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« Il vizio della speranza », l’espoir dans un monde désenchanté

par Stoyana Gougovska
"Il vizio della speranza" film d'Edoardo De Angelis. DR
Cinéma Film Publié le 29/10/2018
Projeté lors du festival Cinemed de Montpellier "Il Vizio della speranza", film italien d'Edoardo De Angelis nous amène aux confins de notre société. Explication avec le producteur Pierpaolo Verga et l'actrice Marina Confalone.

Pour ses quarante ans, Edoardo De Angelis s’est offert un long métrage qui s’inscrit dans le beau renouveau du cinéma italien. Ami d’Emir Kusturica, qui l’a aidé à la production de ses premiers films, il s’attaque aujourd’hui à un monde marginal où l’on vit de la vente des enfants à une frontière improbable, de l’autre côté du fleuve. Maria (interprétée par Pina Turco) transporte des femmes enceintes de l’autre côté de la rive. Là, leurs bébés leur seront retirés pour être vendus à des femmes qui ne peuvent pas en avoir. Dans cet univers glauque émerge un personnage inimaginable, la vieille tante, couverte de bijoux et patronne de ce commerce illicite.

Présente au festival Cinemed de Montpellier, où Il Vizio della speranza (Le vice de l’espoir) a été projeté en avant-première, Marina Confalone, qui interprète le rôle de la tante, est éloquente sur ce personnage hors-norme : « Ce n’est pas un personnage cliché, c’est quelqu’un qui vit une vie de résistance. Très attachée aux biens matériels, elle se remplit d’héroïne pour combler ce vide émotionnel, mais finalement elle a plusieurs facettes ». Parmi lesquelles, l’exercice du pouvoir sur les autres, mais l’amour qu’elle pour sa nièce. « C’est un personnage tragique, et les personnages tragiques sont des personnages forts. On court le risque, quand on joue un personnage fort, que le mérite aille complètement au personnage, pas à l’acteur. »

 

L’espoir rend visite à Maria. La « speranza » va tomber sur Maria comme un rêve latent. Mais il va falloir l’assumer, et c’est toute l’intrigue du film. Comme il se doit, l’événement inattendu va remettre en cause la docilité de la jeune fille, ou plutôt sa résignation. Tout cela dans un monde quasi exclusivement féminin qui donne une tonalité effectivement féministe : « Edoardo grandit dans une famille exclusivement composée de femmes, explique le producteur Pierpaolo Verga. Et il a su récréer un monde exclusivement fait de femmes dans lequel on demande à l’homme de recouvrir enfin un rôle digne ».

Car un homme va jouer un rôle considérable dans la transformation de la vie de Maria, mais n’en est pas à l’origine et n’apparaît pas non plus comme le sauveur. Le sauveur, c’est l’espoir. « On a choisi ce titre paradoxal, parce qu’il a en soit la double valeur que l’espérance peut avoir. Ça peut être un vice qui te rend apathique et passif vis-à-vis de la vie, mais en même temps un vice magnifique qui peut te rendre actif, réactif, révolutionnaire par rapport à la liberté » explique encore Pierpaolo Verga. Le film tourne autour de Maria, d’une ambition qui naît dans un monde où elle n’a pas sa place. « Elle ne peut pas se contenter de ça, elle va évoluer, sinon c’est infernal » conclut le producteur.

 

Il Vizio della speranza (Le vice de l’espoir), film italient d'Edoardo De Angelis. Sur les écrans le 22 novembre 2018. Avec Pina Turco, Marina Confalone, Massimiliano Rossi, Cristina Donadio.

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