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Avec « Désobéir », Anne Monfort questionne la violence politique

par Véronique Giraud
"Désobéir"-Mise en scène Anne Monfort adaptation d'un texte de Mathieu-Riboulet © Luc Arasse
Arts vivants Théâtre Publié le 24/01/2018
Anne Monfort s’est emparée d’un texte de Mathieu Riboulet pour construire un nouveau portrait de la désobéissance civile et politique. Composée de courts tableaux, sa mise en scène mosaïque confronte nos propres incohérences avec celles de la société, fait résonner notre intime avec les violences du monde. Et nourrit la réflexion.

L’incitation est tentante, avec son parfum d'enfance. Désobéir. C’est le titre qu’Anne Monfort a choisi pour son adaptation au plateau du livre de Mathieu Riboulet Entre les deux il n’y a rien. La pièce, présentée du 8 au 21 janvier au théâtre Le Colombier de Bagnolet, débute par un exemple récent du malentendu de la société civile face à l’institution judiciaire. Ces quelques minutes reprennent l'affaire récente du britannique Rob Lawrie qui, se rendant régulièrement dans la Jungle de Calais pour venir en aide aux migrants, a été inculpé pour avoir transporté et caché dans sa voiture une petite fille, cédant à la demande insistante de son père. Reconstituant son procès, les phrases des trois comédiens, juge, avocat, inculpé, pénètrent en chacun de nous, faisant poindre l’incompréhension, et infiltrant une colère sourde produite par l’incohérence des points de vue.

Désobéir se construit autour d’un homme, magnifiquement incarné par Jean-Baptiste Verquin. Entre ses souvenirs d’adolescent, ses débats avec ses proches sur la manière de gérer la colère, son éveil à la sexualité au milieu de la violence politique et sociale des années 70, celles des Brigades rouges, des assassinats d’Aldo Moro et de Pier Paolo Pasolini, « morts comme des chiens », pour en arriver à la mort de Rémi Fraisse. Les circonstances historiques et dramatiques de ces événements n’ont rien à voir les unes avec les autres. Ce qui les lie et frappe la dramaturgie, c’est la litanie de ces morts violentes, subies ou provoquées par la désobéissance civile. Soulignées par des scènes de « tableaux vivants » mis en lumière, et par leur allusion répétée à plusieurs reprises. Le décor, composé d’un enchevêtrement de bois et de tissu au niveau du sol, est à la fois sobre et astucieux. Servant tour à tour de pupitre du juge, de tente pour l’adolescent, de cache, de banc… On peut simplement regretter une dramaturgie chaotique qui essouffle parfois un parti pris louable et passionnant.

 

Désobéir, conception et mise en scène : Anne Monfort. Écriture au plateau d’après « Entre les deux il n’y a rien » de Mathieu Riboulet. Avec : Katell Daunis, Pearl Manifold, Jean-Baptiste Verquin. Du 8 au 21 janvier au théâtre Le Colombier (Bagnolet).

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