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Mot de passe oublié ?Spectacles et festivals malgré tout
Face à la troisième vague de la pandémie, Emmanuel Macron a annoncé pour mi-mai le début de la réouverture des lieux de spectacles, si le couple vaccination – confinement produit ses effets et si aucun nouveau mutant du virus ne vient perturber les prévisions. Même si les négociations ont commencé au ministère de la Culture pour établir un calendrier et des conditions précises d’ouverture simultanées des lieux de culture, les artistes restent méfiants, lorgnant les pays voisins, comme la Belgique où le gouvernement a repoussé la réouverture des salles de spectacles courant juin. C’est de toute façon encore loin pour tous les acteurs et actrices du monde des arts vivants qui ont manifesté en mars un peu partout en France pour demander « la réouverture urgente des lieux de culture ».
Sur-risque de contamination. Au Théâtre du Rond-Point, sur les Champs Élysées, devait se tenir le 25 mars dernier, puis le 6 avril, une « assemblée des théâtres » qui a finalement été annulée. Elle voulait insister sur les protocoles de visite et de remplissage des jauges qui permettraient le sur-risque de contamination des salles de culture. Le conseil scientifique, pourtant très critique sur le non-confinement, avait noté qu’aucun « sur-risque d’infection » n’avait été relevé dans les fréquentations de salles entre juin et octobre 2020. « Une réouverture serait ainsi envisageable, certes avec une extrême surveillance, en attendant la vaccination des personnes à risque, puis de la grande majorité de la population pour sortir enfin de cette crise sanitaire » précisait l’avis daté du 11 mars.
Fort de cet appui des autorités sanitaires, les responsables de salles ont vu monter avec appréhension les chiffres de contamination tout au long du mois de mars. Les ouvertures partielles dans les régions d’Europe les moins touchées ont peu à peu été revues à la baisse. Chez nos voisins hollandais, qui ont tenté des expériences de réouverture des musées et des salles, les effets n’ont pas été à la hauteur escomptée.
Annulations et captations. Il a donc fallu se résoudre à de nouvelles annulations. Dans certains cas, le spectacle fait l’objet d’une captation numérique qui permet de le présenter sur écran. Ainsi le prestigieux Opéra de Paris a tout annulé jusqu’au 2 mai, mais poursuit sa collaboration avec France 5, Culturebox et France Musique pour diffuser ses productions. On pourra ainsi voir sur les écrans et en replay la très belle création mondiale du Faust de Gounod, mis en scène par Tobias Kratzer, sous la direction de Lorenzo Viotti avec Benjamin Bernheim et Christina Van Horn, opéra qui sera ensuite repris par les cinémas UGC dans le cadre du programme Viva l’Opéra.
Mais d’autres manifestations sont purement et simplement annulées comme le Salon du livre de Paris, les Suds en hiver, manifestation musicale qui devait se tenir à Arles du 15 au 18 avril, le festival Rolling Saône prévu en mai ou Les Étés de la danse prévu en juillet au Théâtre du Châtelet.
Les festivals se préparent. Les dates annoncées pour la reprise de la vie culturelle permettent néanmoins aux festivals de préparer les éditions d’été sans restreindre les productions, même si la billetterie doit en souffrir.
Premier à ouvrir la saison, le Printemps des Comédiens de Montpellier a veut croire à sa tenue du 28 mai à fin juin par la voix de son directeur Jean Varela. Cette édition est importante, parce qu’elle relance la saison après une année 2020 en berne, mais aussi parce qu’elle se fera en hommage au créateur du Printemps, le comédien, auteur, réalisateur et écrivain Jean-Claude Carrière décédé le 8 février dernier
Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, le plus important festival des arts vivants en Europe, a présenté la programmation de la 71e édition, qui se tiendra du 5 au 25 juillet, composée de reports de spectacles annulés en juillet dernier et de nouvelles créations, telle La Cerisaie de Tchekhov mis en scène dans la Cour d’honneur par le portugais Tiago Rodrigues avec Isabelle Huppert.
Même approche au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence qui promet une année exceptionnelle avec presque deux fois plus de productions qu’habituellement. Ce sont en effet pas moins de neuf opéras, dont un en version concert, qui sont proposés au public du 30 juin au 25 juillet, avec les grands compositeurs du répertoire, Mozart, Verdi, Wagner, Monteverdi, Cavalli et Rossi, Rimski-Korsakov, mais également deux créations contemporaines, l’une de la Finlandaise Kaija Saariaho, l’autre de l’Israelo-Palestinien Samir Odeh-Tamim.
Enfin, d’autres grands festivals comme les Nuits de Fourvière, qui espère fêter à Lyon son 75e anniversaire du 27 mai au 31 juillet, restent pour l’instant dans l’expectative.
Le printemps en été. Cet été verra s'ajouteront des festivals de printemps qui ont été reportés. Le Festival de Cannes ne se tiendra pas début mai mais du 6 au 17 juillet, le festival de BD d’Angoulême, qui a laissé passer son édition de février, profitera de la saison pour s’ouvrir en plein air 24 au 27 juin, le festival Séries Mania de Lille ne se tient pas en mars mais du 26 août au 2 septembre.
Du côté des festivals rock, les mesures sont plus drastiques. Le ministère de la Culture a limité leur public à 5 000 personnes avec distance de sécurité. Solidays, qui assure des fonds et de nouveaux bénévoles à Solidarité Sida, est annulé, de même que le Hellfest, qui se tient habituellement à Clisson en juin, et Garorock, dans le Lot-et-Garonne.
Les Vieilles Charrues et les Francofolies de la Rochelle ont néanmoins prévu de résister en accueillant le public cet été dans des conditions différentes des autres années.
C’est dire si l’été devrait être à la hauteur de la grande fête espérée pour la sortie de crise. Si les mutants ne font pas des leurs…
