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Venice VR, l’art immersif au Centquatre-Paris

par Jacques Moulins
CNC Jan Kounen © Stella Jacob pour Diversion cinema
CNC Jan Kounen © Stella Jacob pour Diversion cinema
Arts visuels Numérique Publié le 31/08/2021
Un art nouveau à découvrir sous casque de réalité virtuelle. Pour la seconde édition du Venice VR Expanded, festival associé à la Mostra de Venise, le Centquatre-Paris offre un panorama mondial des œuvres immersives.

L'appellation est peu connue, bien que l’art immersif ne soit pas récent. L’idée de plonger une personne au sein même de l’œuvre s’est réalisée en de nombreux endroits, parmi lesquels les fêtes de la lumière de Lyon ou encore dans la cathédrale d’images des Baux-de-Provence où sont projetées des photos surdimensionnées de tableaux de grands peintres sur les murs de la carrière de calcaire. Mais les nouvelles technologies de la réalité virtuelle, en offrant de pousser loin les limites des effets immersifs, a révolutionné cet art. La Cité des sciences de la Villette à Paris avait présenté, il y a quelques années, des fictions immersives en faisant grimper le spectateur à bord d’un simulateur de bord permettant d’épouser les mouvements du film.

Depuis, les casques de réalité virtuelle ont offert de nouvelles perspectives artistiques que le festival de cinéma de la Mostra de Venise n’a pas laissé échapper en créant en 2020 une section spéciale, dénommée Venice VR Expanded, à découvrir sur une île dédiée de la lagune.

Comme toutes les manifestations culturelles, le festival a mal vécu les restrictions sanitaires et les confinements. Mais ses deux commissaires, Liz Rosenthal et Michel Reilhac, ne se sont pas laissé impressionner par ces contingences matérielles et ont décidé de voler en virtuel hors des frontières. Ainsi est né un réseau de satellites qui, en France, s’est posé au Centrequatre-Paris.

 

« Des formes d’évasion nouvelles ». Quoi de plus naturel, le centre d’art parisien se définissant « lieu infini de culture et d’innovation » ? Sa directrice de l’innovation, Marialya Bestougeff, n’en a pas moins été « très heureuse d’être partenaire », d’autant qu’elle voit dans les créations présentées « des formes d’évasion nouvelles pour tous les publics ».

Ce n’est pas le moindre attrait de ce festival décentralisé. Offrir à tous les publics (et particulièrement aux moins de 25 ans qui bénéficient d’une réduction de 50% à 5 euros l’entrée) les moyens de coiffer un casque et de suivre, une heure durant, les créations de leur choix. Celui-ci s’opère entre 31 œuvres venues de 21 pays, avec l’aide de médiatrices et médiateurs.

L’expérience est d’autant plus attractive que le processus créatif en art immersif est assez récent pour dépasser les codes du cinéma ou de la BD qui lui sont proches. C’est avec curiosité que l’on se coiffe du casque qui sépare du monde extérieur. On s’envole alors pour un voyage inconnu où la narration peut laisser place aux développements graphiques, et les scènes de suspense à l’impressionnante immersion à 360 degrés. Il suffit parfois de pencher la tête pour s’apercevoir que l’on nage dans le vide, sensation liée à un dispositif dont les réalisateurs de Hollywood n’avaient même pas rêvé.

 

Des possibilités créatives infinies. L’immersion permet des effets qui procurent des sensations de toute nature. Les artistes l’ont bien compris, ils ne se cantonnent pas à un remake des films d’aventure, mais se positionnent sur des champs d’investigation et des domaines esthétiques des plus variés. L’historique et le social sont à l’œuvre dans une création qui s’empare du sujet des maisons closes dédiée aux soldats américains en Corée. Dans une autre œuvre, Hsin-chien Huang plonge spectatrice et spectateur au milieu d’une zone de guerre que l’on explore, inquiet, à 360 degrés. Avec Les Anges d’Amsterdam, Anna Abrahams et Avinash Changa nous entraînent dans une auberge hollandaise du XVIIIe siècle.

L’interactivité est possible, mais pas obligatoire. On peut sentir tout à coup que la main porte un flambeau et qu’il suffit de la lever pour s’éclairer. Qu’un regard insistant de notre part va déclencher l’historique d’un personnage. Les possibilités d’utilisation et de création sont infinies et c’est bien un des plus beaux attraits de cet art naissant.

Le festival se déroule jusqu’au 19 septembre. Il accueille le public à raison de douze personnes par heure et il vaut mieux s’inscrire au préalable sur le site du Centquatre. Mais le festival, c’est aussi un jury présidé par la réalisatrice Michelle Kranot, et trois prix, pour la meilleure œuvre, la meilleure expérience et la meilleure histoire. Dix-neuf projets sont en compétition. Marialya Bestougeff rappelle encore que, « lieu d’innovation, le Centquatre-Paris est également un incubateur qui aide des entreprises innovantes comme Diversion cinema ». Cette dernière est d’ailleurs l’une des partenaires de cette seconde édition du festival des plus étonnantes.

 

 

Venice VR Expanded 2021. Festival d’art immersif au Centquatre-Paris, 5 rue Curial (19°). Du 1er au 19 septembre. En partenariat avec Diversion cinema et avec le soutien du programme européen S2S, du CNC, de l’Institut Français et d’UniFrance.

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