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Jean-Claude Izzo, vie et mort d’un Marseillais

par Jacques Mucchielli
Jean-Marc Matalon consacre une biographie à l'écrivain marseillais Jean-Claude Izzo. DR
Jean-Marc Matalon consacre une biographie à l'écrivain marseillais Jean-Claude Izzo. DR
Livre Biographie Publié le 08/02/2018
Jean-Claude Izzo est enfant de Marseille. Il est connu pour ses romans policiers et son personnage Fabio Montale. Mais il était bien plus que cela, comme le raconte Jean-Marc Matalon dans une biographie pubiée par l’éditeur en ligne Nouvelles Lectures. Extraits.

Marseillais, Jean-Marc Matalon a travaillé à La Marseillaise, quotidien régional où exerçait l’écrivain Jean-Claude Izzo à qui il consacre aujourd’hui une biographie. Sa carrière l’a ensuite entraîné dans les rédactions du Provençal, de Radio Monte Carlo, d’Associated Press, et du Moniteur. Dans l’ouvrage dédié à son aîné, il raconte cette ville si particulière en France, un port où ont échoué tant de communautés qui vivent ensemble, une jeunesse à l’affut d’autres mondes, et cette aventure du journalisme local. Jean-Claude Izzo est connu pour le personnage de Fabio Montale, incarné à l’écran par Alain Delon, qui poursuit sa carrière à travers plusieurs ouvrages de la Série Noire, dont Total Khéops aujourd’hui encore record des ventes de la série. L’écrivain, qui est revenu mourir dans sa ville natale en janvier 2000, est également l’auteur de romans (dont le très beau Soleil des mourants), de recueils de poèmes, de scénarios de film et de pièces de théâtre.

Cette biographie courte est publiée dans la collection Duetto, une idée originale d’œuvres numériques téléchargeables en ligne sur le site de l’éditeur Nouvelles Lectures. En voici quelques extraits.

« Passé Avignon, un ciel charbonneux avait brusquement enveloppé le paysage. (…) A travers la vitre sale du TGV, on ne devinait plus que l'ombre furtive des platanes. Parfois, un ruban de lumière crue zébrait l'autoroute en contrebas de la voie. L'orage éclata au débouché du tunnel des Treize vents, quelques minutes avant l'arrivée en gare Saint-Charles. Comme si Marseille punissait par le déluge ceux qui reviennent après une trop longue absence. Comme s'il fallait forcément se laver de l'exil avant de remettre les pendules à l'heure de Notre-Dame-de-la-Garde. »

« "On était le 2 juin, il pleuvait", écrit Jean-Claude Izzo, dans les premières lignes de Total Khéops, quand le rideau se lève sur la trilogie retraçant la vie et la mort du flic Fabio Montale. Ugo, premier - et éphémère - personnage du roman débarque à Marseille après vingt ans d'errance. Rincé comme je le suis aujourd'hui sur le parvis de la gare, à la recherche d'un improbable taxi à destination du Vieux Port. Grelottant dans son blouson d'été, Ugo coupe à travers les rues lépreuses de la Porte d'Aix et de l'îlot Belsunce. D'un pas pressé, il met le cap sur le Panier. »

« Le Panier, c'est le quartier où Ugo a grandi. Avec Manu et Montale, il a fait les quatre cents coups sur le pavé luisant de cette butte insalubre. Il y a trois mois, Manu est mort. Exécuté en sortant d'un bistrot. Fabio Montale, lui, n'apparaîtra qu'au chapitre suivant. Pour le moment, Ugo n'a qu'une idée : venger Manu. Mais avant de vider son chargeur dans le ventre du salaud qui a commandité le meurtre de son ami, Ugo retrouve Lole, rue du Refuge. Une rue sombre, humide et étroite qui n'a jamais si bien porté son nom. Jadis, les trois copains ont aimé la belle gitane... L'un après l'autre, d'une même passion. Tous trois se souviendront à jamais du parfum de sa peau ambrée. "Ses aisselles, pendant l'amour, sentaient le basilic", écrit Izzo. »

« Alors que le Panier déborde sous l'averse, auprès de Lole, Ugo respire le passé à pleins poumons. Il se remplit des couleurs, des saveurs et de l'odeur de l'enfance. Sans doute hume-t-il déjà celle de la mort... »

© Jean-Marc Matalon / Nouvelles Lectures, mai 2017

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