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MP2018, Quel Amour ! Marseille s’affiche en créations (1/4)

par Véronique Giraud
Les festivités de MP 2018 débuteront le 14 février avec un Grand Baiser, spectacle pyrotechnique du groupe F. ©Groupe F
Les festivités de MP 2018 débuteront le 14 février avec un Grand Baiser, spectacle pyrotechnique du groupe F. ©Groupe F
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 13/02/2018
Malgré l’inertie incompréhensible de sa municipalité, Marseille veut continuer à faire vivre une création culturelle riche qui, en 2013 année de capitale culturelle européenne de la ville, a réveillé habitants et quartiers. Voici MP2018, Quel Amour !, une longue saison culturelle qui s’ouvre pour la Saint-Valentin et court jusqu’au 1er septembre. Une belle occasion d’interroger la culture dans la seconde ville de France. Nous consacrons le premier de ces quatre volets à MP2018, Quel Amour ! La semaine prochaine, nous verrons quelles sont les retombées de MP2013, capitale européenne de la culture.

Il aura fallu une détermination sans faille aux artistes du spectacle vivant pour que tout le travail fait en 2013 lors de Marseille capitale européenne de la culture ne tombe dans les eaux du Vieux-Port. Et éclabousse l’Hôtel de Ville pour son incapacité à se saisir du succès de l’événement. La seconde ville de France fait plus le buzz pour ses trafics illicites, ses règlements de compte et son clientélisme que pour sa culture. Une culture marseillaise pourtant riche, créative et portée par de multiples acteurs. Déjà, en 2015, la Chambre régionale des comptes, examinant l’impact de MP2013, notait « L’absence de structure pour donner une continuité à l’année capitale, plus d’un après sa clôture, fait craindre une retombée de l’impulsion donnée ». La crainte était fondée, ce que la Chambre régionale nommait « la nécessaire pérennisation des effets positifs » ne semblait guère nécessaire à la municipalité. Dans la cité phocéenne pourtant, les habitants étaient demandeurs et nombre d’entre eux estimaient, comme la Chambre régionale des comptes, « indispensable que la ville de Marseille, qui a vu son offre culturelle s’accroître le plus significativement, cherche à mettre en adéquation sa politique culturelle avec cette nouvelle donne ». Ne serait-ce que pour vitaliser les nouvelles infrastructures de la ville souvent financées par l’Europe, l’Etat et les autres collectivités.

MP2018, dénommé « Quel Amour ! » va cependant exister avec un budget de 5,5 millions d’euros, pour lequel la municipalité aura contribué avec une maigre subvention de 300 000 euros (5,4%), auquel il faut ajouter les prestations et soutiens logistiques des collectivités locales. Cela grâce à la quinzaine de responsables des principales structures culturelles du territoires, regroupées dans l’association MP Culture autour de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui ont formé un comité artistique original qui s’est donné pour mission de sélectionner les projets de cette nouvelle saison.

 

Quel amour ! Tout commence le 14 février, jour de la Saint-Valentin. L’après-midi, les enfants de Marseille en auront plein les yeux et les oreilles, invités à des bals, des concerts, des goûters, au théâtre, au cinéma… À 19 heures, tous les âges se rassembleront devant le « Grand Baiser » qui devrait embraser le Vieux-Port. Prodige des images pyrotechniques du groupe F, le spectacle marquera le lancement des festivités de MP2018, Quel Amour ! (Le 17 février, ce sera au tour d’Arles, Aubagne, Istres, Martigues et Salon de Provence de s’illuminer du Grand Baiser). Pour prolonger la nuit de la Saint-Valentin, les amoureux pourront vivre un Coup de foudre au MUCEM, qui offrira son cadre enchanteur pour une pérégrination surprise de 20h à minuit. Ceux qui franchiront la passerelle qui mène du MUCEM au Fort Saint-Jean pourront découvrir ce soir-là L’amour de A à Z, « un abécédaire tendre et torride » inspiré des collections du musée national des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.

MP2018, Quel Amour ! invite à tourner les esprits vers la fête et la découverte de créations dans tous les arts, visuels et vivants, programmées par quinze personnalités à la tête des grandes institutions culturelles du territoire. La Friche la Belle de Mai, qui organise plus de 700 événements par an dans un des quartiers les plus défavorisés du centre de Marseille, est rôdée aux festivités. D’un espace à l’autre de l’ancienne usine de tabac, une myriade d’événements se succéderont et se superposeront le 14 février : de l’exposition conçue par l’atelier d’impression underground Dernier Cri au Bal des flamants rouge qui transformera la Cartonnerie en immense salle de danse, des expositions de la Tour-Panorama au spectacle de lecture de Lettres d’amour et double croches à l’IMMS. Théâtre, musique, œuvres d’arts visuel, numérique, photographique, cinématographique, envahiront la Friche sans cesser d’interroger l’amour. L’univers du hip hop, ses danseurs, musiciens et graffeurs, gagnera Martigues puis Aubagne, avant de gagner les scènes musicales de Marseille et enfin d’envahir la Friche la Belle de Mai où est installée la station Radio Grenouille (88,8 FM à Marseille et sur le web).

 

Photographies des quartiers Nord. Le théâtre du Merlan, un autre quartier de la ville, accueille les images de Yohanne Lamoulère. Sitôt diplômée de l’école nationale de la photographie d’Arles, la jeune artiste a choisi de s’installer dans les quartiers nord de Marseille et ses captations des habitants ont fait partie du projet du festival sétois Images singulières « La France vue d’ici » en mai dernier. Pour MP2018, rien d’étonnant que le théâtre du Merlan offre ses murs à celle qui a eu envie de « raconter comment les filles des quartiers entre 15 et 25 ans vivent l’amour, quelle marge de manœuvre elles ont ». Cela donne à voir Gyptis et Protis, Des histoires d’amour à Marseille, du 16 février au 30 juin. La légende fondatrice de la naissance de la cité phocéenne, basée sur l’histoire d’amour de Gyptis et Protis, sera rappelée lors de visites commentées au musée d’histoire de Marseille.

Voilà quelques-uns des premiers moments forts parmi les 200 événements au programme de MP2018 jusqu'au 1er septembre. Le GR2013©, rare vestige de l’année capitale européenne de la culture, sera de la partie avec une proposition d’errances poétiques à vivre à la tombée de la nuit sur le sentier métropolitain. Une traversée de 37 communes du département, de l’étang de Berre au massif de l’Étoile, pour une nuit de mille et un récits. Autre reprise de MP2013, les ateliers et résidences en entreprises. Organisés avec Mécène du sud, ils invitent les artistes à puiser dans le quotidien d’une dizaine d’entreprises privées, dont une agence d’architecture, une école internationale, une fabrique d’emballages.

Il ne faudra rien attendre des musées municipaux d’art : Cantini restera fermé jusqu’au 18 mai, le Palais Longchamp ne fera qu’un bref écho de l’événement. Toutefois, après presque quatre mois de fermeture du 16 janvier au 9 mai, le Mac (Musée d'art contemporain) rouvrira ses portes le 10 mai avec l’exposition Quel amour !? curatée par le peintre Éric Corne et programmée jusqu’au 31 août. De nombreuses autres manifestations animent la ville pendant MP2018. Nous y reviendrons.

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