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Les promesses des Salins de Martigues

par Véronique Giraud
La programmation de la saison 2020/2021 des Salins de Martigues a été dévoilée le 19 juin à la presse, sos un plafond de taies d'oreillers. Le théâtre rouvrira ses portes au public le 1er octobre avec
La programmation de la saison 2020/2021 des Salins de Martigues a été dévoilée le 19 juin à la presse, sos un plafond de taies d'oreillers. Le théâtre rouvrira ses portes au public le 1er octobre avec "Carmen", mais cette fois pour une circassienne et une cantatrice…
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 29/06/2020
« On a tous envie de se retrouver ». C’est par ces mots que Gilles Bouckaert, le directeur de la scène nationale de Martigues, Les Salins, introduit l’annonce des fêtes, bal, concerts, spectacles, qui jalonneront la saison prochaine.

Après le confinement et la très longue fermeture des théâtres, les mots ne résonnent pas comme avant. Là où l’enthousiasme l’emportait, la prudence gagne, le doute subsiste. « On ne sait pas », lance Gilles Bouckaert. Son annonce du programme de la saison 2020/2021 de la scène des Salins, qu’il dirige, débute par l’évocation de l’annulation des spectacles survenue le 13 mars. Ce jour-là, il était sur le plateau, devant le décor, en compagnie des comédiens qui venaient d’arriver à Martigues pour la première de leur création. On imagine la difficulté de leur apprendre, après l’allocution du premier ministre, qu’ils ne joueraient pas ce soir-là et devraient rentrer au plus vite chez eux.
Onze spectacles ont dû être annulés. Huit d’entre eux sont heureusement reportés et insérés au calendrier de la prochaine saison, ce fut la première tâche du directeur qui ne voulait pas priver le public de Martigues d’œuvres soigneusement choisies. Pour les trois autres, les cachets ont été remboursés par la collectivité, et des avances de trésorerie effectuées si besoin.

 

« On a tous envie de se retrouver », lance Gilles Bouckaert, heureux d’annoncer non pas le premier spectacle mais une grande fête d’ouverture qui convie tout le monde le 3 octobre. Au programme, une carte blanche à deux grands ballets, la compagnie marseillaise La Horde et le Ballet du Nord, qui relieront sud et nord avec douze danseurs sur scène. « Si on a le droit », glisse le directeur dans un sourire. Parmi les huit spectacles reportés, la Carmen de Gilles Cailleau, pour une circassienne et une cantatrice, ouvrira la saison au théâtre de verdure, et la création visuelle et numérique d’Adrien M & Claire B, Acqua Alta, sera accueillie à la maison pour tous Les Hauts Plateaux. Le théâtre des Salins est un centre de diffusion. Pas de création donc mais des invitations aux grands noms du spectacle vivant. Théâtre, danse, musique, cirque, humour, toute la palette de l'art vivant s’y déploie.

 

D'immenses artistes sur un plateau. Chanteur et poète, Arthur H donnera Mort prématurée d’un chanteur populaire…, fruit d’une collaboration artistique avec Wajdi Mouawad, le metteur en scène et directeur du théâtre de la Colline-Paris où le spectacle fut un grand succès. Autres voix, autres univers, la jeune Ayo succèdera à Yu Sun Nanh qui offre sa voix envoûtante au jazz, au fado de la portugaise Katia Guerreiro, à l'excitant Supersonic de Thomas de Pourquery, et au piano virtuose de Nicolas Angelich que l’Orchestre d’Avignon accompagnera pour une soirée Hommages. Enfin c'est un grand bal qui clôturera en mai 2021 la saison.

La danse, qui occupe une large place, fait se succéder les leaders contemporains sur la scène des Salins. Anne Teresa de Keersmaeker a choisi Martigues parmi seulement dix dates prévues en France. La chorégraphe redeviendra danseuse pour un solo habité par les Variations Goldberg de Bach, exécutées par le pianiste virtuose Pavel Kolesnikov. Akram Khan adressera lui au jeune public une déclinaison de son magnifique solo XENOS, et Joseph Nadj abandonne les solos pour une pièce chorégraphiée pour neuf danseurs. Excellences internationales, les compagnies Alonso King et le Nederland Dans Theater sont également très attendues. Moderne et contemporaine jusque-là, la danse se fera classique, pour la première fois sur la scène des Salins, avec les virtuoses russes du Jacobson Ballet qui interpréteront La Belle au bois dormant. Le chorégraphe Thierry Malandain a lui été inspiré par le faste de la cour de Marie-Antoinette pour un somptueux ballet dans un classique revisité sur les notes de Joseph Haydn.

Côté théâtre, les quatre spectacles choisis devraient combler le public de Martigues : La vie de Galilée, avec Philippe Torreton dans le rôle-titre, La dame aux camélias magnifiquement scénographiée par le metteur en scène Arthur Nauziciel, la brillante adaptation de Pauline Bayle du roman de Balzac Les illusions perdues, et, dans un registre très contemporain, Catherine Marnas affronte A Bright Room Called Day, pièce de Tony Kuschner (Prix Pulitzer avec Angels in America maintes fois adapté sur scène).

Le  théâtre des Salins est fidèle à ses amitiés artistiques, et les artistes le lui rendent bien : c'est aux Salins qu'en 2014 Vincent Dedienne lança son premier one-man-show, grand succès et Molière de l’humour en 2017. Des années plus tard et avec une carrière bien remplie, le comédien et humoriste a tenu à donner à Martigues la primeur de son deuxième seul en scène.

Petits, grands, adolescents, les enfants sont très gâtés aux Salins, et les jeunes parents apprécient particulièrement la sélection « À voir en famille » qui les remet plus tôt que prévu sur le chemin du théâtre. Cette année, entre le hip hop de Sur le fil…, la magie de Scorpène, le jonglage de Pan-Pot, et l’étrange univers des frères Bricolo, le choix est vaste. Il y a aussi David Lescot qui a écrit une suite à son magnifique J’ai trop peur, où s'exprimait la crainte de l’école. Avec J’ai trop d’amis, l’auteur s’attaque avec humour, fantaisie et tendresse à la cruauté de l’enfance, à sa violence, au moment tant redouté de l’entrée en sixième… En décembre, les familles se retrouveront pour La Nuit du cerf, une belle histoire et un cinéma du Cirque Le Roux.

Pour l'excentricité, l'impertinence, la légèreté, le burlesque, rendez-vous au cabaret de Madame Arthur dont les créatures travesties et chantantes interprètent, en le renouvelant, un répertoire qui débute à la « belle époque ». Avec Les chiens de Navarre, c'est un vent de folie qui souffle dans les salles. Leur dernier spectacle, Tout le monde ne peut pas être orphelin, est comme les précédents : indescriptible.

 

Avec une telle mise en appétit, le public devrait avoir hâte d'occuper les sièges de la grande salle des Salins. La billetterie est ouverte !

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