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« Falaise », le nouveau défi de Baro d’evel

par Véronique Giraud
Falaise, seconde création de la compagnie Baro d'evel. Un spectacle en noir et blanc@François Passerini
Falaise, seconde création de la compagnie Baro d'evel. Un spectacle en noir et blanc@François Passerini
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 16/01/2020
Une haute falaise noire. Il n’en faut pas davantage à Baro d'evel, avec ses compagnons artistes, pour réaliser un instant où de multiples vies s’extraient de la surface inerte, un instant éclairé d’animaux blancs, de signes blancs, de corps blancs et noirs. Au théâtre Jean-Claude Carrière pour Montpellier Danse et le Domaine d'O.

Quand on l’interroge sur la raison qui l’a poussé à dessiner, Charles Berbérian dit simplement : « c’est que par le dessin tout devient possible ». Ici il ne s'agit pas de dessin mais de danse et d'acrobatie, mais l’impression donnée par le spectacle Falaise de Baro d'evel est la même : avec le corps, tout devient possible.

Pour sa seconde création, la compagnie Baro d'evel du duo franco-catalan Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias a choisi comme terrain d’expression une haute falaise noire. Imposante, fermant la perspective du plateau du théâtre Jean-Claude Carrière, elle semble indestructible, infranchissable. Or, par la gestuelle de huit magnifiques artistes, elle va peu à peu se perforer des intrusions de corps uniques ou enchevêtrés les uns aux autres, et se prêtera à mille chevauchements virtuoses. Entre ses pans acérés, des vols de pigeons blancs, les allées venues d’un magnifique cheval, blanc également, des envolées de danseurs, de beaux chants plein de ferveur, les chocs d’altercations débouchent sur un sinueux ballet des corps martelant des talons au rythme de la musique.

 

L'impuissance à maîtriser l'autre. Au fil de ce spectacle éclairé d’humour, quelques rares mots sont prononcés, provoquant les rires. Des expressions banales, des phrases jamais finies, qui ne sont pas là pour dire ou ordonner, mais accompagnent les mouvements, ceux du cheval, ceux des pigeons, ceux des femmes et des hommes. De manière candide, enfantine, les « ben quoi », les « ben non », « ça peut pas durer », préviennent de l’impuissance à maÎtriser l’autre, l’interrogeant, l’encourageant, le dissuadant aussi de se jeter du haut de la falaise, de porter secours à un être inanimé. Un grand éventail des relations humaines se traduit ici en gestes d’une grande élégance, d’une grande tendresse aussi. Les corps virevoltent, se frôlent puis se détachent doucement. Les langages du corps, de la voix, de la danse collective, le lien entre homme et animal occupent l’espace, sans relâche, inventant de nouveaux instants.

 

Falaise, Baro d'evel. Auteurs, metteurs en scène : Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias. Au plateau : Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Claire Lamothe, Blaï Mateu Trias, Oriol Pla, Julian Sicard, Marti Soler, Guillermo Weickert, un cheval et des pigeons. Collaboration à la mise en scène : Maria Munoz, Pep Ramis / Mal Pelo. Collaboration à la dramaturgie : Barbara Métais-Chastanier. Les 15 et 16 janvier 2020 au Théâtre Jean-Claude Carrière dans le cadre des saisons de Montpellier Danse et du Domaine d'O.

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