espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > L’humanité d’Ernest Pignon Ernest au Palais des papes

L’humanité d’Ernest Pignon Ernest au Palais des papes

par Véronique Giraud
Les collages d'Ernest Pignon Ernest dans les rues de Naples (1988-1995) © Ernest Pignon Ernest
Les collages d'Ernest Pignon Ernest dans les rues de Naples (1988-1995) © Ernest Pignon Ernest
L'ORIGINE est la première image dont Ernest Pignon Ernest a collé les sérigraphies en 1966 sur les chemins qui mènent au plateau d'Albion ©Ernest Pignon Ernest
L'ORIGINE est la première image dont Ernest Pignon Ernest a collé les sérigraphies en 1966 sur les chemins qui mènent au plateau d'Albion ©Ernest Pignon Ernest
Arts visuels Installation Publié le 27/08/2019
Sous les voûtes de la grande chapelle du Palais des papes, l’artiste Ernest Pignon Ernest a sélectionné plus de 400 images pour une exposition intitulée Ecce Homo.

Cela fait plus de cinquante ans que les images, dessinées, puis sérigraphiées, d’Ernest Pignon Ernest sont collées sur les murs du monde entier. Depuis, ce pionnier du street-art jette le trouble dans l’espace public avec ses portraits grandeur nature qui font irruption sur une route, à l’angle d'une rue, dans le renfoncement d’un soupirail, sur la cheminée d’une usine, sur une palissade. Autant de lieux, déserts ou habités, soigneusement choisis par un artiste qui retrace à sa manière des humanités dans ce qu'elles ont de désespérance. Une désespérance humaine à laquelle les traits du génial dessinateur donnent une beauté quasi divine.

C'est précisément dans la grande chapelle du Palais des papes que, depuis cet été, près de 400 de ces œuvres sont exposées. Depuis les premières, réalisées en 1966, aux plus récentes, comme celle collées en 2019 à Port-au-Prince sur l’ile d’Haïti.

 

Ecce Homo ? « Je ne fais que ça, dessiner l’homme pour parler de ce qu’on lui inflige » dit simplement Ernest Pignon Ernest. Très souvent l’idée d’une image nait d’une découverte littéraire ou poétique. On se souvient de ses séries de collages d’Arthur Rimbaud, Nerval, Desnos, Éluard, Artaud, ou encore Pasolini à Rome. Ses interventions sur l’espace public viennent de ce que les lieux, les murs, lui inspirent dans l'histoire qui les rapproche de ces icônes. Par leur poésie, par leur aspect dramatique, par leur aspérité ou leur lumière, ils vont s’imposer et donner sens à ses collages. La mémoire du lieu, son potentiel symbolique, imposent le lien avec le corps grandeur nature, produisant l’impression d’une présence, presque charnelle. D'autres séries s'attachent aux corps anonymes incarnant les douleurs des Expulsions, Prisons, de l'Avortement, des Immigrés, de Soweto. Où ses pas le mènent, l'histoire sociale rejoint l'artiste dont l'œuvre peut témoigner en quelques traits de l'injustice, de la discrimination, de la violence.

 

À Avignon. Pour cette nouvelle exposition, Ernest Pignon Ernest fait cohabiter des images abouties et des dessins préparatoires, mettant en évidence un fastidieux travail du trait et de la lumière. L’artiste a sélectionné 400 images parmi les milliers qu’il a réalisées. Il les a réparties par thèmes en fonction de ce nouvel espace qui lui est ouvert, la grande chapelle du Palais des Papes. Si c’est la première fois qu’il y expose, le lieu est loin de lui être inconnu. Ernest Pignon Ernest a vécu ses premiers moments d’artiste dans le Vaucluse. Son premier pochoir, il l’a réalisé en 1966 après le choc produit par une photographie prise à Hiroshima montrant un mur sur lequel est venue s’imprimer la silhouette fantomatique d’un homme décomposé après l’explosion atomique. La silhouette, reproduite en plusieurs exemplaires, fut imprimée sur les routes menant au plateau d’Albion, formant sa première série, composée d'ombres irradiées. Ensuite, l'artiste est venu créer pour Avignon, et c'est dans cette ville qu'il a été ébloui par deux expositions historiques de Picasso, dont une justement avait lieu dans la grande chapelle… « L’espace même dans lequel j’inscris ces corps a pris en compte l’espace du lieu ».

 

Ecce Homo, exposition rétrospective Ernest Pignon Ernest. Du 30 juin au 29 février 2020, dans la grande chapelle du Palais des Papes, Avignon.

Partager sur
Fermer