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Mot de passe oublié ?Lorsque, le 7 octobre, les forces américaines ont commencé à se retirer du nord de la Syrie pour laisser la place à l’armée turque, tout le monde savait que le président Erdogan entendait prendre sa revanche contre les YPG kurdes (Unités de Protection du Peuple), combattant au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS). Cette « trahison » de Donald Trump à l’égard de ses alliés kurdes a suscité la condamnation des États européens qui, une fois de plus, ont eu bien du mal à s’entendre.
C’est à eux que s’adresse en premier lieu l'appel lancé le 19 octobre par l’écrivain italien Roberto Saviano, auteur de Gomorra, à qui sa dénonciation des méthodes de la Camorra napolitaine vaut aujourd’hui de vivre constamment sous protection policière. Les signataires de l’appel intitulé « Le carnage des kurdes doit être stoppé » font partie des écrivains les plus traduits et les plus respectés dans le monde : les prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch et Herta Müller, l’espagnol Fernando Aramburu, l’argentin Martin Caparros, les italiennes Elena Ferrante et Concita De Gregorio, le péruvien Mario Vargas Llosa, les britanniques Hanif Kureishi et Salman Rushdie, et les français Annie Ernaux, Marc Augé et Bernard-Henry Lévy.
Paru dans le quotidien italien La Repubblica, l’appel met l’Europe face à ses responsabilités : « L’Europe doit faire preuve d’unité, de détermination et de cohésion. Nous ne pouvons pas abandonner les Kurdes à leur sort. Après la trahison de M. Trump, leur dernier recours est de faire appel à l’Europe ». Il estime que « la cause des Kurdes nous concerne » et ce pour trois raisons. D’abord « parce que des guerres sont menées avec des armes que nous fabriquons et que nous vendons (la décision des ministres européens d’interdire les ventes d’armes à la Turquie était une mesure nécessaire, quoi que tardive) ». Deuxième raison, « parce que les Kurdes étaient le seul groupe capable de contenir la pression de Daesh ». Et enfin, poursuit l’appel, « car la Turquie reçoit de l’argent de l’Europe pour stopper les migrants syriens ».
« Tout cela doit nous concerner, poursuit l’appel des écrivains, parce que l’Europe, que certains voudraient voir éclater, doit maintenant montrer qu’elle existe en tant qu’entité politique, territoriale, économique et, par-dessus tout, culturelle. Elle doit s’affirmer comme un endroit où la démocratie existe et, même si elle est compromise, résiste. »