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« La Dernière Nuit du Monde », vers une société sans sommeil

par Élisabeth Pan
La dernière nuit du monde, Fabrice Murgia, 2021 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
La dernière nuit du monde, Fabrice Murgia, 2021 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Arts vivants Théâtre Publié le 12/07/2021
C’est bien connu, « la nuit porte conseil », mais alors que faire sans elle ? La dernière nuit du monde explore la possibilité d’un monde où dormir n’est plus une nécessité, où la nuit n’est plus. Fabrice Murgia et Laurent Gaudé se réunissent pour ce projet nourri de réflexion sur l’humanité.

S’appuyant sur l’essai de Jonathan Crary, 24/7, et sur les recherches sur le besoin de sommeil, le metteur en scène Fabrice Murgia et l'écrivain Laurent Gaudé s’interrogent : jusqu’où la société de consommation poussera la démesure ? Supprimer le cycle naturel du sommeil afin de permettre une exploitation matérialiste continue semble être la prochaine étape. Considérant la nuit comme « l’un des derniers bastions de résistance de l’humanité », et que « l’homme n’est pas encore une machine », les auteurs prolongent leur réflexion sur les planches.

La société qu’introduisent les deux artistes est sur le point de basculer. Fabrice Murgia remonte sur les planches pour assumer le rôle du protagoniste chargé de la publicité autour d'une invention qui va changer l’humanité : une pilule qui permet de ne dormir que 45 minutes pour se sentir reposé comme après une bonne nuit de sommeil. Une invention qui engage la fin de la nuit. Sa femme, interprétée par Nancy Nkusi, est elle opposée à ce projet, arguant qu'une telle pilule met en péril tout ce qui lui apporte du bonheur comme se réveiller après une nuit reposante, ou aller à sa fenêtre pour écouter le chant des oiseaux et retourner au lit pour profiter de la matinée.

Les deux personnages offrent au public deux visions possibles : soit une solution révolutionnaire au manque de temps dont il est sans cesse question de nos jours, soit une mise à mort de tout ce qui nous tient à cœur pour agrandir le marché des âmes.

 

Chaque minute gagnée. La mise en scène présente intelligemment les deux protagonistes, accompagnés parfois d’autres personnages avec lesquels, par le truchement d’un écran, ils communiquent. Cet écran matérialise la différence entre le réel et la fiction, entre le présent et le souvenir.

Guidés par le protagoniste, les spectateurs sont les témoins de la dernière nuit du monde, de la dernière fois qu’une nuit représentera réellement la nuit. Dans ce moment très touchant, les rues ne sont que célébration, chacun veut être avec ses proches pour profiter du moment au maximum. Comme si la nuit ne devait jamais finir, ne devait pas s’échapper. Chaque minute gagnée doit être vécue avec l’autre, passée à être heureux. Le côté contre-nature n’échappe cependant pas, car dormir en devient surréel, presque repoussant. Tout s’inverse et le naturel devient obscène.

La pièce, sans chercher à donner une opinion moraliste, rappelle que la priorité devrait toujours rester l’humain, l’autre. Le projet tourne autour du contre-nature de cette pilule, et des implications qu’une telle invention pourrait avoir sur la nature humaine.

 

La dernière nuit du monde, texte Laurent Gaudé, mise en scène Fabrice Murgia. Avec Fabrice Murgia et Nancy Nkusi. Les 7, 8, 9, 10, 12 et 13 à 22h au Cloître des Célestins. Puis du 17 au 20 juillet à 22h au Cloître des Carmes, dans le cadre du Festival d'Avignon 2021.

Ce texte de Laurent Gaudé est publié aux éditions Actes Sud Papiers.

Dates de tournée : Du 31 août au 1 septembre à Liège - Théâtre de Liège. Le 11 septembre à Soumagne au Centre culturel. Du 14 au 18 septembre à Bruxelles au Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Du 6 au 8 octobre à Charleroi – L'Ancre lien. Du 12 au 13 octobre à Anvers – Toneelhuis. Du 21 au 24 octobre à Madrid – Centro Dramático Nacional. Le 1er mars à Draguignan – Théâtres en Dracénie. Le 8 mars à Brugge – Cultuurcentrum. Du 11 au 12 mars à La Louvière – Central | Le Théâtre. Du 16 au 17 mars à Albi – Scène Nationale.  Le 22 mars à Vitry-sur-Seine – Théâtre Jean Vilar.
Du 24 au 26 mars 2022 Namur – Théâtre de Namur lien externe ouvrir dans un nouvel onglet
Du 10 au 14 mai 2022 Bruxelles – Théâtre National Wallonie-Bruxelles

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