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L’art subversif de Basquiat et Schiele à la Fondation Louis Vuitton

par Véronique Giraud
En peignant frénétiquement sur des portes, sur des fenêtres, Basquiat affirmait sa liberté de créateur, exprimant haut et fort l'humanité noire et se détachant délibérément de l'art minimaliste dominant les années 80 aux États-Unis. 
Jean-Michel Basquiat Grillo 1984 - Acrylique, huile, collage papier, crayon gras et clous sur bois. © Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage
En peignant frénétiquement sur des portes, sur des fenêtres, Basquiat affirmait sa liberté de créateur, exprimant haut et fort l'humanité noire et se détachant délibérément de l'art minimaliste dominant les années 80 aux États-Unis. Jean-Michel Basquiat Grillo 1984 - Acrylique, huile, collage papier, crayon gras et clous sur bois. © Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage
nde couchée
nde couchée", 1914, The Baltimore Museum of Art, Fanny B. Thalheimer Memorial Fund and Friends of Art Fund © Mitro Hood
Arts visuels Arts plastiques Publié le 11/10/2018
Les expositions Basquiat et Schiele organisées à la Fondation Louis Vuitton expriment combien l'art le plus subversif peut inspirer les plus folles spéculations du marché de l'art. Pour le public, l'événement donne l'occasion de se confronter à deux jeunes artistes qui ont mis l'énergie de leur courte vie au cœur de leur création, faisant courageusement face aux tabous.

La Fondation Vuitton à Paris expose simultanément deux artistes rebelles, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Egon Schiele (1890-1918). Leur vie fut courte mais, en une décennie, chacun a bousculé l’histoire de l’art et des mentalités. Le premier a fait chavirer une société américaine revendiquant la suprématie blanche du poids de ses mots et de ses dessins revendiquant clairement la visibilité de l’homme noir. Le second a mis à mal l’Académie et la morale bourgeoise autrichienne du début du XXe siècle en inondant ses papiers de corps nus d’hommes et de femmes. Dans le temple du luxe qu’est la fondation Louis Vuitton, exposer ces artistes ne manque pas de panache. Il faut dire que les ventes de leur cote atteint des records, en particulier celle de Basquiat dont une œuvre réalisée alors qu’il n’avait que 21 ans a été vendue pour un montant record de 110, 5 millions de dollars aux enchères en 2017. L’œuvre n’avait pas été vue depuis des années. Achetée aux enchères 19 000 dollars en 1984, elle était restée dans une collection privée, à l’abri des regards. Preuve de la bonne santé du marché de l’art. La vertigineuse spéculation sur l’art organisée par les maisons de vente n’a pourtant en rien entamé la force subversive de leurs œuvres. C’est l’intérêt de ces deux expositions. D’autant que la dernière rétrospective Basquiat date de 2011 au Musée d’art moderne de Paris, et qu’aucune exposition monographique n’a été consacrée à Schiele depuis vingt-cinq ans à Paris. Leur vie fut courte mais d’une créativité intense et géniale, et ils laissent derrière eux une immense production de dessins et de tableaux.

 

Jean-Michel Basquiat reste à jamais l’enfant prodige qui a transformé son exceptionnelle énergie en art. Il a quitté Brooklyn et sa famille à 17 ans et, crâne rasé, a vécu dans les rues de Manhattan en quête de gloire. Explosions de formes, de mots et de couleurs, directement accessibles par tous, ses œuvres ont rencontré le succès dès sa première exposition en galerie. Basquiat n’a pourtant jamais été reconnu par l’élite du monde l’art. À l’époque du propret minimalisme des années 80, aucun musée américain n’a accepté une seule de ses toiles. Le bâtiment de Franck Gehry en accueille plus de 120 parmi les plus significatives. Certaines n’ont jamais été présentées en Europe.

Du côté d’Egon Schiele, qui fut emprisonné en 1912 pour outrage à la morale publique, il est intéressant de constater que le poison instillé par l'intégralité de ses nus fait toujours effet un siècle plus tard. Il suffit de rappeler les incidents liés à la campagne de publicité de l’office de tourisme de Vienne l’an dernier annonçant la rétrospective du peintre illustrateur qui célébrera le centenaire de sa mort en 2018 (article). Considérées trop «osée» par Londres, Cologne ou Hambourg notamment, pour montrer de trop près les parties génitales des modèles.

 

Du 3 octobre au 14 janvier 2019 à la Fondation Louis Vuitton 8 avenue du Mahatma-Gandhi - Bois de Boulogne 75116 Paris

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