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Les « Amazones » de la collection Petitgas sont à Montpellier

par Véronique Giraud
La Mexicana, 2015, sculpture de l’artiste brésilienne Erika Verzutti, introduit l'exposition. ©Rivaud/NAJA
La Mexicana, 2015, sculpture de l’artiste brésilienne Erika Verzutti, introduit l'exposition. ©Rivaud/NAJA
Untitled (large floor piece) de Maria Nepomuceno (2013). ©Rivaud/NAJA
Untitled (large floor piece) de Maria Nepomuceno (2013). ©Rivaud/NAJA
Férias de Verào (Vacances d'été), 2005, de l'artiste brésilienne Beatriz MiIhazes. Dans une explosion euphorique
d’énergie, les formes de couleurs vives évoquent l’univers à la fois joyeux et chaotique d’une procession de carnaval. ©Rivaud/NAJA
Férias de Verào (Vacances d'été), 2005, de l'artiste brésilienne Beatriz MiIhazes. Dans une explosion euphorique d’énergie, les formes de couleurs vives évoquent l’univers à la fois joyeux et chaotique d’une procession de carnaval. ©Rivaud/NAJA
Au sol, A gross of Chullos, 2012, de l'artiste Ximena Garrido-Lecca. Au mur, Una Gruesa de Chullos, 2013. @Rivaud/NAJA
Au sol, A gross of Chullos, 2012, de l'artiste Ximena Garrido-Lecca. Au mur, Una Gruesa de Chullos, 2013. @Rivaud/NAJA
Serrote (Scie), 2013, de l'artiste brésilien Luiz Zerbini. ©Rivaud/NAJA
Serrote (Scie), 2013, de l'artiste brésilien Luiz Zerbini. ©Rivaud/NAJA
Catatumbo Project - Panorama Catatumbo (Rio), 2012-2016, charbon sur tissu. Œuvre de l'artiste vénézuélienne Nohemi Pérez. ©Rivaud/NAJA
Catatumbo Project - Panorama Catatumbo (Rio), 2012-2016, charbon sur tissu. Œuvre de l'artiste vénézuélienne Nohemi Pérez. ©Rivaud/NAJA
Untitled (Les grands voyages), Poterie Talavera de Puebla du Mexique, de l'artiste mexicain Dan Vho. ©Rivaud/NAJA
Untitled (Les grands voyages), Poterie Talavera de Puebla du Mexique, de l'artiste mexicain Dan Vho. ©Rivaud/NAJA
Au premier plan, Historia Wiwa (Histoire des Wiwa), pastel et charbon sur papier encadré devant 10 fragments d'impression numérique, 2014, de l'artiste colombienne Beatriz Gonzales.
Au second plan, Crisp Images in a humid Environnement ( Images nettes dans un environnement humique) de l'artiste péruvienne Sandra Gamarra qui interroge ici la valeur de l'œuvre d'art, de la reproduction, de la copie en rendant hommage à l'artiste moderme Hans Albers. ©Rivaud/NAJA
Au premier plan, Historia Wiwa (Histoire des Wiwa), pastel et charbon sur papier encadré devant 10 fragments d'impression numérique, 2014, de l'artiste colombienne Beatriz Gonzales. Au second plan, Crisp Images in a humid Environnement ( Images nettes dans un environnement humique) de l'artiste péruvienne Sandra Gamarra qui interroge ici la valeur de l'œuvre d'art, de la reproduction, de la copie en rendant hommage à l'artiste moderme Hans Albers. ©Rivaud/NAJA
Bienvenidos a Nuevo Estilo, 2014, Installation interactive de Sol Calero. Colorées et vives, les oeuvres de l’artiste vénézuélienne donnent l’impression d’être joyeuses et ludiques, avec
de multiples références à la tropicalité. Cependant, au-delà de cette première lecture, ses œuvres abordent des sujets
politiques, notamment celui de l’identité latino-américaine, à travers les préjugés véhiculés par les regards extérieurs.
L’installation Bienvenidos a Nuevo Estilo prend comme modèle un salon de coiffure typique, qui renvoie à un souvenir personnel.©Rivaud/NAJA
Bienvenidos a Nuevo Estilo, 2014, Installation interactive de Sol Calero. Colorées et vives, les oeuvres de l’artiste vénézuélienne donnent l’impression d’être joyeuses et ludiques, avec de multiples références à la tropicalité. Cependant, au-delà de cette première lecture, ses œuvres abordent des sujets politiques, notamment celui de l’identité latino-américaine, à travers les préjugés véhiculés par les regards extérieurs. L’installation Bienvenidos a Nuevo Estilo prend comme modèle un salon de coiffure typique, qui renvoie à un souvenir personnel.©Rivaud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 03/08/2020
Mécène et collectionneuse, Catherine Petitgas possède des œuvres d'artistes, majoritairement des femmes, qui vivent et créent dans un pays d'Amazonie, inventant un dialogue convaincant et engagé avec l'art occidental. Elles composent le nouveau parcours du MO.CO. Hôtel des collections de Montpellier, qui organise la première exposition institutionnelle de la collection Petitgas en France.

Catherine Petitgas est née en France et a vécu son enfance en Afrique. Passionnée par le concept de ready-made initié par Marcel Duchamp, par le surréalisme et le constructivisme, elle abandonne la finance pour se consacrer à l'art et c'est lorsqu'elle accompagne son mari américain pour vivre une année à Mexico que nait son intérêt puis sa passion pour l’art contemporain d’Amazonie, immense continent naturel. Deux premiers achats en 2012, l'œuvre Sumpath de Francis Alÿs et des photographies de Gabriel Orozsco, sont le prélude à une collection qui aujourd’hui compte près d’un millier d’œuvres, dont 80% ont été créées en Amérique latine. Les artistes vers lesquels se tourne la collectionneuse et mécène ont en commun de synthétiser les frictions entre métropole et forêt, entre industrie et artisanat, entre le chaos de l'espace public et la poésie du quotidien domestique.

 

Une collection engagée. À Montpellier, neuf cents œuvres d’une cinquantaine d’artistes ont été installées dans l’hôtel des collections MO.CO, réunies sous le titre Mecaro (« L’esprit de la forêt » en langue amazonienne kraho) par l'équipe curatoriale. Résultant d'un frottement avec les courants occidentaux modernes, leurs esthétiques, très diverses, ont l’ADN d’une zone bouleversée par une industrialisation dévoreuse, par un modèle économique venu d’ailleurs qui a jeté loin des regards des modèles culturels et traditionnels millénaires. Elles illustrent enfin l’engagement courageux d’artistes, des femmes en majorité, à en témoigner publiquement. C’est leur engagement, guidé par une grande sensibilité, qui a captivé Catherine Petitgas, la conduisant même il y a une dizaine d’années à étudier l'histoire de l’art et se spécialiser dans celle de l’Amérique latine.

Depuis, la collectionneuse s’est elle-même engagée dans une course pour représenter ces artistes et multiplier les occasions de montrer leurs œuvres au public du continent européen. À Londres, où elle vit, la philanthrope soutient plusieurs institutions parmi lesquelles Serpentine Gallery, Whitechapel Gallery, et la Tate Latin dont elle est membre du comité exécutif, afin, par son influence et sa présence, de développer la connaissance et la visibilité d'un art qui dit beaucoup et universellement des préoccupations d'aujourd'hui. Catherine Petitgas est également l’auteur de trois ouvrages, éclairant l’art contemporain du Brésil (2012), du Mexique (2014) et de Colombie (2016). La première exposition institutionnelle de la collectionneuse est organisée au MO.CO. Hôtel des collections de Montpellier, jusqu'au 20 septembre.

 

L'identité par l'environnement. La douceur des formes et des matières, les couleurs vives et chatoyantes, la grande habileté à façonner des matériaux tels le travertin ou la terre cuite, flattent l'œil tout en rendant audibles et compréhensibles les menaces qui pèsent sur l’environnement et les violences faites à la culture. Les curateurs de l’exposition le soulignent d’ailleurs en présentation du projet : « En partie détruite par les incendies durant l’été 2019, l’Amazonie couvre 6,7 millions de km2. Il s’agit d’une région naturelle s’étendant sur neuf pays (Brésil, Bolivie, Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Surinam, Guyana et Guyane française), reconnue pour son bassin hydrographique, sa forêt tropicale et la richesse de sa biodiversité. Comment les acteurs (humains et non humains) de cet écosystème atteignent-ils un équilibre nécessaire pour leur survie dans le contexte géopolitique actuel ? Comment définir un environnement artistique à partir des conditions d’existence et des comportements des êtres vivants qui l’habitent ? »

Composant le parcours, les installations sont éloquentes, comme le tournoiement sonore d'une rangée de sacs en plastique activés par des robots mixeurs auxquels ils sont attachés (Jungle jam, collectif brésilien Chelpa Ferro), ou une série encadrée de bonnets péruviens domine un amas de laines colorées de bonnets détricotés posé au sol (Ximena Garrico-Lecca 2012-2013). Un jeu de canalisations modernes symbolise le défi de l'artisanat à l'industrie en complétant des modules métalliques usuels à d'autres façonnés en terre cuite. Disposés simplement sur le sol, les « galets » qu'Elena Domati a sculptés dans le travertin interrogent eux le mouvement perpétuel et la beauté singulière que présentent les strates géologiques qui composent le minéral.

 

Interactivité versus Covid-19. L’exposition a été conçue pour favoriser une interactivité avec le visiteur de l’exposition. Mais le nouveau coronavirus a marqué l’arrêt brutal de toute sociabilité. Le salon de coiffure et le bar à ongles, lieu de féminité aménagé avec ses larges fauteuils, son solarium, ses tables de manucure, restent vide désormais. Mise en place en mars, l'exposition a pu tester pendant quelques jours l’heureuse initiative du collectif Sol Calero. Aujourd’hui, chacun regrette de ne pouvoir achever sa visite en prenant place dans ce salon de beauté coloré et plein de promesses latines.

À l’étage supérieur, plus personne ne pourra remplir les cases et les bulles de l'œuvre Zé Carioca e amigos (O Saci) 2009. Rivane Neuenschwander utilise en référence un album de bande dessinée très populaire au Brésil dont le protagoniste est Carioca, un perroquet amateur de cigare et de football créé par les studios Dysney, figure complexe conçue comme un instrument de la diplomatie impérialiste initiée par Roosevelt. L'artiste a agrandi une page dont elle a vidé textes et dessins pour inviter le visiteur à s’en emparer. La crise sanitaire a suspendu le processus et a figé les inscriptions et dessins des derniers visiteurs venus à la veille du confinement et de la fermeture du lieu.

 

Mecaro, l'Amazonie dans la collection Petitgas, MO.CO. Hôtel des collections - Montpellier, jusqu'au 20 septembre 2020.

 

 

 

 

Catherine Petitgas est une collectionneuse et historienne d’art spécialiste de l’art moderne et contemporain, particulièrement d’Amérique latine. Elle est diplômée de l’Institut Courtauld de Londres, où elle vit, avec un Master en Histoire de l’art moderne. Elle siège au conseil d’administration de plusieurs grandes institutions. Présidente du Tate International Council, elle est membre du Tate Latin American Acquisitions Committee depuis 2004, du Conseil d’Administration des Amis du Centre Pompidou et du Pompidou Latin Circle à Paris, et est membre du Latin Circle et du Collectors Circle of the Guggenheim à New York. Elle participe à l’International Council of the Fundação Bienal de São Paulo au Brésil et du MuseoTamayo à Mexico.
Elle préside Gasworks Triangle Network, qui propose des expositions, des ateliers d’artistes et des résidences internationales à Londres, et supervise un réseau d’espaces gérés par des artistes dans le monde entier, et Fluxus Art Projects, initiative franco-britannique dédiée à soutenir des expositions d’artistes français émergents en Angleterre et d’artistes anglais en France.
Elle est décorée de l’Ordre des Arts et des Lettres en France et de l’Ordre de Rio Branco au Brésil.

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