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Mot de passe oublié ?"Au Japon, j’ai toujours aimé me balader dans la nature, cela m’a toujours inspiré ". Née et ayant grandi à Tokyo, Akashi Murakami y a appris la céramique utilitaire dans un centre culturel, en pratique amateur. Ne résistant pas à son envie de voyager, elle parcourt l’Europe et découvre la France. " Je suis tombée amoureuse de ce pays ", déclare-t-elle. Bien décidée à y vivre, elle vient y passer quelques temps, puis passe un concours pour faire de la céramique plus sérieusement. Elle s’inscrit alors à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg où, pendant quatre ans, elle apprend ce qui va devenir son métier. Mais l'apprentissage d'un artisan est long. La jeune fille fait un stage à Limoges, encadré par Christian Couty, puis va à la rencontre d'Enrique Mestre en Espagne et, en 2005, décroche une résidence artistique au Japon à la maison culturelle de la céramique à Shigaraki.
Depuis dix ans qu’elle habite à Marguerittes près de Nîmes, elle n’a pas eu l’occasion de montrer ses œuvres dans la région. Peu de lieux accueillent les artistes céramistes. Adhérente aux Ateliers d’Art de France, elle a participé à plusieurs expositions de l’organisation professionnelle en France, principalement à Paris, en Europe également, en Suisse, Allemagne, Danemark, Belgique, Espagne. Alors l’ouverture de la maison des métiers à Pézenas en 2012 a été une magnifique opportunité pour celle qui, deux ans plus tard, fut lauréate du concours des Ateliers d'Art de France en Languedoc-Roussillon.
Heureuse d'être céramiste. Pas facile d'en vivre mais heureuse d’être céramiste. La jeune femme crée dans son atelier, seule : " j’ai besoin d’être seule quand je travaille ". Son œuvre est inspirée par la nature : " depuis quelques temps, je me pose des questions par rapport à nous êtres humains, par rapport à la nature aussi. J’ai l’impression qu’avant on vivait vraiment ensemble, qu’on puisait nos ressources dans la nature sans la détruire. Aujourd’hui, et depuis pas mal de temps, l’être humain essaye de contrôler, de faire selon son plaisir et pour consommer. Mais quand je me balade dans la nature sauvage, je ressens sa force. Le séisme et le tsunami au Japon m’ont fait prendre conscience qu’on n’est pas au-dessus de la nature, mais à égalité. Quand on observe la nature, on ne peut que constater que la forme qui est le produit de conditions naturelles est forte. On ne peut pas fabriquer une forme faite par le vent, usée par le temps, l'eau, les insectes, etc. " C’est ce qu’elle veut montrer avec son art. « Je m’inspire de cette forme pour mouler en plâtre et réaliser en céramique. Et à ce moment-là, en tant qu’artiste et personne, je suis au même niveau. J’interviens à ce moment-là pour créer ma pièce. » Quand on demande à Akashi Murakami si elle est artisan ou artiste, elle répond que pour elle c’est pareil. « Au Japon, les céramistes traditionnels sont des artistes. Je trouve que c’est dommage de séparer artiste et artisan. »
La plupart de ses pièces sont de petite taille. La jeune céramiste est contrainte par la technique du moulage. Le moulage en plâtre est deux fois plus volumineux que la pièce à mouler, lourd aussi. Sa plus grande pièce s'appelle Mue, elle l’a fabriquée au Japon lors de sa résidence d’artiste. « Là-bas, il y avait un grand four et j’étais aidée par des techniciens ». Cette pièce en grès avec engobe de porcelaine à la cendre d’os est recouverte d’un émail transparent comprenant du mica. Ce qu'ils ont pensé de ses créations ? « Certains céramistes japonais trouvaient que mes créations avaient un côté européen. En France, quand je les présente, tout le monde trouve que c’est très japonais ». Elle sourit.
Son site : Akashi Murakami
Ses œuvres sont visibles jusqu'au 17 mai à la Galerie Empreintes - Le Mas - 63970 Aydat