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Métamorphose permanente aux Plateaux Sauvages

par Véronique Giraud
Le patio des Plateaux Sauvages aux couleurs du graffeur Eltono. ©Giraud/NAJA
Le patio des Plateaux Sauvages aux couleurs du graffeur Eltono. ©Giraud/NAJA
Arts vivants Théâtre Publié le 23/09/2020
C'est la rentrée aux Plateaux Sauvages. Rendant visible l'idée de métamorphose, son programme déroule autant de spectacles que de collaborations des artistes avec le public du territoire. Paul Desveaux ouvre le bal avec un portrait multiple de Diane Arbus, jusqu'au 9 octobre.

Aux Plateaux Sauvages, la rentrée se fait en beauté, et en métamorphoses. L’architecture des années 60 ne paie pas de mine depuis la rue des Platrières, dans le 20e arrondissement de Paris. Mais pénétrer dans le lieu, aujourd’hui agrandi et entièrement repensé, fait percevoir tout de suite que l’on n’est pas dans un simple « lieu de spectacles ». Salles de répétitions, d’ateliers, bar aux tables conviviales, patio et terrasses végétalisées et bien sûr salles de spectacle, dessinent un espace très ouvert où le public est invité à se sentir acteur autant que consommateur. C’est le créneau des Plateaux Sauvages depuis leur création : chaque spectacle, qu’il soit sortie de résidence d’artistes émergents ou représentation de noms confirmés, est accompagné d’un travail avec le public dans une séquence appelée « En partage ».

Les Plateaux Sauvages sont pensés comme un univers d’accompagnement technique, administratif, comme un moteur de rencontres des habitants du quartier avec les artistes. À l’issue de leur temps de résidence, les artistes choisissent de présenter leur spectacle abouti ou une étape de travail, suivant où ils en sont. En parallèle, les artistes viennent « En partage » avec un projet de transmission de leur processus créatif pour et avec un public, souvent du quartier, non initié à la pratique théâtrale. Ce sont des scolaires, des retraités, des associatifs, des migrants.

Aux commandes du lieu depuis 2016, Laetitia Guédon aime recevoir dans le patio aujourd’hui coloré des motifs du graffeur Eltono. Un patio bientôt végétalisé, avec le projet d’un potager partagé sous l’amandier, d’une haie de houblon… Non loin, dans la salle petite, se déroule un temps fort de la programmation, la soirée « La grande personne », au cours de laquelle le projecteur est dirigé sur un écrivain invité. En compagnie de musiciens, d’amis, de sa famille, d’artistes, il dévoile son parcours, et une intimité éclairée d’affinités créatives permettant au public d’approcher au plus près son œuvre, son écriture. Après Maryse Condé et Laurent Gaudé, ce sera au tour de Leila Slimani en janvier 2021.

Le programme de la prochaine saison fait la part belle aux femmes, mythes ou expériences de vie y occupent une place de choix. Ce fut le cas pour les premières représentations, sortie de résidence d’un jeune collectif qui a ravivé l’amour et la violence que se transmettent mères et filles. Issue de ce même collectif, Scorpion abordera en octobre la violence que les femmes se renvoient.

Les répétitions de Diane self-portrait, la nouvelle création de Paul Desveaux, ont été interrompues en raison du confinement. Elles ont repris dans la grande salle des Plateaux Sauvages. La première aura lieu le 21 septembre et se jouera jusqu’au 9 octobre. Il s’agit de l’ultime portrait de la trilogie new-yorkaise que Fabrice Melquiot a écrit pour le metteur en scène. Après le peintre Pollock (Jackson), la chanteuse Joplin (Janis), c’est au tour de la photographe Diane (Arbus). « Ce qu’Arbus met en évidence, c’est cet autre dans sa totale différence et que les normes de notre société n’acceptent toujours pas. Avec ses images, elle va mettre en lumière une altérité constitutive du monde » s’enthousiasme Paul Desveaux. Joué devant des images expérimentant la technique en live, le portrait-parcours de la vie tragiquement interrompue de la New-Yorkaise est composé par un casting très éclectique. Anne Azoulay, que la série Le bureau des légendes a fait connaître du grand public, le guitariste Michael Felberbaum, la comédienne Catherine Ferran (sociétaire honoraire de la Comédie-Française), Paul Jeanson, Marie-Colette Newman et le plasticien Jean-Luc Verna. L’éclectique est le moteur de création de Paul Desveaux. Le metteur en scène a fondé sa compagnie l’Héliotrope pour précisément confronter la chorégraphie, la musique et l’image cinématographique au théâtre. Son travail sur Diane Arbus lui a donné envie de partager la photographie avec les habitants du quartier. Cela donne Focus Amandiers, une galerie de portraits de gens venus se faire photographier et raconter leur histoire.

Dans une autre salle, du 5 au 17 octobre, Anne Contensou livrera la dernière étape de ses odyssées intimes, récit croisé avec Rébecca Chaillon donné à l’issue de sa résidence aux Plateaux Sauvages, « deux versions intimes de l’Odyssée se dessinent, en reflet de leur histoire de vie ».

Le samedi 3 octobre, Les Plateaux Sauvages renoueront avec leur public, sans frontières et avec le programme dense de la saison 2020/2021. Ce sera Retrouvailles, une après-midi et une soirée festives, placées sous le signe de la métamorphose. En présence des artistes qui composent la saison et en musique avec Vanasay Khamphommala. Puis la fête continue. Nous y serons.

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