espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > El Anatsui crée un parcours parallèle à la Conciergerie

El Anatsui crée un parcours parallèle à la Conciergerie

par Véronique Giraud
Arts visuels Arts plastiques Publié le 23/09/2021
Invité de la Saison Africa2020, El Anatsui a eu carte blanche du Centre des monuments nationaux pour investir La Conciergerie. Dans ce haut lieu du pouvoir royal puis d'enfermement révolutionnaire, l'artiste ghanéen a conçu une installation élégante et silencieuse, grand geste hommage au renouvellement et aux liens qu'il crée entre les hommes.

La Saison Africa2020 ne pouvait se passer de l’humanisme de l’artiste ghanéen El Anatsui (1944-). Ses processus créatifs, son enseignement de la sculpture au Nigeria, la puissance de ses œuvres dans les plus grands musées du monde et dans nombre d’expositions éclairent avec grâce une part de l’Afrique. Invité par N’Goné Fall, commissaire de la Saison Africa2020, l'artiste a reçu carte blanche du Centre des monuments nationaux pour investir un monument du pouvoir royal devenu prison révolutionnaire, la Conciergerie de Paris. Il s’agit là de sa première exposition personnelle en France.

 

Une infinité de possibles. Inaugurant la Saison Africa2020 sous les grandioses voûtes romanes de la salle des Gens d’Armes, l'installation d'El Anatsui En quête de liberté donne rendez-vous avec la sensation du temps qui passe, en résonance avec l'architecture du monument, son histoire et son environnement. Pour évoquer ce mouvement permanent du temps et de la nature, l’artiste a convoqué les grands éléments : l’eau, le vent, le métal, la pierre. L'eau, elle s'écoule sans fin par le truchement d'une projection des évolutions du ciel au cours d'une journée sur deux cheminements de tissu fixés sur de vieilles traverses de chemin de fer. Deux cheminements symbolisant le mouvement permanent des deux bras de la Seine qui entourent l’île de la Cité où a été bâtie la Conciergerie. Accrochées aux murs ou habillant le fond des cheminées monumentales de la salle, six grandes sculptures métalliques créent des jeux lumineux et colorés. Telles des drapés, elles sont composées de capsules de bouteilles d'alcool et de lames de canettes de sodas récupérées dans les rues, tissées sur des fils de cuivre. Symboliques de l’art d’El Anatsui, ces assemblages forment des sculptures vibrantes de lumière, parfois monumentales quand elles habillent la façade d'un monument, qui on conféré à l'artiste une reconnaissance internationale. Elles sont pour lui « l’expression de la vie comme processus de changement ». Noires, dorées, argentées, rouges, associées à l’idée de textile, en particulier au traditionnel tissu kenté (fines bandelettes de tissu cousues ensemble), ces « tentures » contrastent de leur brillance avec le mat de la pierre, parlent d’aujourd’hui sur les murs du passé, et leurs bordures irrégulières, libres, inspirent une infinité de possibles.

 

Créer du lien. De part et d’autre de l’immense salle, une cinquantaine de pierres sont posées au pied des murs, invitant les visiteurs à s’asseoir et ainsi devenir les éléments vivants d’une installation venue réveiller un long passé et les esprits qui ont précédé. « Je crois que quand un être humain touche quelque chose, il lui transmet une forme d’énergie ; il y a donc un lien entre tous les gens qui ont manipulé l’un de ces multiples éléments. J’ai le sentiment, à travers mon œuvre, de rattacher ces personnes les unes aux autres et, plus largement, de créer du lien entre l’humanité toute entière. »

 

Les objets trouvés font partie de la vie. Après ses sculptures de bois, El Anatsui a commencé à travailler avec des capsules. Des centaines, des milliers. Il adore les objets trouvés, parce qu’ils font partie de la vie. « Quand vous touchez des choses qui ont été utilisées auparavant, il se crée une connexion. Parce qu’elles ont été utilisées par l’homme, elles ont une histoire. » L’utilisation d’objets trouvés n’est pas une nouveauté en Afrique. Dans l’art traditionnel africain, les matériaux comme le bois, la peau ou les plumes provenaient de l’environnement dans lequel évoluaient les artistes. Cet héritage, El Anatsui le transmet à ses étudiants. « Pour en faire quelque chose de grand, d’étourdissant pour l’observateur. »

 

En quête de liberté, Installation d'El Anatsui, visible à La Conciergerie de Paris jusqu'au 14 novembre 2021.

Partager sur
Fermer