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Le Festival de Marseille, et fier de l’être

par Véronique Giraud
Marseille est aussi sur l’affiche de son festival avec une image de la jeune photographe Léa Magnien, marseillaise est-il besoin de le dire, qui compose l’intriguant portrait d’un jeune couple dansant un slow, les yeux fixés sur l’objectif, tandis que derrière lui se découpe l’architecture du port de la ville sur l’horizon bleu de la Méditerranée.© Photo Lea Magnien et Quentin Chantrel - Graphisme Floriane Ollier
Marseille est aussi sur l’affiche de son festival avec une image de la jeune photographe Léa Magnien, marseillaise est-il besoin de le dire, qui compose l’intriguant portrait d’un jeune couple dansant un slow, les yeux fixés sur l’objectif, tandis que derrière lui se découpe l’architecture du port de la ville sur l’horizon bleu de la Méditerranée.© Photo Lea Magnien et Quentin Chantrel - Graphisme Floriane Ollier
Arts vivants Danse Publié le 08/04/2019
Dans une société où les invisibles veulent se faire entendre, où le sentiment d’exclusion d’un système engendre la colère, comment résonne un festival de danse ? C’est l’enjeu de la programmation du Festival de Marseille qui, avec et pour les habitants, invisibles et exclus, accueille des talents du monde entier et, parmi eux, ceux de la cité méditerranéenne. Du 14 juin au 6 juillet.

Les rendez-vous de juin du Festival de Marseille collent à la ville. Comme le festival, Marseille est internationale, parle toutes les langues de la Méditerranée, bouge tous les corps, mélange toutes les couleurs, et pratique depuis longtemps les allers retour avec la proche Afrique. En quittant Bruxelles il y a trois ans pour venir diriger la manifestation, Jan Goossens a ramené avec lui le souffle vivifiant qui fait bouger le nord de l’Europe et gratifié Marseille de premières en France et de créations mondiales. Il a su faire venir ses amis, de Jérôme Bel à Lisbeth Gruwetz, qui ont démontré que le décalage et la fantaisie du nord ont beaucoup à voir avec la joyeuse pagaille du sud. Les liens noués avec de grands festivals, le travail avec des artistes de la ville, les représentations en plein air, dans l’espace public, visent à « rapprocher, faire bouger, créer ensemble », credo du festival.

L'édition 2019 débute avec un chorégraphe sud-africain de tout premier plan, Gregory Makoma, qui revient à Marseille pour donner au théâtre de la Criée la première en France de Cion : le requiem du Boléro de Ravel. La pièce réunit neuf danseurs et quatre chanteurs « à la croisée de la danse, de l’oratorio et du rituel ». Le chant a cappella de la tradition zoulou et la chorégraphie ensorcelante insufflent une énergie nouvelle à l’œuvre la plus connue de Ravel.

 

Marseille en mouvement et en musique. Avec Sacre, ce sont les Marseillais qui deviennent acteurs. Danseurs amateurs, ils seront 300 dans le parc Borély, vibrant à l’unisson au rythme du chef d’œuvre d’Igor Stravinsky Le Sacre du Printemps, pour le week-end d’ouverture des 15 et 16 juin. Cette expérience audacieuse, initiée à Gand en Belgique par le chorégraphe Alain Platel, Jan Goossens la transpose à Marseille avec trois chorégraphes engagés, Isabelle Cavoit, Yendi Nammour et Samir M’Kirech qui, pendant six mois, ont orchestré les danseurs. Une autre œuvre du répertoire occidental, La Chanson de Roland, sera adaptée en arabe par l’égyptien Wael Shawky pour des chanteurs et musiciens du golfe Persique qui enchanteront la place du fort Saint-Jean.

Le Festival n’a pas de lieux attitrés, il se produit dans les théâtres, dans les espaces publics et dans des lieux jusque-là peu ou pas investis comme, cette année, le Musée d’Art Contemporain (MAC), la Sucrière, la Gare Franche. Les espaces vides du MAC s’ouvriront au danseur et chorégraphe Éric Minh Cuong Castaing, artiste associé au ballet national de Marseille, qui reprendra le 15 juin Sous influence, créé pour la dernière Nuit blanche à Paris. Promesse d’une longue fête, électrisée par le duo de DJ Yes Sœur ! dans un musée transformé en dance floor où danseurs professionnels et amateurs se retrouveront jusqu’au bout de la nuit.

 

Étapes de création. « Programmer une création, un spectacle en construction, c’est partager la prise de risque de l’artiste, être à son côté », rappelle Jan Gossens. Pour Adeline Rosenstein, artiste voyageuse, Laboratoire Poison 2 est une étape de création de son théâtre documentaire. Elle porte cette fois sur la notion de trahison que peuvent ressentir les combattants pour la liberté dans des pays du sud comme le Congo, l’Algérie, le Mozambique. Dorothée Munyaneza qui, avec Unwanted, a fait frissonner Avignon en 2017 puis les salles de l’hexagone en donnant son corps et sa voix aux femmes violées au Rwanda et aux enfants nés de ces viols, a posé ses valises à Marseille en 2011. Faire entendre l’autre, l’exclu, l’outsider, est un projet qu’elle a mené avec des habitants de la cité La Castellane. De rencontres en ateliers, d’histoires intimes en voix mêlées, la chanteuse et chorégraphe tisse des liens, fait surgir des paroles, autant de matériaux qu’elle porte sur la scène. L'exclu, le fou, l'invisible, c’est lui que la compagnie Rara Woulib invite le public à rencontrer. Dans des lieux et à des horaires tenus secrets jusqu’au dernier moment, le collectif marseillais propose MOUN FOU, une intrigue poétique pour échapper à l’évidence, à l’attendu…

 

De Marseille. « Plus que jamais nous prenons notre nom au sérieux, exprime le directeur du festival. Nous explorons notre environnement, notre société, notre cité, à la recherche des réponses qui sont pertinentes ici et qui pourraient l’être ailleurs ». Et les invités du festival sont nombreux. Depuis les jeunes artistes qui y font leurs premières, à l'instar du collectif féminin Groupe Crisis avec sa première création, Bitches. Aux spectacles salués par la critique venus d’autres pays, tel Invited de Seppe Baeyens, un spectacle interactif et intergénérationnel où l'amateur comme le professionnel devient performeur.

 

Festival de Marseille

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