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Mot de passe oublié ?Quelle est la place de l'art contemporain dans le musée national de l'histoire de l'immigration ?
Dès le départ, l’art contemporain a été inscrit dans l’ADN du musée. C’est un musée d’histoire, il s'agit de parler de deux siècles d’immigration en France à travers bien sûr le récit des historiens, des documents historiques et à travers des témoignages. Mais nous nous sommes aperçu que beaucoup d’artistes contemporains, qu’ils soient français ou étrangers, qu'ils vivent ici ou ailleurs, s’emparent de plus en plus de ces thématiques liées aux migrations, aux frontières, aux déplacements, à l’hybridation des pratiques culturelles et artistiques, aux questionnements identitaires. Dès le départ, comme une gageure, nous avons essayé de construire une collection d’art contemporain. Elle n’est pas très importante, mais nous la prêtons beaucoup.
Comment les artistes sont-ils sélectionnés ?
J’insiste sur le fait que ce n’est pas parce que les artistes sont étrangers qu’on les propose dans la collection, c’est le sujet qu’ils abordent qui nous intéresse. Le travail du photographe français Mathieu Pernot sur les migrants clandestins est d’ailleurs présent dans la collection. Il fallait que ces œuvres, tous médium confondu, soient porteuses de sens. C’était une porte d’entrée, comme l’histoire et le témoignage, susceptible de sensibiliser à la problématique du musée.
Ce parti pris se retrouve en effet dans les expositions du musée dans lesquelles sont méles des œuvres d’artistes contemporains. Pour celle en cours, Ciao Italia !…, qui a demandé un an et demi de préparation, comment avez-vous procédé ?
Il y a eu un commissariat tripartite, Dominique Païni, commissaire général de l'exposition, Stéphane Mourlane, maître de conférence à Aix-Marseille et spécialiste des questions migratoires. Nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il y a cette œuvre de l’artiste égyptien Moataz Nasr qui nous intéressait parce qu’elle est symbolique de la Dolce Vita, mais surtout nous avons fait appel à une jeune artiste vénitienne, Giulia Andreani. Elle est venue s’installer en France en 2008 et elle s’est emparée de notre matériel historique, d’archives, de photographies, qu’elle a réinterprété à sa manière. Celle d’une artiste contemporaine immigrée. Elle nous donne sa vision par le filtre du gris de Payne (un gris foncé à tendance bleue). Pour Ciao Italia !, le Musée national de l’histoire de l’immigration a commandé à Giulia Andreani des œuvres qui jalonnent le parcours de l’exposition. On retrouve sa réinterprétation d’images mythiques : cireurs napolitains, les fermiers et raboteurs, publicité Campari mais aussi des portraits d’antifascistes qui ont quittés l’Italie à l’instar de Luigi Longo, Sandro Pertini, Filippo Turati ou Francesco Nitti.
Quelques artistes contemporains à découvrir dans l'exposition : Giulia Andreani, Alain Flescher, Janis Kounellis, Moataz Nasr, Julie Polidoro.
Ciao Italia ! Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France (1860-1960), exposition présentée du 28 mars au 10 septembre 2017 au Musée de l'histoire de l'immigration - Palais de la Porte Dorée.