelle charte graphique marque la transition. « La compagnie fondatrice s’oriente à être une compagnie professionnelle à vocation professionnalisante, explique le nouveau codirecteur et metteur en scène. J’ai donc conservé ma compagnie Héliotrope, qui n’a rien à voir avec ça, et au Studio je fais des projets qui ont vocation à être des accompagnements. C’est comme ça qu’on arrive à Roméo & Juliette aujourd’hui. Je me suis dit, quitte à travailler avec des jeunes de 20 à 25 ans, si on revisitait cette pièce, don semble connaître beaucoup de choses, mais dont on découvre beaucoup encore. C’est passionnant d’être avec ces jeunes gens qui portent ce texte. »

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