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Najia Mehadji : entre beauté et spiritualité au musée de Céret

par Laura Coll
Drapé d'après
Drapé d'après "La Valse" de Camille Claudel, 2017, acrylique sur toile
Drapé, 2011, acrylique sur toile
Drapé, 2011, acrylique sur toile
Drapé (D'après L'espolio du Greco), 2012
&
Enroulement, 2013, Acrylique sur toile
Drapé (D'après L'espolio du Greco), 2012 & Enroulement, 2013, Acrylique sur toile
Najia Mehadji, avril 2018. Atelier Lamssasa, Essaouira. Photographie Laurent Moulager.
Najia Mehadji, avril 2018. Atelier Lamssasa, Essaouira. Photographie Laurent Moulager.
Drapé ( d'après
Drapé ( d'après "La valse" de Camille Claudel ) 2017, acrylique sur toile.
Mystic Dance, 2011
Mystic Dance, 2011
Chaosmos, 1998, Stick à l'huile sur toile
Chaosmos, 1998, Stick à l'huile sur toile
Drapé, d'après
Drapé, d'après "La Valse" de Camille Claudel
Arts visuels Arts plastiques Publié le 31/08/2018
Jusqu'au 4 novembre 2018, le musée d'art moderne de Céret présente l'exposition "La trace et le souffle", rétrospective de l’œuvre de Najia Mehadji. Découverte de l’art singulier d’une artiste femme et de son processus de création à travers ses inspirations artistiques, entre beauté et spiritualité.

Née en 1950, Najia Mehadji vit et travaille aujourd’hui entre Paris et Essaouira. L’artiste puise dans sa double culture des thèmes choisis pour leur universalité et leur symbolique. Sous le titre générique La trace et le souffle, ses toiles sont exposées parmi une sélection de grandes œuvres historiques empruntées à l’Institut du monde arabe, au musée d’Orsay ou au musée des arts décoratifs. Elle définit ses œuvres abstraites comme « des constructions fluides qui créent un lien entre le cosmique et l’humain, le spirituel et le sensible », en d’autres termes son processus de création artistique ne se résume pas à s'inspirer des formes mais aussi à en capter des forces.

 

La coupole, intermédiaire entre l’humain et le cosmos. Dans le premier espace du musée, les toiles à l’enduit ou papier collé de Najia Mehadji sont entremêlées aux œuvres qui lui ont inspiré ses créations : une maquette d’architecture égyptienne du XXe siècle, monument carré à pans coupés surmonté d’une coupole, le dessin d’Alphonse Gosset de l’église Sainte Clotilde de Reims, ou la Cour d’Alhambra de Grenade de René Binet issues du musée d’Orsay. Des œuvres emblématiques qui lui ont insufflé cette inspiration autour de l’architecture de la coupole, symbole d’union entre les cultures, présente en Orient comme en Occident. Pour elle, « la coupole est un intermédiaire entre l’humain et le cosmos, et sa forme semi-sphérique est à la fois voluptueuse et spirituelle. » Un premier espace qui donne le ton de l’exposition : entre la collection de l’artiste, la trace, et les inspirations dont elle s’est emparée, le souffle...

 

Le pouvoir des fleurs. Plus loin, le monde végétal, les fleurs de pivoine et de grenade en particulier s’offrent au visiteur. Le motif de la fleur exprime la beauté et la brièveté de la vie, le fragile épanouissement, l’éclatante beauté avant le flétrissement inévitable. La grenade prend une place prépondérante dans les travaux de Najia Mehadji. Fruit mystique et mythologique avec le rouge profond de ses graines et de ses fleurs, il est le symbole de la fécondité, de la richesse et de la puissance. Motif ornemental très présent dans l’art, on la retrouve aussi bien en Inde que dans les bas-reliefs égyptiens, le temple de Salomon et dans la peinture occidentale des XVe et XVIe siècles. Ici, elle utilise le stick à l’encre sur toile dans des tonalités de rouges puissants. La pivoine, image même de la beauté, hante l’imaginaire chinois et japonais. Symbole de richesse et de fécondité, elle orne temples et palais. Dans les grands espaces épurés du musée de Céret, les pivoines se déclinent en nuances pures de blanc, contrastant sur la neutralité des toiles de lin.

 

Religion, musique et danse. L’artiste tire son inspiration de la beauté comme de grandes œuvres d’art du patrimoine de l’humanité. Une sculpture de Marie-Madeleine, un tableau de Greco admiré dans la cathédrale de Tolède ou encore La valse de Camille Claudel, sont ainsi à l’origine de la création de grandes toiles présentes dans l’exposition. El Espolio (le partage de la tunique du Christ) lui inspire notamment une série de tableaux où les mouvements voluptueux drapés de rouge s’immiscent sur les toiles blanches, s’inspirant des plis et des volutes de la robe écarlate du Christ.

Le mouvement des drapés, l’ondulation de la vague, la danse et la musique sont autant de sources d’inspiration. La danse des derviches tourneurs, la danse serpentine de Loïe Fuller avec ses voilages et lumières multicolores, la musique de Jean-Sébastien Bach ou celle des Gnaouas, descendants au Maroc d’anciens esclaves noirs d’Afrique subsaharienne, tous sont à l’origine des créations abstraites de Najia Mehadji. Arabesques, enroulements, volutes se déploient au stick à l’huile ou à la peinture acrylique sur des tableaux de grands formats, réalisés selon une gestuelle à la fois libre et parfaitement maitrisée, composant une œuvre qui s’impose par sa présence sensible et spirituelle.

 

Éveil spirituel. En 2018, Najia Mehadji décline ses œuvres drapées autour de la vague. Surplombant une de ses toiles voluptueuses, une citation du poète persan et « maître d’éveil spirituel » Rûmî, dont les phrases sont omniprésentes tout au long de l’exposition, ouvre la pensée : « Tout est un, la vague et la perle, la mer et la pierre. Rien de ce qui existe dans ce monde n’est en dehors de toi, cherche bien en toi-même ce que tu veux être, puisque tu es tout. Le monde entier sommeille en chacun de nous »…

 

La trace et le souffle, exposition des œuvres de Najia Mehadji,  jusqu'au 4 novembre 2018 au musée d’art moderne de Céret. Puis, au printemps 2019 à la Villa des Arts de Rabat et à la Villa des Arts de Casablanca. (Fondation Ona)

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