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Graziano Arici se livre en séries au musée Réattu

par Véronique Giraud
Série Le Grand Tour, Naples,
2019, appareil photographique
numérique © Graziano Arici
© Graziano Arici
Série Le Grand Tour, Naples, 2019, appareil photographique numérique © Graziano Arici © Graziano Arici
Série The State of Things,
Tbilissi, Géorgie, 2019, appareil
photographique numérique © Graziano Arici
Série The State of Things, Tbilissi, Géorgie, 2019, appareil photographique numérique © Graziano Arici
Série Le Grand Tour, Rome, 2019,
appareil photographique numérique
© Graziano Arici
Série Le Grand Tour, Rome, 2019, appareil photographique numérique © Graziano Arici
Série Le Grand Tour, Florence, 2019, appareil photographique numérique © Graziano Arici
Série Le Grand Tour, Florence, 2019, appareil photographique numérique © Graziano Arici
@ Graziano Arici
@ Graziano Arici
Le photographe Graziano Arici, présentant ses œuvres exposées au musée Réattu à Arles. ©RIvaudNAJA
Le photographe Graziano Arici, présentant ses œuvres exposées au musée Réattu à Arles. ©RIvaudNAJA
Arts visuels Photographie Publié le 18/06/2021
Graziano Arici revisite les photos de son enfance, capte la tristesse d' un paysage, les hommes qu'on abandonne comme des objets, l'Italie derrière la carte postale. Autant de recherches personnelles que le photographe italien a réalisées pendant des années et qu'il expose pour la première fois.

Dans son costume noir, coiffé d’un chapeau de paille, Graziano Arici porte en bandoulière son appareil photo. Invité du musée Réattu d’Arles, ville où il s'est installé en 2012, le photographe italien y livre des images de sa production personnelle. Présentées pour la première fois au public, ces images témoignent à la fois d’une noire sensibilité au monde d’aujourd’hui et d’une grande exigence esthétique. Après l’exposition, ces photos rejoindront les collections du musée.

Noires sont les images présentées du 12 juin au 3 octobre au Musée Réattu. Le premier face à face avec les photographies de Graziano Arici a lieu en noir et blanc dans la chapelle de l’ancien prieuré. Formant sur la pierre une fresque sombre, crépusculaire, le carnaval et une scène d’inondation à Arles cernent les murs. Au côté de saisissants portraits pris pendant le carnaval de Venise, première série personnelle datant de 1979, les images d’Arles sont les premières que le photographe a réalisées en 2012. Première fois et hiver lient ces deux séries noir et blanc. L’hiver, saison du carnaval, l’hiver de la nature, l’hiver de la vie aussi, comme le confie délicatement Graziano Arici, aujourd’hui octogénaire. Il a intitulé cette exposition Now is the Winter of our Discontent (« Voici l’hiver de notre colère »), c'est la première phrase du monologue du Richard III de Shakespeare. Dans une petite alcôve, où est écrit un poème de Peter Handke, sont accrochées plusieurs petites photos argentiques de famille, où il figure enfant. Le photographe a retravaillé chacune en faisant la netteté sur lui, laissant flou le reste de la photo. Conjuguant techniques du passé et d’aujourd’hui, il revient sur son enfance.

 

 

Noires séries des à côtés. Après cet intermède intime, poétique, les images qui suivent, très esthétiquement agencées en plusieurs séries, donnent une vision très noire de la société. Non pas tant dans la composition, où la beauté prime, que dans ce que l’image sous-tend. « Quand je vois quelque chose qui a du sens pour moi, je me sens obligé de prendre la photo » confie le photographe. Petit à petit, le point de vue devient familier et on se prend à tenter de deviner ce sens que le photographe a voulu saisir. Au-delà de ce qui est montré, on comprend ou on imagine le drame qui se joue.

« On jette des objets comme on jette des femmes et des hommes » constate sobrement le photographe devant les images de sa série Lost Objects réalisée en 2018. S’y succèdent des êtres magnifiquement posés dans un environnement sombre, mais pour chacun on pressent un drame. Ainsi, la photo qui met en premier plan un immense tas de sacs poubelles et en fond l’immense portrait d’une belle jeune femme peint sur une façade. La vision des poubelles abandonnées dans la rue est certes gênante, mais le drame est dans le beau visage souriant de la jeune femme, morte brûlée vive.

« Tout ce qui est beau et grand a ses côtés difficiles ». C’est en ces termes que le photographe explique le choix du titre Le grand tour pour sa série de photos récentes prises en Italie. Alors que le grand tour se réfère au voyage en Europe que se devait d’effectuer tout intellectuel au XIXe siècle et au début du XXe, ici ce sont les à-côtés dérangeants de l’Italie contemporaine qui sont pris dans l’objectif, les vestiges romains se retrouvant intimement liés aux signes de la consommation que sont les poubelles de la rue, les panneaux routiers et autres climatiseurs.

 

En argentique comme en numérique, exclusivement au format carré pour se protéger de la diffusion sauvage des réseaux sociaux, les images personnelles que livrent à Arles Graziano Arici vont bien au delà d'une réflexion documentaire. Procédant de l'exigence d'un projet d'auteur, chaque série s'inscrit dans un processus dans très maitrisé, toutes partagent un regard aiguisé et sans concession sur les reflets de la vie, de la ville. Sans autre fard que l'art de la composition, cette lucidité ombrageuse que porte sur la société ce collecteur d'images accompagne longtemps.

 

Now is the Winter of our Discontent, exposition des photographies de Graziano Arici. Du 12 juin au 3 octobre au Musée Réattu - Arles.

 

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