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« La duchesse d’Amalfi », une héroïne élisabéthaine libre

par Véronique Giraud
LA DUCHESSE D’AMALFI
John Webster, mise en scène de Guillaume Severac Schmitz, Collectif Eudaimonia. © Christophe Raynaud de Lage
LA DUCHESSE D’AMALFI John Webster, mise en scène de Guillaume Severac Schmitz, Collectif Eudaimonia. © Christophe Raynaud de Lage
Bosola et la Duchesse d'Amalfi. ©Christophe Raynaud de Lage
Bosola et la Duchesse d'Amalfi. ©Christophe Raynaud de Lage
LA DUCHESSE D’AMALFI, John Webster, pièce mise en scène par Guillaume Severac Schmitz, Collectif Eudaimonia. Avec Jean Alibert, Francois de Brauer, Baptiste Dezerces, Lola Felouzis, Eleonore Joncquez, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson. © Christophe Raynaud de Lage
LA DUCHESSE D’AMALFI, John Webster, pièce mise en scène par Guillaume Severac Schmitz, Collectif Eudaimonia. Avec Jean Alibert, Francois de Brauer, Baptiste Dezerces, Lola Felouzis, Eleonore Joncquez, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson. © Christophe Raynaud de Lage
Arts vivants Théâtre Publié le 18/04/2019
Vivre librement ses désirs. C'est au tournant de la Renaissance que l'individu s'est ainsi affirmé. Mais quand l'individu est une femme, naît alors le drame. Tout le sujet de "La duchesse d'Amalfi", pièce de l'élisabéthain John Webster mise en scène par Guillaume Séverac-Schmitz.

Rares sont les pièces du XVIIe siècle élisabéthain dont l’héroïne est une femme. Rares aussi les occasions de voir représenté le théâtre de John Webster (vers 1585-vers 1625). Ce cadet de Shakespeare a pourtant un immense talent et son verbe est délectable. Guillaume Séverac-Schmitz a relevé le défi de mettre en scène sa tragédie La duchesse d'Amalfi. Traduits par Clément Camar-Mercier, les mots écrits en 1612 trouvent le langage d’aujourd’hui sans rien ôter à la crudité du langage d'alors. Ils mettent en avant la singulière ambition de ce grand dramaturge anglais de donner la parole à une femme, avec des dialogues directs. Cette femme, une jeune Italienne, veuve d’un duc, est contrainte, pour vivre librement ses désirs, de se mesurer à ses deux frères ambitieux, le duc Ferdinand de Calabre et le cardinal d’Aragon. L’un possessif, l’autre privilégiant l’honneur, lui interdisent de se remarier, prêts à toutes les atrocités, et la font espionner par Bosola, un personnage ambigu, balance entre bien et mal, entre légèreté et esprit, exprimant tout à la fois son admiration, sa compassion sincère, et manifestant une violence assumée.

La liberté coûte cher. De la jeune duchesse on admire les embrasements envers son intendant aimé : « puisque personne n’ose me courtiser, c’est à moi de le faire », tout comme son indéfectible résistance : « je veux vivre coûte que coûte », et ses ruses pour défier ses frères et préserver son haut rang. Certaines de ses paroles résonnent fortement avec aujourd’hui : « Que l’on ne se souvienne plus du nom des tyrans Mais seulement du mal qu’ils n’ont cessé de faire ». Tout la dramaturgie élisabéthaine est là. Avec la Renaissance, l'individu s'est permis de s'affirmer. Avec la Réforme, il s'est autorisé à avoir son propre destin. Cela vaut pour les hommes, qui ordonnance cette prise de liberté. John Webster a l'audace d'adjoindre la femme à cette œuvre émancipatrice. Mais sans illusion, comme l'exprime ce drame. Une sobre scénographie sert la mise en scène énergique de Guillaume Séverac-Schmitz, fidèle en cela au caractère excessif de la pièce.

 

La duchesse d'Amalfi de John Webster (vers 1585-vers 1625). Mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz. Avec Éléonore Joncquez, Jean Alibert, François de Brauer, Baptiste Dezerces, Lola Felouzis, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson. Théâtre de Nîmes, les 17 et 18 avril. (Reprise à partir de février 2020).

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