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Le Cinéma Positif prime l’engagement social du 7e art

par Stoyana Gougovska
L'équipe de la semaine Cinéma Positif avec les lauréats  à la remise des  Trophés Positifs
L'équipe de la semaine Cinéma Positif avec les lauréats à la remise des Trophés Positifs
Jacques Attali remet le Grand Prix Positif à Ladj Ly pour son film Les Misérables. DR
Jacques Attali remet le Grand Prix Positif à Ladj Ly pour son film Les Misérables. DR
Voyage for Change, coup de coeur du Jury Positif
Voyage for Change, coup de coeur du Jury Positif
Cinéma Publié le 25/05/2019
En marge du Festival de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif propose une « Palme d’Or » alternative à un cinéma engagé socialement ou politiquement. Cette année, le Prix a été décerné au film de Ladj Ly, « Les Misérables », dont l'engagement sert la justice sociale.

En marge de l’effervescence qui anime le tapis rouge et la compétition pour la Palme d’or, la Semaine du Cinéma Positif oriente ses projecteurs sur plusieurs films s'emparant de problèmes sociaux, politiques ou écologiques d'aujourd'hui. Au-delà de leur qualité artistique, c’est la façon dont ils s’inscrivent dans les débats sociaux actuels qui est prise en considération. Le thème choisi pour la 4ème édition est la justice sociale, en lien avec l’actualité en France et ailleurs.

C'est en ce sens que Positif a attribué en 2019 son Grand Prix au film Les Misérables, dejà en Compétition Officielle (elle-même riche de films traitant des problèmes politiques et sociaux). Ce premier long métrage de Ladj Ly dénonce, sans le simplifier, le problème persistant de la violence policière et le dangereux climat social dans les cités. Pour le réalisateur et son équipe, il s’agit d’une reconnaissance supplémentaire de la prise de conscience qu’a provoquée le film qui a reçu le Prix du Jury du Festival de Cannes, ex-aequo avec le brésilien Bacurau (lui aussi film à fort message politique).

 

Pour un cinéma accessible. L’initiative de la Semaine du Cinéma Positif émane de Positive Planet, fondation que préside Jacques Attali. Son but principal est la levée de fonds en vue d’aider les populations défavorisées par la création de projets et la promotion de l’économie positive. L’évènement est fortement soutenu par le Festival de Cannes, le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) et par de grands producteurs audiovisuels. Outre rendre le cinéma accessible à tous, l'enjeu de Cinéma Positif est d’aider concrètement à la diffusion des films, grâce aux engagements de ses partenaires qui leur permettent d'exister et d’atteindre un large public.

Avec sa programmation, parallèle à celle du Festival, la Semaine du Cinéma Positif attire plus de 10 000 personnes pour ses projections gratuites, débats et tables rondes ouverts à tous, ses rencontres et échanges avec des artistes venus du monde entier présenter leurs films. Son jury est composé de professionnels expérimentés du 7e art. On y trouve Alain Terzian, président des César, Sandrine Treiner, directrice de France Culture, Yves Bigot directeur général de TV5 Monde, des acteurs comme Eriq Ebouaney ou Mathilda May, des producteurs et journalistes. Il leur revient d'attribuer, parmi les 36 films de la sélection, des Trophées Positifs répartis en trois catégories : fiction, documentaire et premier film.

 

Un cinéma « positif ». Pour Jacques Attali, la responsabilité du cinéma dans la formation de l’esprit humain, dans la diffusion des valeurs et des utopies est plus que jamais importante : « il est essentiel de mettre en avant ce rôle, si particulier, en distinguant ce que nous appelons cinéma positif, c’est-à-dire celui qui sans cesser d’être une œuvre d’art, alerte et travaille dans l’intérêt des générations futures ». Le cinéma, comme l’art en général, est un mode de communication universel qui peut mener à la prise de conscience, à l’ouverture de débats entre les peuples et les générations, à condition d’être libre et accessible. Mais pourquoi appeler « positif » un cinéma qui, au lieu de simplement divertir, soulève les problèmes urgents de notre monde ? Audrey Tcherkoff, directrice générale de la Semaine du Cinéma Positif explique : « Pas toujours optimiste, le cinéma positif se veut d’abord réaliste. Il met en lumière des injustices sans forcément prendre position. Le cinéma positif est donc un cinéma de l’implication (…) un genre critique, qui interpelle et questionne. »

 

La justice sociale. Chômage, précarité, inégalités, pauvreté, la justice sociale est au cœur des débats. S’y ajoutent l’inquiétude de la jeunesse pour le climat, les droits des femmes, la liberté d’expression, le handicap... Pour cette édition, la sélection fut éclectique avec des pépites populaires comme Le Grand Bain de Gilles Lellouche ou Les Invisibles de Louis-Julien Petit, et avec des succès mondiaux comme Grâce à Dieu de François Ozon ou J’ai infiltré le Ku Klux Klan de Spike Lee. De nombreux documentaires et courts-métrages des quatre coins du monde ont complété la sélection.

 

Les prix. Le jury a choisi de donner son prix du documentaire à Lindy Lou, jury No 2 de Florent Vassault, un road-trip de la confession d'un ex-membre d’un jury d'assises qui a prononcé la condamnation à mort il y a 20 ans. Deux autres documentaires alertent sur les menaces écologiques : Sharkzater Extinction, un film d’action de l’activiste canadien Rob Stewart, qui dénonce la corruption et le manque d’éthique de la pêche pirate dans les mers du monde entier, menant inexorablement vers l’extension des requins. Ce troisième documentaire est aussi son testament écologique, Stewart ayant trouvé la mort lors d’une plongée en mer durant le tournage du film en 2017. Avec Voyage for Change, Coup de cœur de la sélection Court Métrage, le réalisateur indien M. Meghatithi traite de l’urgence face au dérèglement climatique du point de vue d’enfants et d’adolescents des quatre coins du monde, sur une musique composée par l’activiste féministe indienne Thrita Sihna. Le prix du meilleur Premier film a été décerné au magnifique Girl de Lukas Dhont, l’histoire de Lara, fille de 15 ans qui, née dans un corps de garçon, rêve de devenir danseuse.

Le Festival de Cannes, est indéniablement une vitrine mondiale du cinéma. Rencontre entre les cultures, l’événement semble plus que jamais soucieux de ce qu’il montre des évolutions sociales, culturelles et politiques. La semaine du Cinéma Positif s’inscrit logiquement dans cette tendance. À l’inverse de l’industrie du cinéma à grand budget qui cherche la bonne formule pour divertir, elle met en avant des artistes qui dénoncent les injustices d’un monde violent.

 

Semaine du Cinéma Positif, du 16 au 23 mai 2019

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